BFM Business
Auto

Patron d'Alpine: "Il faudra qu'on s'amuse au volant"

Michaël van der Sande, à gauche sur la photo, dirige Alpine depuis le 1er mars. Nous l'avons rencontré à Genève où il nous parle de la marque et de la future berlinette, qui n'est pas exposé sur le salon suisse.

Michaël van der Sande, à gauche sur la photo, dirige Alpine depuis le 1er mars. Nous l'avons rencontré à Genève où il nous parle de la marque et de la future berlinette, qui n'est pas exposé sur le salon suisse. - Cédric Faiche

Le nouveau patron de la marque Alpine s'appelle Michaël van der Sande et il a pris ses fonctions mardi 1er mars, jour de l'ouverture à la presse du salon de Genève 2016. Nous l’avons rencontré pour tenter d'en apprendre un peu plus sur la future Alpine, celle qui sortira 22 ans après la fabrication de la dernière voiture de la marque.

Il faut lever la tête pour saluer Michaël van der Sande. Il donne sa taille: pile deux mètres, mais il ajoute aussitôt qu'il rentre facilement dans la future Alpine. C'est la première information qu'il lâche et les suivantes seront toutes aussi sous-pesées avant d'être délivrées. Cela dit, le tuyau n'est pas si anodin. Le tout nouveau patron d'Alpine insiste sur la facilité d'utilisation de la future voiture, tout au long de cet entretien d'une heure au Salon automobile de Genève où le dernier concept de la marque, l'Alpine Vision, n'est malheureusement pas présent.

"Elle sera très confortable. Mais ce sera aussi une Alpine à 100%, avec beaucoup de plaisir de conduire. On ne veut pas qu'elle soit super sur circuit mais inconfortable, ni qu'elle soit très confortable mais pas dynamique", détaille Michaël van der Sande. Pour résumer le caractère de la future Alpine, le Néerlandais, passé par de grands groupes automobiles internationaux, ponctue souvent ses phrases de quelques mots d'anglais: "Il faut qu'elle soit enjoyable". Un terme qu'il tente de traduire aussitôt: "Même si on n'a qu'un quart d'heure pour aller au boulot, il faut qu'on s'amuse. Et elle sera très confortable".

"Il faut que la nouvelle Alpine soit enjoyable. Même si on n'a qu'un quart d'heure pour aller au boulot, il faut qu'on s'amuse. Et elle sera très confortable", confie Michaël van der Sande.
"Il faut que la nouvelle Alpine soit enjoyable. Même si on n'a qu'un quart d'heure pour aller au boulot, il faut qu'on s'amuse. Et elle sera très confortable", confie Michaël van der Sande. © Cédric Faiche

La mécanique Alpine déjà en test sur route

L'homme dirigeait le marketing du groupe Renault jusqu'à présent, après être passé par les services marketing de Nissan, Rolls Royce, Bentley, Harley-Davidson, Tesla et Aston Martin. Autant dire qu'il a une vision très claire des différentes étapes de la gestation d'une nouvelle voiture. "Pour l'instant, on a toutes les briques de Lego. Il reste à les assembler pour définir l'offre qu'on va présenter aux clients", confie Michaël van der Sande.

Concrètement, il nous avoue que l'Alpine qui sera commercialisée en 2017 roule déjà sur nos routes françaises mais aussi sur celles de ses futurs marchés internationaux. Oh bien sûr pas sous sa forme finale, mais camouflée sous un mulet. Autrement dit, toute la partie mécanique est déjà en cours de test et roule discrètement avec une carrosserie empruntée à une voiture de série. "Comme on l'a dit à Monaco, en présentant le concept Vision, le style est figé à 80%, détaille Michaël van der Sande. Il faudra juste modifier des pièces comme les rétroviseurs ou les poignées de portes, qui ne sont pas réalisables en série et ne seraient même pas autorisées. On a donc une liste de plusieurs milliers de pièces que l'on développe selon un planning, depuis un an déjà pour les plus complexes. Vous savez, ça prend deux ans pour développer une jante!"

