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Trottinettes en libre-service: les Parisiens ont désormais le choix entre dix opérateurs

Dix opérateurs se partagent désormais le marché de la trottinette en libre-service dans Paris.

Dix opérateurs se partagent désormais le marché de la trottinette en libre-service dans Paris. - KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Avec l’arrivée ce jeudi de JUMP, le service d’Uber, les Parisiens ont l'embarras du choix. Pour le moment les dix opérateurs pratiquent les mêmes tarifs. La différence se fera notamment sur la disponibilité de trottinettes rechargées.

En un peu moins d’un an, les trottinettes électriques en libre-service ont pris possession de l’espace urbain parisien. Ce jeudi, un dixième opérateur arrive sur le bitume de la capitale. JUMP met à disposition des Parisiens 500 trottinettes et 500 vélos électriques en free-floating. Uber proposera ainsi à Paris, avant n’importe quelle autre ville européenne, un double service de micro-mobilité, alliant vélos électriques et trottinettes électriques.

Paris, laboratoire de la trottinette électrique

"C’est un phénomène culturel, français et parisien. Paris est toujours en avance sur ces nouvelles formes de mobilité, comme on l’avait déjà vu avec Vélib ou Autolib, nous confie Grégoire Hénin, vice-président de la Fédération de la micro-mobilité (FP2M). Les Français et les Parisiens n’hésitent pas à les adopter tout de suite, notamment les trottinettes, car ses habitants y circulent moins à vélo que dans les pays du Nord de l’Europe".

Comme le rappelait Business Insider en septembre dernier, Paris dispose d’une concentration de population (2,2 millions d’habitants intra-muros) à fort pouvoir d’achat, donc susceptibles de tester ses nouveaux services de mobilité. Selon la FP2M, nombre de Parisiens utilisent les trottinettes en libre-service, comme un test. Avant d'acheter leur propre engin.

La Mairie de Paris estime à 15.000 le nombre de trottinettes en libre-service. Les deux principaux services sont les premiers à s'être installés à Paris: il s'agit de Lime et Bird, avec plus de 1000 trotinettes réparties entre Paris et La Défense.

Des trottinettes Lime et Bird.
Des trottinettes Lime et Bird. © Lime, Bird, AFP

Les deux leaders sont suivis de près par Voi et Bolt (ex-Taxify), qui possèdent chacun environ 1000 véhicules.

Des trottinettes Voi et Bolt.
Des trottinettes Voi et Bolt. © Voi, Bolt

La liste des concurrents s'est donc allongée avec l'arrivée de Jump. Avec près de 500 véhicules, la filiale d'Uber se place au niveau de Flash, à peu près autant que Flash - dont la majorité des véhicules se trouvent dans les 5ème et 6ème arrondissements.

Quatre autres sociétés possèdent aussi quelques centaines de trottinettes dans Paris: Wind, Tier, Hive et Dott.

Une trottinette Jump.
Une trottinette Jump. © Jump, Wind, Hive, Dott, Flash, Tier

En tout, le chiffre pourrait atteindre les 40.000 trottinettes en libre-service dans quelques mois. Mais dans cet univers très concurrentiel, les opérateurs communiquent peu de chiffres. Six mois après son arrivée, Lime avait annoncé un million de courses avec ses trottinettes vertes. Mais depuis, la société californienne, comme les autres opérateurs, sont restés très discrets.

Une concentration à venir entre opérateurs

Lime fut le premier à s’installer à Paris. C'était il y a dix mois. Son principal concurrent aux modèles noirs et blancs, Bird, est arrivé peu après, en août. Depuis Bolt, Wind, Tier, Voi, Hive, Flash ou Dott, une start-up française qui fabrique ses propres trottinettes, ont ensuite envahi également les rues parisiennes.

"Dix opérateurs, c’est trop, les clients ne veulent pas dix applis dans leur téléphone. Il y aura un phénomène de concentration", poursuit Grégoire Hénin. "Tout le monde a cru que le free-floating avec les vélos, c'était le Graal. Mais ce fut plutôt l'échec de startups chinoises. La trottinette me semble plus innovante, plus fun, avec une dimension plaisir. Mais le marché a de toute façon vocation à se concentrer compte tenu du nombre d'acteurs", explique dans Business Insider Haude Courtier, consultante senior, au cabinet Wavestone, spécialiste des questions de transport et mobilité.

Un modèle économique difficile à trouver

Le modèle économique reste en effet assez flou. Tous les opérateurs facturent 1 euro, puis 15 centimes la minute la location d'une trottinette, difficile donc de se différencier par le prix. La durée de vie des trottinettes est aussi très courte, deux mois maximum. Il faut donc remplacer la flotte régulièrement.

Par ailleurs, presque tous les opérateurs ont externalisé la recharge et la répartition des trottinettes, via des prestataires, parfois particuliers. Face à de tels coûts, être soutenu par un grand groupe, comme Hive et Daimler, ou Alphabet, la maison-mère de Google, qui a investi dans Lime. Les spécialistes s’accordent sur les deux clés du succès pour les opérateurs: une grande disponibilité de trottinettes rechargées, et la couverture fine du territoire.

La Mairie de Paris a, de son côté, choisi de réguler la couverture de son territoire. Des redevances seront payées par les opérateurs afin de financer la constructeur d’emplacements de stationnement dédiés. Circuler sur un trottoir peut valoir aux utilisateurs une amende de 135 euros.

Pauline Ducamp, avec Louis Tanca