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Paris accueille d'inédits radars renifleurs de pollution

Les automobilistes doivent abaisser leur vitesse de 20 km/h pendant cet épisode de pollution.

Les automobilistes doivent abaisser leur vitesse de 20 km/h pendant cet épisode de pollution. - Mehdi Fedouach - AFP

Trois portiques scannant les plaques d’immatriculation et analysant les émissions polluantes des véhicules flashés ont été installés dans des rues de Paris. Un dispositif qui est, pour l’instant, utilisé à des fins scientifiques.

La famille des radars s'agrandit. On connaissait les radars automatiques, ceux flashant au feu rouge, les radars discriminants (capables de distinguer un poids-lourd d'une auto) ou encore les radars tronçons (mesurant la vitesse moyenne sur une distance définie). Voici qu'arrivent désormais dans les centres-villes les "radars détecteurs de pollution".

Il n'y a là aucune trace de science-fiction. Ce type d'appareils est prêt. Les premiers exemplaires sont même déjà -très discrètement- entrés en service.

Dans le cadre de l'expérimentation "TRUE" (The Real Urban Emissions Initiative) menée par le Conseil international pour un transport propre (ICCT), trois portiques détecteurs de pollution ont été installés à Paris. Situés boulevard Diderot (12e arrondissement), rue de Tolbiac et avenue de Choisy (13e arrondissement), ces nouveaux appareils ont pour mission d'analyser et de répertorier, jusqu'à mi-juillet, les émissions polluantes d'environ 120.000 véhicules. Deux-roues compris.

>> Comment cela fonctionne-t-il ?

Lorsqu'un véhicule se présente à proximité de l'un de ces portiques, sa plaque d'immatriculation est alors scannée par l'installation. Connecté à une base de données, l'appareil sait alors s'il est confronté à véhicule diesel, essence ou utilisant une énergie alternative (GPL, GNV, ...). Des rayons laser, dirigés vers la chaussée, balaient ensuite le "nuage de pollution" généré lors du passage de l'auto, du scooter ou de la moto flashée. 

Comme l'expliquent nos confères d'Auto Plus, les émissions polluantes sont alors analysées puis reportées sur un graphique en fonction de leur type. Sont répertoriées les émissions de monoxyde de carbone (CO), de dioxyde de carbone (CO2), d'oxydes d'azote (NO), de dioxyde d'azote (NO2), d'hydrocarbures imbrûlés ou encore de particules fines (PM 2,5). 

>> Peut-on être verbalisé ?

Non. Les portiques renifleurs de pollution déployés dans Paris ont un objectif scientifique. Leur installation s'inscrit dans le cadre d'une expérimentation menée par l'ICCT et soutenue par le C40 (le comité regroupant les plus grandes agglomérations du monde), présidé par Anne Hidalgo, par ailleurs maire de Paris. 

"Ce n’est pas un outil de flicage mais un instrument de collecte anonyme de données qui va nous permettre d’obtenir un inventaire beaucoup plus précis de la pollution", affirme Christophe Najdovski dans les colonnes du Monde"C’est un outil révolutionnaire qui permet de visualiser la réalité d’une pollution qui reste invisible", ajoute le maire adjoint de Paris en charge des Transports.

>> À quoi ces relevés vont-ils servir ?

À l'issue de la période d'expérimentation, les données collectées seront compilées afin de dresser un état des lieux des émissions moyennes de polluants émis par type de véhicule ou de motorisation. 

Autrement dit, les scientifiques menant cette étude pourront, par exemple, découvrir quels sont les rejets moyens de CO2 des Renault Mégane essence. Ou s'intéresser aux émissions moyennes de dioxyde d'azote des Peugeot 308 diesel.

Une fois ces résultats en mains, collectés dans des conditions réelles d'utilisation des véhicules, il pourront les comparer avec les fiches techniques des constructeurs (valeurs d'homologation) qui optimisent régulièrement leurs véhicules afin d'obtenir les moyennes les plus basses possibles.

Comme le souligne Le Monde, une première étude achevée en juin est arrivée à la conclusion que certains modèles rejettent jusqu'à 18 fois plus de polluants que les valeurs autorisées. Les résultats de l'expérimentation parisienne seront, eux, connus à l'automne.

Antonin Moriscot Journaliste BFMTV