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Trottinettes électriques: Pony, le français atypique qui veut s'imposer à Paris face à Bird, Lime et Jump 

Déjà présente à Angers et Bordeaux, la start-up française Pony lorgne une place de choix à Paris. Son atout pour convaincre la municipalité de l'intégrer dans la liste restreinte des opérateurs autorisés à Paris: une approche participative. Les utilisateurs sont invités à acheter une trottinette, ou un vélo, et à l'intégrer dans la flotte, moyennant une contrepartie.

Redorer le blason des mobilités douces après des débuts un peu chaotiques, c'est l'objectif de Pony. Cette start-up française a déjà lancé son service de partage de vélos et de trottinettes électriques en libre-service à Angers et Bordeaux. Et elle vise désormais Paris.

Un modèle innovant entre location et achat

La capitale va en effet lancer un appel d'offres au cours des prochains jours et devrait, d'ici le début d'année prochaine, sélectionner trois ou quatre opérateurs parmi la dizaine sur ce marché actuellement. Seuls les heureux élus pourront continuer à exercer leur activité à Paris.

Loin de la bataille qui se joue actuellement dans la capitale, Pony a donc développé son modèle dans une ville de taille plus modeste, Angers, 150.000 habitants, et une grande agglomération comme Bordeaux, 1,2 million d'habitants, mais aussi à Oxford, en Angleterre.

Au-delà du système désormais classique proposé par tous les opérateurs -la location via une application smartphone de vélos (sans assistance) et trottinettes électriques- la start-up a développé un modèle innovant, où l'utilisateur peut aussi être investisseur.

Pony propose à ses adhérents d'acheter une trottinette électrique ou un vélo qui sera mis à la disposition des autres à la convenance de son acquéreur. Une possibilité originale baptisée "Adopte un Pony". Pour un vélo, il faut compter 220 euros et 720 euros pour une trottinette. L'utilisateur peut ensuite au choix en garder l'usage exclusif ou partager son engin avec les autres utilisateurs, ponctuellement ou en permanence. S'il opte pour le partage, l'adhérent se voit offert la possibilité d'emprunter les autres vélos Pony gratuitement et les trottinettes à tarif réduit mais il va aussi percevoir la moitié des revenus générés par sa trottinette.

"Avec ce service Adopte un Pony, nous voulions mettre fin au désamour pour les nouvelles mobilités, alors qu'elles représentent selon nous une solution d'avenir, efficace et écologique pour se déplacer en ville", explique Paul-Adrien Cormerais, cofondateur de Pony.

Des effets réels sur la durée de vie des trottinettes

"L'idée est vraiment de créer une communauté, que nos utilisateurs aient l'impression d'emprunter le vélo ou la trottinette du voisin plutôt que celui d'une grande entreprise de mobilité qui cherche uniquement à faire du business", poursuit-il. 

Et les résultats sont au rendez-vous. Lancé en septembre 2018, un an après les débuts à Angers, et dans la foulée du lancement à Bordeaux, Pony a constaté des actes de vandalisme divisés par trois et a vu ses frais de gestion divisés par huit.

"C'est très important pour nous car notre objectif est aussi d'être rentable tout de suite et pas de conquérir un grand nombre d'utilisateurs à perte pour ensuite générer les premiers gains", souligne Paul-Adrien Cormerais.

L'idée est également de partager ce modèle vertueux avec les utilisateurs. Avec quatre trajets réalisés par jour en moyenne, l'investissement dans une trottinette ou un vélo "adopté" serait amorti en seulement cinq mois. Un succès qui a d'ailleurs poussé Pony à limiter à dix par personne le nombre d'engins pouvant être achetés, certains voulant se lancer dans de la sous-location à grande échelle, ce qui n'est pas le but du service.

Pour Grégoire Hénin, président de la Fédération des Professionnels de la Micro-Mobilité (FP2M), ce modèle se révèle plutôt séduisant:

"Le business-model est particulièrement intéressant, avec un financement innovant de la flotte de trottinettes de l'opérateur, qui repose ensuite sur des micros-opérateurs, commente-t-il. Mais le problème numéro un reste la durée de vie: on voit actuellement la plupart des engins proposés se renforcer pour faire face à une utilisation intensive."

Pony croit en tout cas en son modèle et, face au risque de dégradations ou d'usure rapide, garantit ses trottinettes 6 mois et ses vélos 18 mois. L'utilisateur est ainsi quasi-certain de voir son investissement rembourser. Soutenu par le patron de Free et serial-investisseur Xavier Niel et en discussions avec la mairie de Paris depuis ses débuts, l'acteur français rêve en tout cas de cette vitrine idéale pour se propulser à l'international.

Julien Bonnet