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Prime à la conversion 2019: ça patine au démarrage

Le gouvernement vise 300 à 350.000 primes versées cette année. Mais l’arrivée de la surprime pour les ménages les plus modestes semble poser quelques problèmes.

Le gouvernement vise 300 à 350.000 primes versées cette année. Mais l’arrivée de la surprime pour les ménages les plus modestes semble poser quelques problèmes. - Fabrice COFFRINI / AFP

Le gouvernement vise 300.000 à 350.000 primes versées cette année. Mais l’arrivée de la surprime pour les ménages les plus modestes semble poser quelques problèmes et les concessionnaires hésitent à avancer l'argent.

La prime à la conversion version 2019, ressemble à un vieux diesel: il faut bien faire chauffer le moteur avant de pouvoir démarrer. Depuis le 1er janvier, la croissance des demandes est très modérée. Car de nombreuses interrogations demeurent, aussi bien sur le financement de la prime, qui a désormais doublé, que sur le dossier à remplir pour en bénéficier.

Le nombre de dossiers de primes à la conversion validés par l’Etat a certes augmenté de 7%, par rapport à janvier 2018. Mais avec 27.000 primes validées, la prime 2019 démarre tout doucement.

Un dispositif complexe

"C'est un peu une usine à gaz. Les gens viennent et espèrent le bonus de 4000 euros, comme ils l'entendent partout", résume un concessionnaire de Tarbes (Hautes-Pyrénées), dans La Dépêche.

De 2000 euros l’an dernier, pour les ménages non imposables, la prime passe désormais à 4000 euros pour 20% des ménages les plus modestes, c'est à dire ceux dont le revenu fiscal de référence est de moins de 6300 euros par part et qui effectuent 60 kilomètres et plus aller-retour pour se rendre au travail.

Par exemple, une famille de deux adultes et un enfant, dont l'un des parents habite à 35 kilomètres de son lieu de travail et dont le revenu fiscal de référence est de 15.000 euros doit toucher 4000 euros de prime à la conversion.

Mais en regardant le document édité par le ministère de la Transition énergétique, l’équation semble très complexe pour bénéficier de la prime.

"Quand la direction commerciale a étudié les grilles, pour un même client, selon les différents paramètres comme les conditions de ressource ou les trajets quotidiens, on arrive à 11 combinaisons différentes", nous explique-t-on chez Renault.

Les achats de voitures d’occasion entre particuliers étant aussi concernés par ce dispositif, ces derniers risquent d’avoir encore plus de difficultés pour s'y retrouver, car ils sont moins habitués que les professionnels à ces dossiers complexes. Or, l'année dernière, 69% des voitures achetées avec la prime étaient des voitures d'occasion. Un second écueil apparaît également: le financement de la surprime.

"Pas la banque du gouvernement"

Selon le magazine Autoplus, 70% des concessionnaires ne souhaitent en effet pas avancer la prime aux clients.

"OK pour 2000 euros, par contre l’Etat est trop flou sur les modalités d’attribution des 4000 euros", explique ainsi un concessionnaire d’Albertville (Savoie).

"Je ne suis pas là pour faire la banque du gouvernement", souligne un autre vendeur, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Certains professionnels demanderaient même un chèque de caution à l’acheteur en cas de non-remboursement de l’Etat! Le ministère nous a bien confirmé que ce dernier prenait bien en charge l’intégralité du coût de la surprime, et non les constructeurs comme attendu un temps. Mais les professionnels semblent échaudés après les retards de paiement connus l’an dernier.

Certains concessionnaires affichaient ainsi plusieurs centaines de milliers d’euros d’arriérés de remboursement. Or, pour un ménage modeste, avancer 4000 euros s’avère bien souvent impossible. Les services de l’Etat auraient prévu d’accélérer dès la mi-février les remboursements, assure AutoPlus. 300 à 350.000 primes sont attendues cette année, selon le ministère de la Transition énergétique, soit autant voire un peu plus que l'an dernier.

Pauline Ducamp