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Pollution: les voitures diesel neuves méritent-elles une vignette Crit'Air 1?

Pour le moment, les diesel les plus récents peuvent au mieux apposer une vignette Crit'Air 2 sur leur pare-brise.

Pour le moment, les diesel les plus récents peuvent au mieux apposer une vignette Crit'Air 2 sur leur pare-brise. - AFP

Le gouvernement réfléchit à intégrer les diesel récents dans les véhicules catégorisés Crit'Air 1. Actuellement, cette vignette comprend uniquement les voitures roulant à l'essence immatriculées depuis 2011 et les hybrides rechargeables.

Serait-ce un début de retour en grâce du diesel? Ou, selon les points de vue, la fin d'une diabolisation injustifiée? Le gouvernement réfléchirait à rebattre les cartes du dispositif Crit'Air, en faveur du diesel pourtant décrié depuis le scandale de 2015. Les plus récents d'entre eux pourraient ainsi bientôt avoir le droit aux vignettes Crit'Air1, la deuxième la plus vertueuse du dispositif, après la vignette verte pour les voitures électriques ou utilisant l'hydrogène.

Un système Crit'Air en place depuis 2017

Mis en place depuis janvier 2017, le système Crit'Air, classe les voitures selon leur motorisation et leur date de mise en circulation, afin de permettre aux villes de prendre des mesures en cas de pic de pollution. On dénombre actuellement six vignettes, dont le Crit'Air 1. Il concerne les voitures roulant à l'essence immatriculées depuis 2011 et les hybrides rechargeables. Les deux-roues, les utilitaires, les autobus, les cars et poids lourds sont également concernés.

Le diesel plus vertueux que l'essence dans certains cas

Le président de l'association Dieséliste de France, Fabrice Godefroy, n'avait pas apprécié de voir les véhicules diesel récents exclus de la catégorie 1 lors de la mise en place du dispositif. Il se félicite aujourd'hui de ce rééquilibrage en cours:

"Les voitures roulant au gazole ont réglé depuis huit ans leur problème en termes de particules fines, avec un filtre obligatoire depuis 2011 sur les véhicules neufs. Le problème lié à l'oxyde d'azote, les fameux Nox, a lui aussi été en partie réglé avec les systèmes SCR en place depuis 2015", explique-t-il. 

Des diesel exclus de la vignette Crit'Air 1 de manière injustifié d'autant que pour Fabrice Godefroy, les véhicules essence récents ont aussi leur lot de problèmes en termes de pollution:

"Les nouveaux véhicules essence, en passant à l'injection directe qui entraîne une combustion plus pauvre, émettent eux aussi des particules fines."

Les nouveaux moteurs à essence vendus en Europe doivent depuis peu être équipés de filtres à particules. Or, la vignette Crit'Air s'applique à tous les véhicules essence immatriculés depuis le 1er janvier 2011

"Si on veut respecter les objectifs de l'accord de Paris sur les réductions d'émissions de CO2, le diesel conserve un avantage avec en moyenne 20% de consommation et donc d'émissions en moins que l'essence", ajoute Fabrice Godefroy.

Dernier argument du président de Diéseliste de France, une certaine incohérence entre les aides à l'achat d'un véhicule neuf et la politique anti-diesel des villes:

"Actuellement, vous pouvez bénéficier d'une prime à la conversion pour acheter un diesel... mais vous n'êtes pas certains de pouvoir accéder aux centres-villes des grandes agglomérations françaises dans les prochaines années.

Paris prévoit par exemple d'exclure les vignettes Crit'Air 2 à partir de 2024. Sans changement des catégories, cela exclurait donc les essence et hybrides non-rechargeables (type Prius) d'avant 2011 et toutes les les voitures roulant au gazole. Pour les véhicules Crit'Air 1, la date d'exclusion des rues de la capitale a pour le moment été fixée à un horizon plus lointain, en 2030.

Des villes encore remontées contre le diesel

Alors que le débat d'experts se poursuit pour déterminer quelle est la moins pire des motorisations entre diesel récents et essence à injection directe, on peut légitimement se demander s'il n'est pas déjà trop tard. Le diesel semble en effet avoir perdu beaucoup de crédits auprès du grand public et des dirigeants politiques, notamment les maires des grandes villes. 

Le maire-adjoint de Paris responsable des transports et de l'espace public, Christophe Najdovski, a ainsi vivement soutenu le communiqué du collectif Air-Santé-Climat, qui s'oppose à ce projet consistant à "sacrifier la santé pour les intérêts économiques".

D'après le texte, signé par des médecins, chercheurs et représentants d'associations, le diesel ne mériterait même pas sa vignette actuelle la plus "propre", la Crit'Air 2, et la France devrait tout simplement interdire la vente de véhicules neufs roulant au gazole. 

"Dans les zones urbaines, les systèmes de dépollution des NOx ne fonctionnent pas car le moteur en ville n'a jamais le temps d'atteindre la température nécessaire à son fonctionnement", souligne le texte qui invite en conclusion à ne pas "tomber dans le piège des industriels, qui tentent de nous vendre un diesel propre qui ne peut pas exister, le chantage à l'emploi doit cesser, il en va de notre santé, de celles de nos enfants."

En France, on estime que 20 % des emplois liés au secteur de l'automobile seraient à terme menacés par l'abandon du diesel, soit 40.000 emplois, sur les 200.000 que compte le secteur, selon une étude de l'Observatoire de la métallurgie publiée en novembre dernier.
Julien Bonnet