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Sur fond de climat anti-voitures, le salon de Francfort peine à attirer les foules

Le salon a été perturbé par de nombreuses manifestations, à l'extérieur comme à l'intérieur avec ici une action menée par des militants sur le stand Volkswagen.

Le salon a été perturbé par de nombreuses manifestations, à l'extérieur comme à l'intérieur avec ici une action menée par des militants sur le stand Volkswagen. - Tobias SCHWARZ / AFP

Avec seulement 560.000 visiteurs, le salon de Francfort enregistre une baisse de fréquentation de 30% par rapport à l'édition 2017.

Il n'y aura peut-être pas de salon de Francfort 2021. Ce grand rendez-vous automobile, qui se déroule tous les deux ans en alternance avec le Mondial de Paris, vient de clôturer son édition 2019 ce dimanche. Et après environ deux semaines d'ouverture, le bilan n'est pas glorieux.

Avec seulement 560.000 visiteurs, le salon de Francfort a enregistré une baisse de 30% de la fréquentation par rapport à 2017 (810.000 visiteurs). L'an dernier, le Mondial de Paris avait mieux résisté avec un peu plus d'un million de visiteurs, un chiffre stable par rapport à l'édition 2016.

Service minimum pour les constructeurs français

Plusieurs raisons expliquent cette fréquentation en baisse à Francfort. Malgré de nombreuses nouveautés, électriques en particulier, de nombreux constructeurs manquaient à l'appel. Les marques du groupe français PSA, à l'exception d'Opel, n'ont pas fait le déplacement et Renault n'avait ramené que son nouveau Captur sur un stand minimaliste.

La fin d'une époque?

Quatre ans après les débuts du Dieselgate, qui avait éclaté en plein salon de Francfort en 2015, l'industrie automobile continue de subir des critiques sur la pollution générée par les véhicules. En ouverture du salon, Greenpeace avait notamment gonflé un énorme ballon avec inscrit "CO2", critiquant la mode actuelle des SUV.

D'autres actions ont été menées pendant le salon, notamment lors de la visite de la chancelière Angela Merkel. Des militants avaient brandi des affiches portant l'inscription "Klimakiller" ("tueurs de climat") en désignant ainsi les SUV exposés sur les stands de Volkswagen et de BMW.

Ce désamour pour ce salon de référence en Allemagne marque aussi le souhait de nombreuses villes d'en finir avec le tout-voiture. Le premier week-end après l'ouverture, entre 15.000 et 20.000 personnes s'étaient rassemblés à vélo pour réclamer une "révolution des transports". Certains avaient emprunté des autoroutes fermées pour l'occasion à la circulation des voitures, ce qui restera une image forte de cette édition 2019 du salon.

L'avenir des salons remis en cause

Depuis de nombreuses années, la fréquentation en baisse des salons automobiles pousse les organisateurs à réinventer le concept. Le Mondial de Paris avait réussi à limiter la casse l'an dernier, en particulier en organisant dans le même temps le salon de la Moto et en se tournant vers de nouvelles formes de mobilité. 

Mais la forte baisse de fréquentation enregistrée à Francfort pourrait définitivement condamner ce rendez-vous bisannuel. C'est en tout cas ce qu'estime l'ancien patron d'Opel, Karl-Thomas Neumann.

"C'est tellement évident qu'il faut le dire clairement: le salon de Francfort 2019 est un énorme échec. Il n'est plus que l'ombre triste de ce que c'était auparavant. Il n'y aura pas de salon de Francfort 2021. Fin de l'histoire", a écrit sur Twitter l'ex-dirigeant de la marque au Blitz, qui travaille désormais aux Etats-Unis, dans l'électrification et les nouvelles formes de mobilité.

Le prochain Mondial de Paris, en 2020, sera déjà un bon test pour savoir si les salons automobiles ont encore un avenir.

Julien Bonnet