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Les voitures de plus de 20 ans invendables en Ile-de-France?

Le marché de l'occasion des voitures de plus de 20 ans en Ile-de-France est le plus faible de France, seulement 6583 véhicules au 06 juin.

Le marché de l'occasion des voitures de plus de 20 ans en Ile-de-France est le plus faible de France, seulement 6583 véhicules au 06 juin. - Flickr - Kleran White

Pour ses opposants, l’interdiction de circulation qui frappera au 1er juillet à Paris intra-muros les véhicules immatriculés avant le 1er juillet 1997 fera chuter leur prix. Mais le marché de la voiture d’occasion de plus de vingt ans en Ile-de-France semble encore avoir de beaux jours devant lui.

Pourra-t-on demain revendre sa vieille voiture en Ile-de-France? C’est l’une des questions posées par les dernières décisions de la Mairie de Paris. Au 1er juillet, les véhicules de plus de 20 ans, essence comme diesel, immatriculés avant le 1er janvier 1997, n’auront plus le droit de rouler intra-muros entre 8 et 20 heures en semaine. Ce qui pourrait aussi peser sur leur valeur.

La valeur du véhicule divisée par deux?

C’est en tout cas une hypothèse avancée notamment par les opposants à cette mesure de la mairie. "La valeur de ces véhicules tient essentiellement à la qualité de leur entretien, mais les interdictions de circulation auront un impact important sur ces voitures un peu âgées: cela va créer un effet de seuil, estime Pierre Steward, expert automobile chez BCA ExpertiseExperveo, dans un communiqué de l’Association 40 Millions d’Automobilistes. On estime que ces véhicules perdront 50% de leur valeur à la revente".

Leur valeur passerait ainsi de 2500 à 1000 euros, selon BCA ExpertiseExperveo, 870.000 voitures seraient concernées. 40 Millions d'automobilistes déposera d'ailleurs un recours contre l'arrêté municipal dès sa parution en juillet. Certains sites spécialisés américains évoquent ainsi une aubaine pour les fans de vieilles voitures françaises non-revendables de ce côté-ci de l’Atlantique. Si cette interdiction aura sans aucun doute des conséquences négatives sur la circulation des Franciliens, les conséquences sur la revente des voitures immatriculées avant 1997 ne sont pas aussi évidentes à évaluer.

Un tout petit marché en Ile-de-France

Tout d’abord, le marché des voitures d’occasion en Ile-de-France de plus de 20 ans est tout petit. C'est même le plus petit de France, selon le moteur de recherche intelligent AutoVisual, qui a en exclusivité pour notre site, épluché les sites de petites annonces professionnelles comme particuliers en date du 06 juin. Alors que 10% des voitures vendues en Auvergne ont plus de 20 ans, cette proportion tombe à 5,09% en Ile-de-France, soit… 6583 véhicules! Les propriétaires conservent donc surtout leurs vieilles voitures. "Ce ne sont pas des véhicules qui ont intérêt à retourner sur le marché de l’occasion, note Antoine Piombino, co-fondateur d’AutoVisual. D’ici quelques années, avec ou sans interdiction, elles disparaîtront".

Mille euros en moyenne

La question de la valeur de la voiture pose ensuite question. BCA ExpertiseExperveo l’estime à 2500 euros. "En moyenne, sur tous les départements franciliens, hors Paris, le prix moyen pour ce genre de voiture est de 1000 euros", souligne Antoine Piombino. Pour le co-fondateur d’AutoVisual, sur ce type de véhicule, le prix bas est de toute façon une condition sine qua none de sa vente. Passé 20 ans, un véhicule n'est en effet plus côté et des prix bas permettent de petites transactions simplifiées, de la main à la main.

Une demande pour des voitures à petit prix

Pour le moment, AutoVisual n’a noté aucune hausse des petites annonces de voitures de plus de 20 ans, les Parisiens ne se ruent pas pour vendre leur vieille voiture. "Il faudra attendre quelques semaines, voire plus, après l’entrée en vigueur de l’interdiction pour bien mesurer son impact", précise Antoine Piombino.

Si une vague de petites annonces déferlait, il trouverait preneur, selon Sylvain Girault, vice-président de l'Association Nationale des Experts en Automobile. "Les primes à la casse de ces dernières années ont fait disparaître de nombreuses voitures à petits prix. Or, depuis la crise de 2008, il y a une demande pour ce type de véhicules peu chères, souligne l'expert. Les sites de ventes ont déverrouillé le marché, les gens n'hésitent plus à faire 300km pour aller chercher un véhicule". On devrait encore voir rouler des Fiat Bravo, la Ford Escort ou la Citroën Saxo.

P. Ducamp