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Shelby GT350R, à la découverte de la Mustang débridée

La Shelby GT350R fait résonner son V8 de 526 ch sur le circuit de Dreux.

La Shelby GT350R fait résonner son V8 de 526 ch sur le circuit de Dreux. - JB

Attention, cheval (très) sauvage. Ford nous a donné l’occasion de découvrir la dernière version de la Shelby GT350R, ou la plus musclée des Mustang avec un V8 poussé à 526 chevaux. Avec un comportement plus adapté à une conduite sportive que sa cousine, désormais assagie et faite pour avaler des kilomètres.

Une belle Américaine de passage en France, c’était un rendez-vous à ne pas manquer. C’est en effet par un beau mercredi de mai que nous sommes partis à la conquête de l’Ouest avec Ford pour découvrir un grand nom de l’automobile: la dernière version de la Shelby. Pas dans le "Far West" de sa terre natale américaine, mais le (très) grand Ouest parisien, sur un terrain idyllique pour ce flirt avec la plus musclée des Mustang, le circuit de Dreux, en Eure-et-Loir.

La Shelby GT350R (à gauche), c'est la version musclée de la Mustang GT (à droite)
La Shelby GT350R (à gauche), c'est la version musclée de la Mustang GT (à droite) © JB

Mais pourquoi la Shelby GT350R?

Shelby, c’est un peu à Ford ce qu’AMG est à Mercedes, ou ce qu’Abarth est à Fiat. Un préparateur qui a su montrer sa capacité à magnifier les véhicules d'une marque, pour le plus grand bonheur des clients avides de comportements plus sportifs (contrairement à ses cousins allemand et italien, Shelby est cependant resté indépendant). 

Après une carrière de pilote, le regretté Caroll Shelby (1923-2012) s’était lancé dans la préparation de voitures de série dans les années 60. Son objectif est alors assez simple: battre les Ferrari qui régnaient en maîtres à l’époque en catégorie GT avec une sportive américaine… et un budget plus limité que pour les bijoux mécaniques de la bande à Enzo. Un rêve finalement anglo-américain qui donnera naissance à la mythique AC Cobra, composée principalement d’un châssis du constructeur britannique AC et d’un moteur V8 Ford. Le début d’une grande histoire entre la marque à l’ovale et Caroll Shelby.

Le cobra devenu le symbole de Shelby, ici à l'arrière de la GT350R
Le cobra devenu le symbole de Shelby, ici à l'arrière de la GT350R © JB

En 1965, l’ex-pilote s’attaque en effet à sa première Mustang avec la Shelby GT350, dont 562 exemplaires seront assemblés (les plus rares et recherchés aujourd’hui). Modifié, le moteur V8 de la pony-car passe ainsi de 271 à 306 chevaux. Ford veut ainsi suivre le bon exemple des marques américaines concurrentes, Chevrolet et Plymouth par exemple, en proposant des modèles performants pour en faire des machines à gagner. "Win on Sunday, sell on Monday" ("Gagner des courses le dimanche, c’est vendre des autos le lundi" en VF), indique cet adage appliqué, avec succès, depuis l’après-guerre aux Etats-Unis.

Le ranch à transformer les Mustang en bête de course reste ouvert jusqu’en 1970, avant de marquer une longue pause. C’est en effet assez récemment, en 2005, que la cinquième génération de Mustang a de nouveau droit à ses versions préparées par Shelby. Ce sera aussi le cas pour l’actuelle sixième génération, lancée en 2014. Ce qui nous amène donc à notre Shelby GT350R de passage à Dreux.

Le magnifique volant de la Shelby prêt à l'essai sur circuit
Le magnifique volant de la Shelby prêt à l'essai sur circuit © JB

Derrière le volant

Une fois n’est pas coutume, nous n’avons pas pu prendre le volant. Aux commandes de la Shelby, un pilote sélectionné par Ford et qui est loin d’être un amateur puisqu’il s’agit de Frédéric Gabillon, qui a notamment couru en Carrera Cup, en GT et actuellement en Nascar version européenne. C’est donc plutôt un essai "derrière la boîte à gants" que nous vous offrons aujourd'hui.

Cela nous a tout de même permis d’apprécier la différence avec la Mustang V8 de série, la première version de l'histoire commercialisée directement par Ford en Europe que nous vous avions déjà proposé en "essai double-poney". Et nous avons pu la tester de nouveau, mais cette fois sur circuit, juste avant de grimper pour notre baptême en Shelby. 

