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Pourquoi les voitures neuves vont consommer davantage en septembre

Image d'illustration - Pour se conformer au nouveau cycle WLTP, toutes les voitures neuves commercialisées au 1er septembre doivent être re-homologuées selon cette norme.

Image d'illustration - Pour se conformer au nouveau cycle WLTP, toutes les voitures neuves commercialisées au 1er septembre doivent être re-homologuées selon cette norme. - AFP

Une nouvelle norme d’homologation entrera pleinement en vigueur à la rentrée. Son nom: 'WLTP'. Objectif: mieux en compte la consommation réelle des voitures. Avec pour conséquence, un affichage des émissions de CO2 bien plus proches de la réalité.

Son entrée en vigueur laissait présager quelques remous dans le secteur automobile. Après l’arrêt de la commercialisation de certains modèles, chez Porsche notamment, l’application à partir du 1er septembre du nouveau cycle mondial d’homologation des véhicules, baptisé ‘WLTP’ (Worldwide Harmonised Light Vehicle Test Procedure), pourrait bien enrayer la baisse continue des émissions de CO2 depuis plus d’une décennie. Du moins sur le papier.

Une hausse faciale des émissions de CO2 des véhicules

Compte tenu des récentes vagues d'homologations en WLTP ces dernières semaines, les consommations, et donc les émissions de CO2 des véhicules neufs, augmentent bien. Et selon le cabinet de conseil JATO, leur hausse s’annonce plus importante que prévue.

Alors qu’en avril dernier, la hausse attendue après l’entrée en vigueur de WLTP était de huit grammes de CO2 en plus mesurés en moyenne par kilomètre sur chaque voiture vendue en Europe, la hausse serait en fait de 9,6 grammes. Or, qu’il s’agisse du nombre de grammes de CO2 émis par kilomètre pour chaque modèle, ou du nombre de litres consommés aux 100 kilomètres, ces chiffres font partie des critères de sélection lors de l’achat d’une voiture. Ces valeurs sont en effet officiellement communiquées par les constructeurs à leurs clients, au moment de la mise sur le marché des voitures neuves.

Une différence de presque 10 grammes est importante, car une grande partie de la fiscalité, comme des obligations des Etats en matière de réduction des gaz à effet de serre, sont calculés en CO2. Un véhicule sur deux en Allemagne et en France serait ainsi soumis à une taxe sur ce gaz à effet de serre.

Au total, JATO annonce ainsi que les émissions de CO2 d’un modèle compact, comme une Renault Clio ou une Peugeot 208, augmenteront de 8,1%, celles des petits SUV de 7,5%, et celles des compactes type Seat Leon ou VW Golf de 8,8%. Les véhicules les plus lourds sont ceux qui verront augmenter le plus leurs émissions : +16,7% pour les SUV de taille moyenne, +18,3% pour les voitures de luxe.

Rapprocher les émissions réelles des émissions lors de l'homologation

Mais cette hausse des consommations et émissions de CO2 existe surtout sur le papier. L’entrée en vigueur du cycle WLTP vise en effet à harmoniser les chiffres communiqués par les constructeurs à leurs clients, et les chiffres enregistrés par ces mêmes clients au quotidien. Tous les automobilistes notent en effet une différence entre la consommation réelle de leurs voitures et la consommation annoncée en concession.

Cet écart vient de l’ancien cycle d’homologation qui date de 1990, baptisé NEDC. Parfaitement connu des constructeurs, uniquement pratiqué en laboratoire, il ne prenait pas assez en compte les différences entre une conduite en situation réelle, avec des vitesses différentes, des accélérations et des freinages, et une conduite très normée en laboratoire. Le passage au WLTP essaie donc de rapprocher les chiffres officiels de ceux vécus par les conducteurs au quotidien, même si son premier but est toujours de comparer les véhicules entre eux.

Une partie de l’homologation repose en effet sur un test réalisé sur la voie publique. Avec la hausse des consommations et émissions officielles, les émissions globales du parc européen risquent en conséquence d’augmenter. La norme WLTP s’applique en effet aux tous nouveaux modèles, qui sortent à partir du 1er septembre, mais aussi aux autres modèles, qui ont dû être re-homologués pour poursuivre leur vie commerciale. D’où l’arrêt chez Porsche de la commercialisation de certains modèles, provisoirement, le temps de les re-homologuer, ou définitivement, en attendant des motorisations plus performantes.

Les calculs de JATO estiment que le parc européen passera de 118 grammes de CO2 par kilomètre émis par véhicule en moyenne en 2018, à 130 grammes l’an prochain, soit une hausse de 12 grammes. En France, le malus se déclenche cette année à partir de 120 grammes de CO2 par kilomètres, soit 50 euros à ajouter au prix du véhicule. Ce seuil sera abaissé à 117 grammes l'année prochaine. 

Le changement de norme d'homologation intervient aussi dans une période où les ventes de diesel chutent, alors que celles de voitures essence augmentent. Or, ces dernières émettent plus de CO2. En parallèle, la réglementation européenne impose elle toujours une baisse continue des émissions par modèle. L'Association des Constructeurs Européens d'Automobiles (ACEA) a elle plusieurs fois mis en garde les autorités sur les difficultés rencontrées par le secteur dans ce contexte. 

Pauline Ducamp