BFM Business
Auto

Paris forme une brigade pour verbaliser les deux-roues bruyants

Les deux-roues motorisés, motos et scooters, émettent souvent bien plus que les 80 décibels autorisés. La ville de Paris entend lutter contre cette pollution sonore avec des agents formés pour verbaliser les contrevenants. Coût de l'amende: 180 euros minimum.

180 euros minimum. C'est l'amende que risquent de nombreux motards et scootéristes lorsqu'ils circulent dans Paris si leur deux-roues fait trop de bruit. Pour verbaliser cette infraction, 40 policiers ont été formés et sont actifs depuis quelques semaines dans la capitale.

"Nous circulons dans Paris, mais nous intervenons aussi s'il y a des plaintes de riverains auprès des différentes mairies", explique Stéphane, chef de cette nouvelle brigade motorisée. 

Depuis le mois de septembre, les agents de la brigade anti-bruit ont déjà dressé 147 procès verbaux. Et ce nombre risque d'augmenter.

En effet, en plus de ces agents, la mairie de Paris veut désormais installer à certains endroits des radars anti-bruits capables de verbaliser automatiquement les véhicules trop bruyants. Ce dispositif, appelé Méduse, a testé l'été dernier à Villeneuve-le-Roi dans le Val-de-Marne. La ville de Paris demande à devenir également un site d'expérimentation de ce système.

Sauf les motos homologuées

Ces équipes sont équipées d'un sonomètre pour vérifier le dépassement du niveau sonore autorisé, soit 80 db pour les motos selon la norme européenne. La facture peut très vite grimper.

En cas d'excès, l'amende est de 90 euros auquel s'ajoute une autre amende pour la chicane retirée. Sans cet accessoire installé dans le pot d'échappement, le niveau sonore monte de 20 à 30 db. Or, quand le niveau augmente de 3db, l'impression sonore ressentie par les riverains double. Si le deux-roues est équipé de deux pots d'échappement, c'est la double peine, soit 180 euros, avec toujours les 90 euros de dépassement, soit un total de 270 euros.

En plus de la verbalisation, les motards devront mettre leur machine en conformité avec la législation, soit le seuil sonore maximal autorisé à l'homologation pour leur deux-roues.

Reste que les motards ne sont pas égaux face à cette limite. En sont exclus, les motos dont la carte grise spécifie un niveau pouvant dépasser les 90 db à l'homologation. "C'est la plaque constructeur qui prévaut avec ce niveau quand la machine a été homologuée", signale Arlen Nichanian, concessionnaire Harley Davidson à Paris. 

Paris, parmi les villes les plus bruyantes du monde

Des élus parisiens s'insurgent contre ce permis de faire plus de bruit. "On interroge la réglementation française et européenne pour la changer vite parce que c'est un problème de santé public", annonce Aurélie Solans, conseillère à la mairie de Paris pour l'environnement en rappelant que selon l'Organisation mondiale de la santé, l'exposition globale aux bruits routiers ne devrait pas excéder 53 db en journée.

En 2018, l'association berlinoise Mimi Hearing a réalisé un classement des ville les plus bruyantes du monde. Paris arrive en 9ème place derrière Pékin (Chine) ou Mexico (Mexique), mais occupe la deuxième marche du podium européen, derrière Barcelone (Espagne).

De nombreux motards et scootéristes justifient que le bruit est un élément de sécurité indispensable pour se faire entendre des automobilistes peu attentifs aux deux-roues. Reste que le bruit est au coeur de la culture motarde. "Dans l’imaginaire du motard 'moyen', une moto est faite pour 'faire du bruit'. Beaucoup de motards ne jurent que par le bruit de leur moto, synonyme pour eux de vitesse, de puissance, donc de virilité…", explique le site Moto Passion en assurant que les pots bruyants ne sauvent pas des vies. "C’est un mythe, au mieux une erreur, au pire un mensonge". Ce sont des motards qui le disent.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco