BFM Business
Auto

Pourquoi les voitures électriques d’occasion ne coûtent pas cher

Les ventes de voitures électriques d’occasion ont bondi de 60% en 2018.

Les ventes de voitures électriques d’occasion ont bondi de 60% en 2018. - Ezequiel BECERRA / AFP

Les ventes de voitures électriques d’occasion ont bondi de 60% en 2018. Un nouveau marché avec des tarifs intéressants, pour des voitures avec souvent un faible kilométrage.

La voiture électrique séduit les Français, mais surtout en occasion. L’an dernier, selon des chiffres du spécialiste de la vente de voitures sur internet AutoScout24, 12.270 voitures électriques ont été achetées en seconde main, soit une hausse de plus de 60% par rapport à l’année précédente.

"Nous commençons à avoir des retours de location longue durée, puisque les clients changent de véhicules tous les deux ou trois ans, nous explique Julien Raynaud, vendeur de véhicules d’occasion Renault AGDE, près de Montpellier (Herault). Donc les véhicules arrivent dans nos parcs d’occasion".

Parmi les clients de cette concession, des retraités, mais aussi des agences immobilières ou des mairies. La prime à la conversion de 2000 euros pour une voiture électrique d’occasion a certes contribué à ce léger décollage. Mais ce sont plutôt les prix extrêmement intéressants comme le faible kilométrage de ces modèles électriques d’occasion qui semblent avoir pesé dans la balance.

Selon des chiffres fournis par le site AutoScout24, les Renault Zoé vendues sur le site sont en moyenne proposées à 11.300 euros, avec 22.780 kilomètres au compteur. Les Renault Clio IV s'affichent elles plutôt à 12.500 euros, avec 28.440 kilomètres. Mais calculer la cote des véhicules électriques semble encore bien complexe.

"Il est difficile de faire une cotation, car ce marché de la voiture électrique d’occasion est encore étroit, on manque de recul", explique Flavien Neuvy, président de l’Observatoire Cetelem de la Mobilité.

Quelques milliers d’euros

Vendue neuve à plus de 30.000 euros, bonus écologique déduit, une voiture électrique d’occasion comme une Renault Zoé ou une Nissan Leaf se négocie d’occasion entre 10.000 et 15.000 euros. La prime à la conversion peut bien entendu être déduite de cet achat, tout comme d’autres primes offertes par les collectivités locales.

>> BFM Pratique : obtenez gratuitement un devis personnalisé pour votre assurance auto avec notre partenaire Le Comparateur Assurance

Ainsi, par exemple dans un garage privé d’Ile-de-France, sur une Zoé annoncée en occasion à 9400 euros, une fois déduits les 2000 euros de prime à la conversion, la prime de la région Ile-de-France peut aussi être appliquée à raison d’une limite de 25% du prix de la voiture. L’acheteur peut donc déduire 1850 euros de plus. Le tarif de cette Zoé d’occasion passe alors à 5550 euros. Le tout avec un kilométrage d’un peu plus de 10.000 kilomètres. Pour surfer sur ce nouveau marché, la marque française propose directement la Zoé d’occasion à 59 euros par mois, pour 37.500 kilomètres, auxquels s'ajoutent 29 euros par mois de location de batterie, avec 3 ans de garantie.

Les concessionnaires comme les constructeurs n’ont surtout pas envie de conserver des dizaines de véhicules électriques, souvent revenus après avoir été loués 3 ans à des flottes d’entreprises ou d’administration.

"Plus une voiture reste sur le parking du concessionnaire, plus ce dernier perd de l’argent, poursuit Flavien Neuvy. Le marché de la voiture électrique neuve n’est déjà pas très important, alors en occasion, il reste assez réduit. S’ils veulent revendre ces véhicules, il faut alors jouer sur les prix".

Beaucoup de questions autour de la batterie

La batterie, c’est justement le point crucial lors de l’achat d’une voiture électrique d’occasion, pour des raisons techniques tout d’abord. Va-t-elle tenir encore la charge, après plusieurs dizaines de milliers de kilomètres? Dans son guide d’achat, le magazine spécialisé Automobile Propre conseille de ne pas se tourner vers des modèles trop anciens, type Renault Fluence, ou les modèles des années 90.

"La durée de vie des batteries d’une voiture électrique sera supérieure à celle de la voiture elle-même, rassure dans L’Argus Thomas Chrétien, directeur Véhicules électriques de Nissan Europe. Un chauffeur de taxi de Barcelone utilise aujourd’hui encore pour son activité professionnelle une Leaf achetée en 2013. Elle a 317.000 km, et ses batteries sont d’origine".

La batterie représente surtout l’élément le plus cher de la voiture. Et ce coût est encore supporté par les constructeurs, notamment via les garanties. Chez Renault, la location mensuelle de la batterie revient la première année après l’achat en occasion à 1 euro par mois. La batterie appartient donc au constructeur. D'autant plus sous garantie, le constructeur reste responsable donc de son état. Nissan propose un maintien de la capacité à 75% de la charge, sinon il change la batterie à ses frais tout le temps de la garantie. De quoi rassurer les clients. Hors garantie, le changement de batterie revient en effet à 5000 euros hors taxe. Comme le marché du véhicule électrique reste encore peu développé, les marques jouent les multiples réassurances auprès des clients.

Pauline Ducamp