Pourquoi la France est taxée de championne d'Europe du diesel sale
Un an pratiquement jour pour jour après les débuts de l’affaire Volkswagen, l’ONG Transport&Environnement (T&E) revient sur le scandale, mais surtout sur ses conséquences. Et le bilan qu’elle dresse n’est pas vraiment positif pour la France. Selon T&E, dans un document paru le 19 septembre, l’Hexagone est en effet le pays européen où roulent le plus de "dirty diesel" (diesel sale), selon la qualification donnée par l'ONG, devant l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Plus de 5 millions de "diesel sales"
Sur les 29 millions de diesel sale qui circulent en Europe, 5,53 millions roulent donc sur les routes françaises (19,96 millions de véhicules légers diesel roulent actuellement en France). Les Allemands ne sont pas mieux lotis, avec 5,32 millions de "dirty diesel" et le Royaume-Uni, 4,31 millions de véhicules. Soit les trois plus gros marchés européens.
En France, une majorité de ces diesel sales sont surtout des motorisations Euro 5, homologuées à partir de 2009 et commercialisées entre 2011 et 2015 (4,62 millions de voitures). Le reste des diesel les plus polluants sont des Euro 6, notamment des modèles vendus par la marque française Renault. Pour l’ONG, un véhicule diesel est considéré comme sale, quand il produit trois fois plus de polluants sur route que de polluants en laboratoire, lors des tests d’homologation.
Héritage d'années de politique publique
Pourquoi la France détient-elle ce titre de championne d’Europe du parc au dirty diesel? "Depuis les années 80, les pouvoirs publics assurent la promotion du diesel en France, avec notamment un prix plus bas à la pompe, d’où une majorité de véhicules diesel, dont des diesels anciens", rappelle Laurent Petizon, associé en charge de l’automobile chez Alix Partner’s. Le système de bonus-malus, orienté sur les émissions de CO2, est aussi favorable aux véhicules diesel.
Autre explication pour ce titre "dirty diesel": la géographie. L’étude de T&E souligne que les marques aux diesels les plus polluants sont entre autres Renault, Fiat. "Or ces marques sont plutôt présentes dans le sud de l’Europe, moins en Allemagne ou en Grande-Bretagne, d’où un léger biais", poursuit Laurent Petizon. Le parc français est également plus ancien (8,8 ans en moyenne) que celui de ses deux voisins, beaucoup plus récents, et il a été fortement renouvelé lors des primes à la casse mises en place pour atténuer les effets de la crise de 2008/2009, période à partir de laquelle ont justement été commercialisés les modèles à moteur Euro 5.