Et Michaël van der Sande confie qu'un prototype de la future Alpine sous sa forme définitive roulera sur nos routes dans le courant de l'année. "Mais elle sera camouflée bien sûr hein!", s'empresse-t-il d'ajouter. A vos appareils-photo donc pour essayer de capturer l'un de ses prototypes, bardé de protubérances pour cacher les détails de sa carrosserie et d'un voile noir pour protéger des regards la future planche de bord.

Alpine teste déjà sur route toute la partie mécanique de son futur modèle de série. Dans le courant de l'année, c'est un prototype de la version définitive qui sera testé sur les routes françaises.
Alpine teste déjà sur route toute la partie mécanique de son futur modèle de série. Dans le courant de l'année, c'est un prototype de la version définitive qui sera testé sur les routes françaises. © Cédric Faiche

Pas d'Alpine au Mondial

A côté de nous, sur le stand Renault du salon de Genève, aucune mention d'Alpine, alors que la marque a été officiellement relancée 15 jours plus tôt avec le nouveau concept-car Vision. "On l'a présenté à Monaco parce qu'on liait la voiture à une expérience: le col du Turini, le milieu de la course auquel appartient Alpine. Bien sûr on aurait pu prendre un stand à Genève, mais ça ne correspond pas à la voiture de l'exposer sur la moquette derrière des cordes. Ce que vous pouvez deviner, c'est que la prochaine fois que vous la reverrez, d'ici la fin de l'année, ce sera en extérieur, pas derrière des barrières, en tout cas pas avant sa commercialisation", résume Michaël van der Sande.

C'est une info supplémentaire: la future Alpine de 2017 ne sera donc pas présente au prochain Mondial de Paris, comme nous l'écrivions déjà il y a quelques semaines. Où en est le développement de la voiture? "On est en train de définir le caractère de la voiture. On règle par exemple le nombre de tours de volant de butée à butée. C'est très important, insiste Michaël van der Sande. Ca ne nous intéresse pas de faire une voiture surpuissante mais lourde et donc bourrée d'aides électroniques. Il y a quelques jours, j'étais dans la voiture avec un pilote-essayeur sur un circuit. J'ai passé la journée en glissade à regarder devant moi à travers les vitres latérales. Je peux vous dire qu'elle sera très joueuse!".

Concept Alpine Vision
Concept Alpine Vision © Cédric Faiche

Commercialisation en 2017

Trois questions subsistent: quel nom, quand et à quel prix? AS1 serait seulement un nom de projet et A120 une invention de journaliste. A propos de la date : "On a un planning, mais on ne vous le donne pas car s'il faut prendre un mois de plus pour travailler sur un élément, on le fera mais ce ne sera pas du retard, prévient Michaël van der Sande. Contrairement à un modèle classique, on n'a pas de pression pour remplacer rapidement un modèle existant. Ca fait un moment que la nouvelle Alpine est attendue, on n'est plus à ça près". La date de commercialisation est donc pour le moment assez floue: 2017. "Deuxième trimestre", s'est risqué à annoncer Carlos Ghosn à Monaco le mois dernier.

Quant au prix, le patron d'Alpine n'est pas plus précis sur le sujet que le big boss du groupe Renault: "Moins cher qu'une A110 de collection à 80.000 euros, plus chère qu'une Mégane RS (32.450 euros, ndlr)". Sachant qu'une Lotus Elise réalisant le 0 à 100 km/h en 4,6 secondes est affichée à 50.000 euros, on peut imaginer que l'Alpine positionnée "premium" ne sera pas moins chère. Mais pour rester attractive, elle ne devra pas trop s'approcher des Porsche aux performances comparables, en vente à plus de 60.000 euros.

Cédric Faiche, à Genève