Pourquoi Dodge fait signer une décharge aux clients de la Demon
"Bien lire la notice avant utilisation", c’est ce que demande Dodge aux futurs propriétaires de la Demon. Les commandes de celle qui se réclame comme la voiture la plus rapide au monde sont ouvertes depuis le 21 juin aux Etats-Unis, seul pays avec le Canada où les 3300 exemplaires de la muscle-car seront commercialisés. Et les concessionnaires Dodge disposent d’un document inédit à faire signer aux futurs acheteurs, le "Dodge Challenger SRT Demon customer acknowledgment", que le site américain Allpar a pu consulter.
A remettre au Demon Concierge
Ce document en 15 points se positionne entre la décharge de responsabilité, la notice d’utilisation et le manuel de prévention. Il devra être signé par le futur acheteur et consigné auprès d’un service spécial, le Demon Concierge, avant de finaliser toute commande.
Dodge y demande tout d’abord de lire entièrement le manuel d’utilisation de la Demon, car "la Dodge Challenger SRT Demon est le premier véhicule de drag race, développé par l’industrie automobile dans ce but et homologué pour la route". Avec 840 chevaux sous le capot, la Demon est pratiquement deux fois moins puissante qu’une Bugatti Chiron par exemple, mais la voiture a été conçue pour aligner les records d’accélération sur un quart de mile, la distance reine aux Etats-Unis.
Une accélération hallucinante
Dodge revendique d’ailleurs un record sur cette distance en seulement 9,65 secondes sur le quart de mile, la distance reine aux Etats-Unis. Sur un 0 à 100km/h plus classique pour nous Européens, elle affiche une accélération en seulement 2,3 secondes. Or, dans de telles conditions, la Challenger SRT Demon est un monstre à conduire.
De plus, la Challenger SRT Demon ne dispose pas d'un élément déterminant en matière de sécurité: un arceau de sécurité, option exigée par la NHRA, l'autorité qui gère les courses de drag-race, pour le voitures qui font moins de 10 secondes sur le quart de mile. Ce qui est le cas de la Demon. Cet arceau n'est pas même disponible en option. Si l'on ajoute la présence de nombreux équipements rarement installés sur un modèle de série, Dodge n'a voulu prendre aucun risque (judiciaire notamment) s’il arrivait quelque chose aux futurs propriétaires.
Pouvant entraîner de graves blessures
Le premier paragraphe du document est ainsi très clair. "Le client doit prendre toute la responsabilité et assumer tous les risques dans l’usage des options et équipements du véhicule et utiliser seulement les options et équipements du véhicule en toute sécurité. Ne pas suivre ces recommandations peut entraîner un accident menant à des graves blessures et à la mort", peut-on lire. Dodge rappelle ainsi que les équipements dédiés aux performances sur circuit ne doivent pas être utilisées sur route ouverte, notamment les pneus dédiés aux drag races, dangereux sous la pluie. En résumé, en dehors du circuit, Dodge demande à ses clients d’utiliser en bon père de famille la Demon, afin d’éviter de "faire une Mustang".
Cette expression s’est popularisée ces dernières années sur les réseaux sociaux et désigne les accidents de conducteurs de Mustang qui en voulant drifter ou accélérer rapidement ne maîtrisent pas leur véhicule et causent un accident. L'autorité américaine qui supervise les courses de drag-race avait d'ailleurs demandé l'interdiction de la Demon dans ses compétitions, expliquant que la Challenger était trop dangereuse.
Dodge a aussi émis des conditions de vente très strictes pour les concessionnaires. Seuls ceux qui ont vendu au moins 2 Challenger SRT Hellcat, la Challenger la plus puissante après la Demon, dans l'année pourront écouler la série limitée. L’an dernier, Dodge a vendu 64.433 Challengers, principalement aux Etats-Unis.