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Les trottinettes et vélos en libre service mis à rude épreuve pendant la grève

Les mobilités douces en utilisation massive pendant la grève.

Les mobilités douces en utilisation massive pendant la grève. - AFP

Avec les fortes perturbations dans les transports en commun depuis le 5 décembre, les Parisiens se tournent massivement vers les nouvelles formes de mobilité. Vélos, trottinettes et scooters en libre-service sont pris d'assaut. Un vrai test pour les opérateurs qui doivent répondre à la forte demande des utilisateurs.

Une circulation très dense sur les pistes cyclables parisiennes, c'est ce qu'on constate depuis le début de la grève contre la réforme des retraites démarrée le 5 décembre. Mais sur les voies dédiées aux mobilités douces, on ne trouve pas que des propriétaires de vélos et trottinettes. Pour beaucoup, c'est aussi l'occasion de tester la location de ces engins via des applications désormais assez connues.

+165% de trajets en trottinettes 

Ce mardi, Fluctuo, spécialiste des données sur les mobilités partagées, recensait 245.000 trajets réalisés via des mobilités partagées (les applications de "free-floating" et les Vélib' avec des bornes où les déposer), un record. Rien que pour les trottinettes, cela représente une hausse de 165% par rapport au dernier jour "normal" d'avant la grève, le mardi 3 décembre.

Chez l'opérateur Dott par exemple, on constate une forte hausse des trajets réalisés avec ses trottinettes en libre-service: elle a doublé les deux premiers jours par rapport à un jeudi et vendredi habituels puis s'est littéralement envolée: +160% lors du premier week-end de grève et +230% ce lundi. En une semaine, son nombre quotidien d'inscrits sur l'application a été multiplié par 10. Face à cette affluence record, la plate-forme explique "avoir renforcé ses équipes pour continuer à assurer un service fiable et de qualité".

Les courses à vélo en hausse de 260%

Mis à rude épreuve déjà en temps normal, les trottinettes et tous les engins en location courte-durée doivent en effet faire face à un rythme d'utilisation plus important. 

Jump, les vélos et trottinettes en libre-service proposés par le géant des VTC Uber, ne chôment pas non plus. "Sur les derniers jours, le nombre de courses en vélos et trottinettes Jump a augmenté entre 150 et 250%, avec un pic dimanche 8 décembre, où le nombre de courses à vélos a augmenté de plus de 260%", explique l'opérateur.

Cityscoot, qui propose de son côté des scooters en libre-service, a enregistré depuis le début de la grève un bond de +122% de la demande par rapport à la semaine précédente et quatre fois plus de nouveaux utilisateurs ayant réalisé un premier trajet.

Logistique et entretien, les deux gros défis des opérateurs

Parmi les principaux défis pour ces opérateurs: positionner les engins à des endroits stratégiques. Une fois une course terminée dans le centre de Paris par exemple, trottinette ou vélo peuvent par exemple être déplacé jusqu'aux abords d'une grande gare parisienne. La gestion logistique des compagnies est une clé pour bénéficier efficacement de la manne de clients. 

Une intervention régulière est également nécessaire, pour effectuer de petites réparations et recharger les batteries notamment. Fluctuo notait par exemple une disponibilité des engins disponibles à la location courte durée en baisse de 23% depuis le début de la grève, signe d'un parc de véhicules mis à rude épreuve.

Chez Jump (Uber), on assure que des vélo-cargos à assistance électrique et des camions au gaz naturel effectuent plus de 70% des opérations de terrain, avec au moins une intervention par jour par vélo (qui dispose d'une batterie interchangeable). 

Après les dégradations, le sabotage

A côté d'un usage intensif, qui peut endommager les véhicules, les compagnies doivent également faire face à un nouveau phénomène : le sabotage, revendiqué en particulier par les militants écologistes d'Extinction Rebellion

"C'est devenu assez courant de réserver un vélo Jump pour un euro, puis, en arrivant à son niveau pour le débloquer, de constater qu'il a son QR Code à flasher avec son smartphone recouvert d'une trace de marqueur ou de peinture, ou un pneu crevé", témoigne une utilisatrice.

Face à ce problème, il est recommandé de signaler via l'application Uber le vélo ou la trottinette saboté, avec des frais de réservation remboursé à la clé. Mais pour un euro et l'urgence parfois de se déplacer, difficile de savoir combien d'utilisateurs prennent la peine d'effectuer cette démarche. Côté Uber, on rappelle que les agents circulant dans les vélos-cargos disposent désormais d'un chiffon et d'un peu d'alcool qui le plus souvent peuvent faire disparaître la tâche empêchant la lecture du QR Code.

Les sabotages n'empêchent toutefois pas ces engins de connaître un grand succès. Parmi les raisons, une forte disponibilité, face notamment aux difficultés rencontrés sur le réseau Vélib' victime de nombreux bugs depuis le début de la grève. 

Les partenariats noués avec la RATP permettent aussi aux utilisateurs de profiter de réductions chez de nombreux opérateurs. De quoi rendre cette solution relativement onéreuse de substitution aux transports en commun plus attirante pour le grand public.

Julien Bonnet