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Pourquoi vous pouvez trouver du gazole plus cher que l'essence dans certaines stations-service

Le prix du gazole dépasse celui de l'essence dans une station sur deux de France métropolitaine fin mars.

Le prix du gazole dépasse celui de l'essence dans une station sur deux de France métropolitaine fin mars. - Philippe Huguen - AFP

Le prix du gazole, traditionnellement moins cher que l'essence, se retrouve plus coûteux dans un nombre croissant de stations-service. Comment expliquer ce phénomène?

C'est un phénomène de plus en plus fréquent. Actuellement en France, plus d'une station-service sur cinq affiche des prix du gazole supérieurs à ceux de l'essence, indique un article du Parisien qui a compilé les chiffres disponibles sur la plate-forme du gouvernement. Dans onze départements, contre seulement huit en octobre dernier, plus de la moitié des stations sont concernées. 

Un rapprochement plus marqué que celui d'octobre

En septembre 2018, la situation était encore normale avec un litre de gazole à 1,477 euro en moyenne en France et un litre de sans-plomb 95 à 1,562 euro. Après un rapprochement sur la fin d'année, voire déjà des prix plus élevés pour le gazole dans 20% des stations en octobre dernier, les courbes se sont ré-écartées sur le début de l'année 2019. Mais elles se rapprochent de nouveau depuis février, avec de plus en plus de stations où le prix du gazole flambe au-delà de celui de l'essence.

Saisonnalité et politique commerciale

Comment expliquer qu'un carburant traditionnellement abordable se retrouve plus onéreux que celui d'ordinaire plus coûteux? La période hivernale entraîne tout d'abord une hausse de la consommation de fioul, fabriqué à partir du même résidu de pétrole que le gazole. Cette hausse de la demande entraîne une hausse du prix.

Les prix du pétrole brut varient ensuite chaque jour, ceux des carburants également. Des cuves de stations-service remplies à des dates distinctes, avec des prix à l'achat différents, peuvent aussi être à l'origine de variations de prix entre les stations. "Chaque station-service fait sa politique commerciale", rappelle par ailleurs l'Ufip (Union française des entreprises pétrolières) au Parisien.

La taxe carbone, qui devait entrer en vigueur cette année, a bien été gelée par le gouvernement pour répondre au mouvement des gilets jaunes. Mais le rééquilibrage fiscal engagé depuis 2015 joue également un rôle sur le long terme. En 2018, la taxe touchant le gazole a progressé de 7,6 centimes, contre seulement 3,6 centimes de hausse sur celle affectant le sans-plomb 95. Les prix des deux carburants se sont rapprochés, mettant fin à une vieille habitude française: le gazole moins cher que le SP95. 

"L'effet de saisonnalité n'est pas nouveau mais avec l'écart de taxations qui s'est réduit entre essence et diesel ces dernières années il est d'autant plus visible, explique le président de l'Ufip, Francis Duseux. Cela ne devrait toutefois pas durer: à mesure qu'on s'approche de l'été, la demande pour l'essence repart à la hausse et celle pour le fioul et le gazole tend elle à diminuer."

Vers une aide à l'achat de carburant?

Si le retour de la taxe carbone reste suspendu aux conclusions du grand débat, le poids du carburant dans le pouvoir d'achat des Français reste un sujet central. Pour les ménages les plus en difficulté et sans solution alternative de transports, la loi mobilité (LOM), actuellement en discussion au Sénat, ouvrirait la voie à des aides spécifiques. 

En novembre dernier, Emmanuel Macron avait invité les collectivités territoriales à imiter le dispositif lancé par la région des Hauts-de-France: un chèque transport de 20 euros par mois réservé aux salariés touchant moins de deux fois le Smic et vivant à plus de 30 km de leur lieu de travail. 

Un sujet qui fait débat: si certaines communes et autres collectivités locales proposent déjà des aides, certaines s'y refusent. C'est le cas de la région Bourgogne Franche-Comté. 

"La responsabilité de la région est de faire en sorte que demain, il y ait un réflexe pour moins utiliser sa voiture, pour des questions de préservation de l'environnement", explique la présidente PS de la région à France 3, affirmant sa volonté de miser sur les services de covoiturage ou la gratuité des transports scolaires.

Comme pour la taxe carbone, l'équilibre entre préservation du pouvoir d'achat et changement des habitudes de consommation paraît difficile à trouver.

Julien Bonnet