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Pollution, trafic, bruit: quels ont été les effets de la fermeture des voies sur berge?

Depuis l'annulation mercredi de la piétonisation des voies sur berge à Paris, la mairie de Paris et l'opposition se disputent sur les chiffres et les conséquences de la fermeture de la rive droite à la circulation. Décryptage en cinq questions.

La fermeture des voies sur berge depuis septembre 2016 a été scrutée à la loupe. Un comité technique de suivi dirigé par la préfecture de police a été chargé d'observer les effets concrets sur le trafic, la pollution et les nuisances sonores en lien avec Airparif et Bruitparif.

Au terme d'une période d'observation, un rapport a été rendu en juin 2017 et détaille les conséquences directes de la fermeture de cet axe, auparavant fréquenté par 43.000 automobilistes par jour. 

>Y a-t-il plus de bouchons depuis la fermeture des berges?

Certains axes sont plus fréquentés aux heures de pointe, ceux où se sont reportés les automobilistes. Dans son rapport, le comité technique a noté une augmentation du trafic aussi bien en heure de pointe aussi bien le matin que le soir. En détail, cette augmentation est de 72% le matin entre le quai des Tuileries jusqu'au quai de l'Hôtel de Ville. Sur l'un des itinéraires de report, boulevard Saint-Germain, le nombre de véhicules par heure en heure de pointe le matin a augmenté de 33% par rapport à la situation avant la fermeture des berges. Ces mesures ont été effectuées entre octobre 2016 et le printemps 2017.

Toutefois, la semaine dernière, la direction de la voirie de Paris a communiqué de nouveaux chiffres mis en avant par Le Parisien. D'après ceux-ci, les bouchons auraient commencé à diminuer. Entre janvier 2017 et janvier 2018, la voirie a noté une baisse de 11% du nombre de véhicules par heure le matin sur les quais hauts et une baisse de 5,4% boulevard Saint-Germain aux mêmes heures. Ces chiffres traduiraient le phénomène "d'évaporation" sur lequel la mairie de Paris comptait. Cette théorie prévoit que lors de la fermeture d'un axe, une partie des automobilistes décide de renoncer à ses déplacements ou à changer de mode de transport.

>La qualité de l'air s'est-elle améliorée?

Oui et non. Airparif a bien constaté une amélioration de la qualité de l'air le long des quais fermés à la circulation, jusqu'à -25%. Un chiffre dont se félicite la municipalité. Toutefois, même avec cette amélioration, les taux de polluants sont toujours supérieurs aux valeurs réglementaires. 

En parallèle, une dégradation de la qualité de l'air a été notée à l'est des quais avec 15 % de pollution en plus au niveau du quai Henri IV et le long du quai de Bercy. Sur les itinéraires de report des automobilistes comme boulevard Saint-Germain et aux carrefours, l'augmentation constatée est de 1 à 5%. Mais le rapport d'Airparif concluait en indiquant "qu'aucun impact significatif sur l'exposition des populations n'a été mis en évidence à la hausse ou à la baisse". 

>Les temps de parcours ont-ils augmenté? 

Oui, les temps de parcours ont augmenté. En heure de pointe le matin, les temps de parcours observés sur les quais haut sont en moyenne de 14,8 minutes contre 13,1 minutes avant la fermeture et le soir de 23 minutes contre 15,9 minutes initialement. Même constat sur le boulevard Saint-Germain où les temps de parcours sont passés de 10,7 minutes à 12,8 minutes le matin et de 10,9 à 15,4 minutes le soir

Le rapport du comité de suivi note toutefois que ces temps de parcours constatés sont inférieurs à ceux qui avaient été anticipés par l'étude d'impact précédant la fermeture des voies sur berge.

>La piétonisation a-t-elle eu un effet à l'échelle de la métropole? 

Concernant la pollution de l'air, Airparif a identifié "de faibles écarts des niveaux de dioxyde d'azote de 1 à 5%" le long de l'A4, l'A86 et l'A13. Mais l'organisme de mesure de l'air n'est pas totalement catégorique et évoque des augmentations "possiblement liées à la piétonisation".

Sur le trafic automobile, le rapport de la préfecture a étudié les axes potentiellement choisis comme itinéraire de report par les automobilistes et considère qu'"aucune tendance franche ne se dégage" à l'issue des 8 mois d'observation "mise à part l'augmentation avérée du trafic sur l'A86 Sud". Le rapport note toutefois que ce report reste "limité et absorbable par la capacité de l'infrastructure". 

>La pollution sonore s'est-elle accentuée? 

Oui, les stations de relevés sonores de Bruitparif ont bien constaté une augmentation des nuisances sur les quais hauts. L'axe entre le Louvre et la place du Châtelet et entre le quai de l'Hôtel de ville et le quai Henri IV sont les plus concernés.

Cette augmentation du niveau sonore est constatée en journée mais aussi la nuit avec par exemple +2,8dB quai de Gesvres, ou encore +3,4dB quai Henri IV entre 22h et 6h. L'augmentation supérieure à 2dB "est jugée significative pour les riverains et correspond à une dégradation de l'exposition sonore la nuit", souligne le rapport. 

Carole Blanchard