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Refus de priorité au passage piéton: les automobilistes perdent désormais six points

Depuis mi-septembre, le refus de priorité au passage piétons est sanctionné d’un retrait de six points sur le permis. Les premiers contrôles de police sévissent actuellement, notamment en Ile-de-France.

Un retrait de six points, c’est ce que risque depuis le mois dernier un automobiliste qui ne laissera pas la priorité aux piétons, à un passage protégé. En plus du retrait de six points, contre 4 auparavant, l’automobiliste sera également sanctionné d’une amende de 135 euros (90 euros, en amende minorée). Cette sanction devient ainsi aussi lourde qu'un grand excès de vitesse, en matière de retrait de points.

Six points en cas de refus de priorité au passage piéton

Et un mois après la publication du décret d’application (n°2018-795) au Journal Officiel, la police a commencé à sensibiliser les automobilistes contrevenants, notamment à Paris. A terme, cette infraction pourra surtout être relevée par simple vidéo-verbalisation. "La moitié des piétons décédés le sont alors qu’ils se trouvent sur le passage piéton, c’est inacceptable", rappelle dans Le Parisien un porte-parole de la préfecture de police de Paris.

Refuser la priorité au passage piéton prend dans le décret un sens très large. Un automobiliste doit en effet céder le passage à un piéton "s'engageant régulièrement dans la traversée d'une chaussée ou manifestant clairement l'intention de le faire". 325 piétons ont été tuées en agglomération, rappelait en septembre la Sécurité routière, soit la moitié des piétons décédés l'an dernier.

Ces mesures font partie d'un plan annoncé par le Premier ministre lors d'un Conseil interministériel de sécurité routière (CISR) en janvier, comportant également le très controversé abaissement de la limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires à double sens sans séparateur central, effectif depuis le 1er juillet. Le décret, qui durcit la sanction pour refus de priorité, instaure également un recours plus large aux éthylotests antidémarrage (les EAD).

1300 euros environ ou location de 100 euros par mois

Cette mesure vise à réduire la mortalité des piétons. En 2017, 519 ont été tués dans un accident et plus 11.070 ont été blessés. Une autre mesure vise à étendre le recours aux éthylotests antidémarrage (EAD), pour lutter contre l'alcoolémie au volant.

Au 1er janvier 2019, toute personne interceptée avec une alcoolémie supérieure à 0,8 g/l et inférieure à 1,8 g/l sera "éligible" à ce dispositif, branché sur le circuit d'alimentation du véhicule et dans lequel il doit souffler pour pouvoir démarrer. 

Au lieu de voir son permis suspendu, le contrevenant pourra être autorisé, par décision préfectorale dans les trois jours, à continuer à conduire des véhicules équipés d'EAD, que ce soit le sien ou un autre véhicule (d'entreprise par exemple). L'installation du dispositif (1300 euros environ ou location de 100 euros par mois) sera à sa charge.

Une alternative au retrait de permis

Aujourd'hui, les EAD ne sont proposés qu'au tribunal ou, dans quatre départements expérimentaux (Nord, Marne, Drôme, Finistère), par les commissions médicales administratives des préfectures "mais cela intervient bien trop tard et les contrevenants y renoncent", explique le délégué interministériel à la sécurité routière, Emmanuel Barbe.

"L'objectif est d'éviter, par la rapidité de la décision, le déclassement causé par la perte du permis, notamment pour aller travailler. L'EAD est un outil reconnu contre la récidive d'alcool au volant. On espère qu'en développant l'usage, son prix baisse et amorcer ainsi un cercle vertueux", résume-t-il.

D'ici sa généralisation l'an prochain, cette mesure sera expérimentée dans six départements (dont le Finistère et la Réunion) "afin d'affiner le dispositif et les procédures", a-t-il précisé.

Pascal Samama, avec Pauline Ducamp