Et sans être un as du pilotage, on se rappelle rapidement qu'une Mustang "classique" n'a pas été conçue pour rouler sur circuit. Le V8 5 litres de 421 chevaux est certes puissant (et ronronne comme jamais), mais le comportement reste dans l'ensemble assez lourd. L'expérience en Focus RS, plus légère et bien aidée par sa transmission intégrale, s'est ainsi révélée logiquement plus attrayante, la compacte survitaminée démontrant une nouvelle fois ses qualités. 

La gamme Ford Performance, avec de gauche à droite, la Shelby, la Fiesta ST200, la Focus RS et la Mustang GT
La gamme Ford Performance, avec de gauche à droite, la Shelby, la Fiesta ST200, la Focus RS et la Mustang GT © JB

En passant sur le siège passager de la Shelby, on entre dans un autre monde. Notre pilote du jour maniant il est vrai avec aisance le monstre de 526 chevaux. Le moteur V8 passe en effet à 5,2 litres de cylindrée et s'impose ainsi comme le plus puissant de sa catégorie chez Ford (le moteur de la Ford GT fait certes 647 chevaux, mais c'est un V6 bi-turbo).

Tellement puissant que le son qui en sort a beau être merveilleux (voir/écouter la vidéo en bas de cet article), c'est presque trop! En mode sport, le niveau sonore est en effet de 106 dB alors que la limite est fixée sur le circuit de Dreux à 96 dB. On a donc eu le droit à une (très) rapide démonstration histoire ne pas déranger les voisins. Mais comme aurait pu dire le Tone, une Shelby même sans le mode sport, "ça se reconnaît au dB".

"C'est vraiment une "Trackday" très réussie, elle est très plaisante sur circuit avec des modifications qui la rendent particulièrement performante, un peu comme un GT3 RS (la version haute performance de la 911), souligne Frédéric Gabillon. Pour une américaine avec un moteur avant, en faire une GT aussi efficace c'est une belle prouesse."

A l'intérieur de la Sheby, on retrouve le logo du cobra et la dénomination de notre modèle à l'essai avec le GT350R
A l'intérieur de la Sheby, on retrouve le logo du cobra et la dénomination de notre modèle à l'essai avec le GT350R © JB

"LE" truc en plus: avec un R comme Racing

Pas facile de distinguer une Shelby GT350 d'une GT350R. Sur notre belle bombe jaune, les badges extérieur et sous les portières portent ainsi la simple mention "GT350"... On nous aurait menti? Heureusement, à l'intérieur, la plaque au-dessus de la boîte à gants vient nous rassurer avec un "R" rouge qui vient bien s'ajouter au GT350. 

Si on est content de trouver ce badge, il convient de citer certains attributs supplémentaires dont profite une GT350R par rapport à une GT350. Les jantes sont composées d'un plastique renforcé à la fibre de carbone et sont donc bien plus légères que celles en aluminium. 

La GT350R est également un poil plus basse, ce qui n'est pas très visible. Plus frappant, l'absence de places à l'arrière pour là encore gagner du poids. On est donc dans une stricte deux places. La plus puissante des Shelby profite également de pneus Michelin Cup 2 spécialement conçus pour elle et gigantesques: 305 mm à l'avant, 315 mm à l'arrière.

Des étriers de frein rouge et des éléments renforçant l'aérodynamisme viennent souligner le caractère sportif de cette Shelby.
Des étriers de frein rouge et des éléments renforçant l'aérodynamisme viennent souligner le caractère sportif de cette Shelby. © JB

"LE" chiffre: 63.645 dollars

C'est le prix que les Américains doivent débourser pour s'offrir la GT350R. Pour une telle puissance, mais fidèle à l'histoire des pony-cars et de leurs préparations, ce tarif reste relativement "modique". Certes équipée d'un V6 3,8 litres bi-turbo, mais d'une puissance équivalente (565 chevaux) et dans un esprit proche, la Nissan GT-R se négocie à partir de 109.990 dollars...

Et vu d'Europe, c'est encore pire. Dans une catégorie bien sûr différente (et avec d'autres éléments qui justifient la différence de prix), un Porsche Cayenne Turbo avec son V8 de 4,8 litres démarre ainsi à 134.930 euros en France... 

Si elle n'est pas vendue directement en Europe, il reste possible d'importer la GT350R en France. Certains concessionnaires Ford le proposent ou sinon il faut logiquement s'adresser à un importateur. Chez USA Car Import par exemple, on nous a conseillé la Shelby GT350 avec un pack Track et sièges Recaro pour une addition à 79.800 euros TTC (mais sans le malus à ajouter, malus maximum forcément, à 10.000 euros). 

Julien Bonnet