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Où croisez-vous le plus souvent des SUV en France?

Le 3008, le SUV best-seller de Peugeot, modèle le plus vendu en France.

Le 3008, le SUV best-seller de Peugeot, modèle le plus vendu en France. - ERIC PIERMONT / AFP

Fortement critiqués ces derniers mois, les SUV font pourtant partie des modèles préférés des Français. Quels modèles, dans quels départements, quel impact sur les émissions de CO2, portrait-robot des SUV en France.

Ils sont sous le feu des critiques depuis le début de l’année. Menacés d’un malus au poids, accusés de polluer plus que les autres véhicules, les SUV représentent pour de nombreux observateurs, élus, écologistes, une aberration.

Ce sont pourtant les véhicules préférés des Français, puisqu’ils représentaient 38% des immatriculations en septembre. Depuis le début de l’année, quatre SUV font partie des 10 véhicules les plus vendus. Le SUV le plus vendu, c’est le 3008, best-seller de Peugeot depuis sa sortie il y a bientôt 2 ans et demi.

Dans les Hauts-de-Seine comme dans les Alpes

Parmi les critiques qui leur sont opposées, leur trop forte présence en ville. D’où la menace d’une taxe plus élevée sur leur stationnement avancée par la mairie de Paris. S’ils représentent 12,4% du parc dans la capitale, et presque 14% dans le département des Hauts-de-Seine, ce n’est pas uniquement dans ces départements les plus urbanisés qu’ils sont les plus nombreux.

Comme l’indique la carte ci-dessous, réalisée avec des données* fournies par notre spécialiste de la donnée automobile, AAA data, le parc de SUV est surtout important dans les zones aux conditions de circulation difficiles, en montagne comme en Haute-Savoie ou en Corse, ou encore dans des départements ruraux, comme les Landes (15% du parc), la Corrèze ou l’Aveyron (13% du parc). Mais c'est dans les Hautes-Alpes que la part de SUV est la plus importante de toute la France avec 16,8% du parc automobile du département.

Dans ce département, le Renault Captur s’avère le SUV le plus présent dans le parc, mais on trouve aussi beaucoup de Toyota RAV4 ou encore de véritables 4X4, comme les Mitsubishi Pajero et Toyota Land Cruiser.

Des émissions de CO2 supérieures

La principale critique adressée aux SUV reste cependant leur influence néfaste sur les émissions de CO2, influence aussi bien mise en avant par Greenpeace que par l’agence internationale de l’énergie. En consommant plus, car ils sont plus lourds que les berlines équivalentes, les SUV émettraient plus de CO2.

Ce reproche est-il fondé? Pour le savoir, nous avons analysé les émissions de CO2 de l'ensemble des véhicules vendus en 2019***. Parmi eux, 37,7% sont des SUV. Ils représentent pourtant 39,7% des émissions totales de CO2. Si ce taux est certes supérieur à la normale, il n'est pas non plus excessif. 

L'écart pour les voitures de sport est par exemple bien plus impressionnant. Alors qu'elles ne représentent que 0,47% du parc, elle rassemblent 0,78% des émissions de CO2, soit bien plus que la normale ! 

Nous avons aussi regardé les grandes berlines puissantes et le reste des véhicules (monospaces, citadines, compactes...), pour mesurer l’impact du poids. Dans les deux cas, les émissions de CO2 se montrent en proportion moins importantes qu’avec les SUV.

Reste un paradoxe. Alors que les ventes de SUV ont atteint un plus haut en septembre (38% des immatriculations), les émissions de CO2 ont atteint un plus bas depuis deux ans (109,6 grammes de CO2 émis par kilomètre), selon des chiffres publiés par le Comité des Constructeurs Français d'Automobiles (CCFA). Comme le marché des voitures électriques n’a pas vraiment bondi (1,9% des parts de marché), SUV ou pas, les motorisations seraient-elles devenues plus efficientes?

*Les données intègrent également des modèles estampillés 4x4 dans la classification. **Les émissions sont une moyenne de toutes les versions vendues pour un même modèle, en se basant uniquement sur les émissions de CO2 inscrites sur la carte grise, donc mesurées à l’homologation du modèle. ***Ces chiffres donnent seulement une idée du niveau d'émission puisqu'ils se basent uniquement sur la moyenne de CO2 émise par véhicule et enregistrées à l'homologation. Or, en conditions réelles de conduites, les émissions de CO2 dépendent de multiples facteurs : le type de moteur, le façon de conduire, le nombre de kilomètres parcourus, la qualité de la route... 

Pauline Ducamp et Louis Tanca