Quand Saddam Hussein faisait saisir la voiture de ses rêves
Un modèle ancien, luxueux, rare et, en bonus, ayant appartenu à un dictateur: voilà de quoi mettre un peu de piment dans une exposition d'anciennes voitures. C'est le cas de cette Bentley S1 Continental Park Ward Drophead Coupe qui sera une des stars du Concours d'élégance of America organisée à Plymouth, dans le Michigan (Etats-Unis), fin juillet.
De carrosse pour prince-régent à un rêve de dictateur
L'histoire de ce véhicule démarre en 1958. Le prince Abdelilah ben Ali, régent du royaume d'Irak, en fait l'acquisition. Il n'aura pas vraiment le temps d'en profiter. Le 14 juillet de cette même année, la monarchie est renversée par un coup d'Etat organisée par des militaires et le prince perd la vie (et donc sa Bentley) en étant assassiné avec d'autres membres de la famille royale.
Restée à l'abri dans un garage, la Bentley est rachetée par un homme d'affaires de Badgad 10 ans après la révolution. Il la repeint en blanc pour les besoins d'un mariage. C'est à cette période, en 1968, que le parti Baas prend le pouvoir, avec un certain Saddam Hussein comme numéro 2 du régime.
De nombreuses années plus tard, en 1992, le propriétaire de la Bentley a la mauvaise idée de prêter son véhicule pour le tournage d'un film, "King Ghazi of Iraq", tournée à Bagdad. Lorsqu'il le visionne, Saddam Hussein, devenu président, tombe fou amoureux de ce coupé de prestige. Sauf que le modèle n'est pas à vendre. Face au refus du propriétaire qui aurait décliné trois fois les offres du Raïs, le véhicule est tout simplement saisi et rejoint le garage personnel du palais présidentiel. La Bentley change alors une nouvelle fois de couleurs en arborant un colori bi-ton bleu et argent, comme on peut le voir dans cette vidéo où son propriétaire actuel raconte son histoire.
Un modèle restauré à neuf
Lors de la prise de Bagdad par les Américains en 2003, le palais est mis à sac. La Bentley encaisse de nombreux dégâts: impacts de balles ou encore sièges et toit arrachés. Son propriétaire se manifeste alors auprès des autorités américaines et, grâce à des photos et documents prouvant qu'il en a bien été dépossédé de manière brutale, obtient gain de cause.
Son propriétaire actuel, l'Américain Jim George, un promoteur immobilier et collectionneur de belles voitures, avait été approché par Vantage Motor Works. Ce restaurateur basé à Miami lui aurait proposé de remettre à neuf la Bentley s'il acceptait de l'acquérir par la suite. A son tour séduit par ce modèle qui n'a pas vraiment porté chance à ses ex-propriétaires, Jim George se laisse tenter et lui redonne sa couleur argent d'origine. S'il ne donne pas de détails sur le montant investi, il possède dans son garage l'un des 31 exemplaires seulement produits de ce modèle avec volant à gauche.