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Sécurité routière: moins de morts en 2017, mais plus d'accidents corporels

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Si le nombre de morts a bien reculé l'an dernier sur les routes de France, il y a eu davantage d'accidents corporels et de blessés hospitalisés. La sécurité routière en profite pour défendre l'abaissement de la vitesse à 80 km/h, toujours très critiquée.

La sécurité routière vient de publier les résultats définitifs de son bilan des accidents de la route en 2017. Et cela commence par une bonne nouvelle, avec un nombre de morts en baisse, et plus que prévu. 

Moins de morts qu'en 2016

Au total, 3684 personnes ont perdu la vie l'an dernier sur les routes de France, cela représente une baisse de 1,4% par rapport à 2016, marquant ainsi la fin de trois années consécutives de hausse. Ce bilan, qui intègre pour la première fois les départements d'outre-mer, se révèle plus favorable que le premier relevé annoncé en janvier et qui reposait sur des estimations.

"Cela va dans le sens de la vie et c'est donc heureux", a commenté le délégué interministériel à la sécurité routière, Emmanuel Barbe. 

Mais il y a plusieurs points noirs, qui expliquent notamment le récent tour de vis du gouvernement en matière de sécurité routière avec plusieurs mesures annoncées, dont l'abaissement de la limite de vitesse d'une partie du réseau secondaire à 80 km/h testé pendant deux ans. Si 2017 marque en effet une baisse attendue du nombre de morts, on reste encore loin du niveau plancher atteint en 2013 avec 3.427 tués sur les routes.

Les points noirs de la sécurité routière

Le nombre de morts reste en outre un des seuls indicateurs orientés à la baisse. On compte ainsi 61.224 accidents corporels (+2,2%) faisant 76.840 blessés (+1,3%) dont 29.413 personnes hospitalisées (+2%).

Les conducteurs de véhicules légers représentent logiquement la moitié des morts sur les routes (1767 en 2017), mais le niveau reste quasi-stable. C'est loin d'être le cas pour les motocyclistes: les 669 décès traduisent une hausse de 9% par rapport à 2016. Si on ajoute les cyclomoteurs, le bilan est frappant: "les usagers de deux-roues motorisés représentent moins de 2% du trafic mais constituent 43% ds personnes blessées graves et 22% des personnes tuées", note la sécurité routière. Les cyclistes ne sont pas épargnés non plus, avec 173 tués, soit une hausse de 7%. 

Selon les classes d'âge, les 18-24 ans restent les plus touchés par la mortalité routière avec 108 tués par million d'habitants de la même classe d'âge mais l'amélioration se poursuit.

"La bonne nouvelle c'est que sur ce même indicateur nous étions à 151 en 2010, souligne Manuelle Salathé, ingénieure de l'Observatoire national interministériel de sécurité routière (ONISR). Elle s'inquiète toutefois de constater un certain glissement des pratiques à risque chez les 25-34 ans, "des adulescents qui continuent de faire la fête et n'ont pas forcément encore fondé une famille".

Justifier les 80km/h

Parmi les principaux facteurs en cause dans les accidents, on retrouve l'alcool (en cause dans 30% des accidents mortels), les stupéfiants (23%) et la vitesse. L'occasion pour le délégué à la sécurité routière de revenir sur la mesure polémique de la baisse de la limitation de 90 à 80 m/h sur une partie du réseau.

"La facteur vitesse est magique car il permet à la fois de baisser le nombre de morts et la gravité des accidents", a souligné Emmanuel Barbe.

Pour justifier le passage à 80 km/h, plusieurs points ont été évoqués, comme le fait que les zones rurales, particulièrement critiques sur cette mesure, sont les plus touchées par les accidents mortels. Sur toutes les classes d'âge avant 75 ans, la vitesse est également le principal facteur à l'origine d'un accident mortel sur les routes bidirectionnelles, celles qui sont justement visés par la baisse de vitesse effective au 1er juillet prochain. 

L'idée est également de réduire l'écart avec les voisins européens. Avec 53 personnes tuées par million d'habitants, la France est en effet un peu à la traîne (moyenne européenne à 50). Les routes situées hors des agglomérations représentent 63% des accidents avec 55% de la mortalié qui se concentre sur une partie des routes bidirectionnelles, précise la sécurité routière. Le Premier ministre Edouard Philippe estimait que 300 à 400 vies pourraient être épargnés par an, de quoi descendre sous le plancher enregistré en 2013.

Julien Bonnet