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Vers la fin du Scénic et de l'Espace chez Renault

L'actuelle génération du Renault Scénic, ici exposée en 2016 au Mondial de l'Automobile de Paris.

L'actuelle génération du Renault Scénic, ici exposée en 2016 au Mondial de l'Automobile de Paris. - ERIC PIERMONT / AFP

Pour rationaliser sa gamme en se concentrant sur les SUV, plus chers et à la mode, Renault pourrait supprimer (entre autres) deux modèles emblématiques, l'Espace et le Scénic.

Le monospace français est-il en train de vivre ses dernières heures? C’est ce que croit savoir Reuters. Selon les informations de l'agence, confirmant des rumeurs apparues depuis plusieurs mois, les monospaces de Renault, le Scénic et l’Espace, disparaîtront prochainement du catalogue, tout comme la grande berline Talisman.

Si cette dernière n’a jamais vraiment trouvé son public, tout comme le nouvel Espace sorti en 2015, le Scénic avait lui décliné ces dernières années, face à la multiplication des crossovers et SUV. Si ces modèles s'arrêtent dans les prochaines années, c'est tout un pan de l'histoire de la marque française depuis le milieu des années 80 qui prendra fin.

La fin d’une histoire

Lancé en 1996, le Scénic incarnait alors un modèle innovant, dédié aux familles à la place des berlines et des breaks, juste en-dessous au catalogue de l’Espace. Ce dernier date lui de 1984 et représentait l’un des premiers monospaces en Europe. Raillé pour son look qui faisait parfois penser à une camionnette, l’Espace a à la fois servi de modèle haut de gamme pour Renault tout en étant continuellement réinventé, comme dans sa version extrême, l’Espace F1.

Mais la concurrence des SUV semble avoir aussi eu raison de ces véhicules spacieux, déjà abandonnés par de nombreux constructeurs ces dernières années. L’an dernier, sur le marché français, Renault a écoulé 20.306 Scénic, quand il a vendu près de 30.000 SUV Kadjar. La marque n’a surtout vendu au total que 10.000 exemplaires de l’Espace dans le monde, pas de quoi rentabiliser ce modèle haut de gamme. Ces chiffres font pâle figure à côté des 1,3 million d’exemplaires vendus depuis 1984, année de son lancement, rappelle Les Echos.

Les ministres Edith Cresson et Roland Carraz découvrent l’Espace le 12 juillet 1984 dans le cour de l’Elysée
Les ministres Edith Cresson et Roland Carraz découvrent l’Espace le 12 juillet 1984 dans le cour de l’Elysée © PIERRE GUILLAUD / AFP

"Moins de monospaces et de berlines, priorité aux SUV"

“L’ensemble du projet n’est pas encore gravé dans le marbre, mais on peut d’ores et déjà enlever l’Espace, le Scénic et la grande berline Talisman du futur plan produit, il est quasiment acquis que ces modèles ne seront pas renouvelés et qu’ils vont s’arrêter, explique une source à Reuters. En gros, moins de monospaces et de berlines, et priorité aux crossovers et aux SUV.”

Ces derniers se sont imposés comme les nouveaux modèles à destination des familles. Avec une position de conduite plus élevée, ils sont surtout vendus plus chers que les berlines de taille équivalente, ce qui permet aux constructeurs de doper leur marges. S'ils ont été très critiqués ces derniers mois, notamment lorsqu'ils sont utilisés en ville, leur succès commercial ne se dément pas. L'an dernier, rien qu'en France, 38% des voitures vendues étaient des SUV.

La Mégane aussi sur la sellette?

Renault révise en fait actuellement toute sa gamme, afin de la réduire pour faire des économies. Le catalogue compte entre 45 et 50 modèles, c’est trop semblent penser les dirigeants du constructeur. Ces derniers semblent vouloir miser sur des modèles plus globaux, moins attachés à un marché local.

Ainsi, toujours selon l’agence Reuters, l’avenir de la Mégane serait aussi en question. Ce modèle phare de l’histoire récente de Renault pourrait se voir préférer l’Arkana, un crossover vendu en Russie et qui arrivera prochainement en Europe. L’usine de Douai (Nord), qui produit les Espace, Scénic et Talisman, produira deux nouveaux modèles électriques dans le cadre de l’Alliance dans les prochaines années.

Pauline Ducamp