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Peut-on faire du vélo pendant le confinement?

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La pratique du vélo reste autorisée pendant le confinement et même pour les loisirs, suite à la décision du Conseil d'Etat du 30 avril. La question a fait débat pendant les premières semaines du confinement mais restait encore à clarifier alors que des villes comme Paris ou Montpellier installent des pistes cyclables provisoires et préparent l'après-confinement.

Le vélo s'impose comme une des solutions privilégiées pour les déplacements pendant et après le confinement, avec actuellement l'installation de pistes cyclables provisoires à Paris ou Montpellier par exemple. Son utilisation a pourtant fait débat dès les premières semaines de cette situation inédite en France, avec la consigne de limiter au maximum ses déplacements. Dans quelles circonstances pouvez-vous faire du vélo pendant le confinement

Une réponse claire (mais désormais fausse) à retrouver dans la rubrique "Sport"

Encore consulté le 30 avril en fin de journée, le site officiel du gouvernement "informations coronavirus" répond ainsi à la question "Puis-je continuer de faire une sortie en vélo ?":

"Non, il est interdit de pratiquer le vélo pour les loisirs.
Sauf pour les enfants: ils peuvent faire du vélo s’ils sont accompagnés par un adulte qui les accompagne à pied, à raison d’1 heure quotidienne au maximum, dans un rayon d’1 kilomètre autour du domicile. N’oubliez pas votre pièce d’identité et votre attestation de déplacement dérogatoire.
En revanche vous pouvez faire du vélo pour vos déplacements professionnels, de santé ou pour faire vos courses."

On doit donc comprendre que non, mais oui pour les enfants et oui en fait pour les déplacements du quotidien. Cette réponse officielle reflète la complexité d'une question d'apparence pourtant simple.

C'est aussi ce qui explique la réponse négative dans un premier temps, pour la pratique sportive du vélo (avant la décision du Conseil d'Etat du 30 avril), alors qu'il est bien précisé par la suite que toutes les autres utilisations du vélo sont autorisées, sous-réserve bien sûr de disposer d'une raison valable de sortie de chez soi. 

Pour rendre l'affaire encore un peu plus complexe, sur le site officiel sur le coronavirus, la réponse aux interrogations sur le vélo ne se trouve pas dans la rubrique "Sorties et déplacements"... mais dans l'intitulé "Sport".

Ce classement dans la rubrique "Sport" peut illustrer une vision du vélo uniquement pris comme véhicule de loisirs, alors que, depuis un certain nombre d'années maintenant, il s'impose clairement comme une solution de déplacement à part entière, pour se rendre au travail par exemple. On assiste ainsi depuis peu à un boom du "vélotaf", avec la récente grève dans les transports publics qui a accéléré ce mouvement.

Des vélos en libre-service toujours actifs

La plupart des services de vélos partagés sur bornes (Vélib' à Paris ou l'offre de JC Decaux dans de nombreuses villes de France) restent d'ailleurs actifs pendant le confinement. Justement afin d'offrir une solution aux gens qui ont besoin de se déplacer, dans le contexte d'une offre de transports en commun limitée et qui peut être écartée pour raison sanitaire.

Pour être clair, nous reprenons dans cet article la "position du gouvernement", confirmée par la ministre des Transports Elisabeth Borne le 27 mars dernier.

Certains cyclistes contestent les verbalisations

Or, certains cyclistes et associations revendiquent fermement qu'aucun texte légal ne précise réellement cette interdiction de la pratique sportive du vélo. La FUB (Fédération française des Usagers de la Bicyclette) a publié un thread sur le sujet sur son compte Twitter et recense des témoignages de personnes s'estimant injustement verbalisées, et pas seulement pour cette pratique sportive mais pour aller faire des courses par exemple.

Dans ce contexte, la FUB recommande de contester la contravention, en suivant la procédure classique et qui s'applique d'ailleurs à tous les cas, pas seulement à vélo et pendant le confinement.

Le magazine Weelz a également interrogé un expert en droit, Ludovic Duprey, ancien procureur de la république au tribunal de Valenciennes (Nord), et aujourd'hui vice-président adjoint au tribunal de grande instance de Lille. 

"La situation que nous vivons tous est extrême et ce caractère exceptionnel fait que les agents sur la voie publique ne sont pas tous bien formés ou informés, ce qui entraîne erreurs et parfois excès de zèle", explique-t-il notamment, recommandant lui aussi de contester l'amende par les voies classiques.

"Dans tous les cas, vous devrez fournir des preuves. Veillez à bien garder votre attestation de sortie du jour, l'adresse de départ et l'adresse du lieu où vous vous rendiez (dans le cadre d'une utilisation vélo utilitaire). Fournissez également le texte du décret", conseille également l'article, précisant bien qu'il n'a pas été écrit "dans un but incitatif à la pratique vélo, notamment sportive" mais pour clarifier les choses d'un point de vue juridique.

Le Conseil d'Etat donne raison aux cyclistes

Dans une décision rendu le 30 avril, le Conseil d'Etat vient de donner raison à la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) qui avait déposé un recours contre les autorités sur la pratique du vélo de loisir, après avoir constaté de nombreuses verbalisations pour usage du vélo malgré le respect des 1 km/1h de sortie. 

A vélo aussi, les gestes barrière s'appliquent. Lavez-vous régulièrement les mains et évitez de vous toucher le visage, surtout dans le cadre de l'utilisation d'un vélo partagé.
Prenez vos distances tant que possible avec les autres cyclistes et usagers de la route. Quelle distance? Si on parle d'un mètre à respecter en tant que piéton, à vélo il faudrait prendre beaucoup plus de précaution. Une étude belgo-hollandaise estime à dix mètres la distance lorsqu'on court ou qu'on fait du vélo derrière une personne. Et il faudrait s'espacer de 20 mètres de distance lorsque l'on pédale à grande vitesse.
En cas de dépassement, il est recommandé d'anticiper un maximum en laissant une distance de sécurité maximale, un peu à la manière de ce qu'on doit faire en voiture.
Enfin, vous pouvez bien sûr porter un masque en plus des équipements obligatoires (gilet de haute visibilité la nuit, éclairages...) et recommandés (casque et autres protections).
Julien Bonnet