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Les radars anti-bruit déboulent en Ile-de-France

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Après un premier appareil installé en phase de test dans les Yvelines fin juillet, un nouveau radar anti-bruit vient d’être installé dans le Val-de-Marne. Il doit aider à lutter contre les rodéos urbains.

Ses quatre petites branches et sa présence en haut d’un mât le font ressembler à un anémomètre. Ce n’est cependant pas le vent, mais le bruit, que ce nouveau radar surveille. Son nom: "Méduse", avec quatre micros comme autant de petites pattes, pouvant mesurer 10 fois par seconde le bruit ambiant, et surtout celui de la circulation automobile ou en deux-roues.

Après un premier exemplaire installé fin juillet dans les Yvelines, à Saint-Forget, ce radar anti-bruit a aussi fait son apparition à Villeneuve-le-Roi, dans le Val-de-Marne, souligne ce jeudi Le Parisien. Un troisième dispositif devrait également être installé prochainement dans Paris.

Objectif : verbaliser automatiquement les conducteurs trop bruyants

Le but est de mesurer, pour pouvoir verbaliser ensuite automatiquement les nuisances sonores. Trois quarts des Franciliens se disent en effet préoccuppés par le bruit, explique ce jeudi sur RMC Fanny Mietlicki, directrice de Bruitparif.

Le "Méduse" a en effet été développé par cette association qui se présente comme un "centre d'évaluation technique de l'environnement sonore en Ile-de-France". Les différents capteurs enregistrent les bruits, et un algorithme est ensuite capable de les localiser, de savoir donc si les décibels émanent du scooter ou du camion qui vient de passer. Les capteurs sont les mêmes que ceux qui sont déjà utilisés dans Paris par exemple, pour mesurer le volume sonore dans certains quartiers festifs.

"Nous n’en sommes qu’au tout début, nous avons conçu une technologie qui permet de voir la provenance du bruit, donc d’avoir la trace acoustique d’un engin, nous explique Fanny Mietlicki. Pour en faire un radar sanction, il va falloir coupler ces informations, avec une caméra de lecture de plaque d’immatriculation (caméra LAPI), ou via les centres de surveillances urbaines. Nous allons rentrer dans une phase d’expérimentation".

C’est ce qui va se passer à Villeneuve-le-Roi, afin de tester l’interopérabilité des deux systèmes. Son maire (LR) Didier Gonzales n’est autre que le président de Bruitparif.

"Dès la rentrée de septembre, on doit connecter le radar à notre centre de supervision urbain, annonce-t-il dans Le Parisien. Nous voulons que les amateurs de rodéos soient verbalisés comme le conducteur qui grillerait un feu rouge. Là avec l'image et le bruit, ce sera parfait".

Ce qu’expliquait déjà en juillet Maxime Vercruisse, conseiller municipal de Saint-Forget, juste avant l’une des plus jolies routes de la vallée de Chevreuse, très prisée des motards. "Ils vont collecter des sons pour passer à de la répression. Il y aura une lecture de plaques avec un éventuel procès-verbal", expliquait alors l’élu. Didier Gonzales évoque des niveaux sonores de 120 à 130 dB, soit l’équivalent au bruit d’un avion au décollage.

Une législation en cours de développement

Reste maintenant à savoir quel niveau sonore marque le seuil de l'inacceptable. Le Code de la Route encadre déjà le bruit des véhicules. Dans son article R.318-3, il précise que les conducteurs de véhicules à moteur doivent "ne pas émettre de bruits susceptibles de causer une gêne aux usagers de la route, ou aux riverains", sous peine d’une amende de 68 euros (sans mesure sonométrique) ou 135 euros (à l’issue d’un contrôle). Les forces de l’ordre peuvent mener des contrôles et verbaliser, soit après les relevés des appareils de mesure, soit en entendant passer un véhicule, manifestement non conforme.

Le niveau sonore des véhicules est aussi encadré à l’homologation. La limite est actuellement de 72 dB, avec une tolérance plus élevée pour des véhicules plus puissants. Le développement des véhicules hybrides et électriques participe également à plus de calme en agglomération.

Les automobilistes ou conducteurs de deux-roues ne seront cependant pas verbalisés par les radars Méduse tout suite. Il faut en effet un cadre législatif pour vidéo-verbaliser les véhicules qui font trop de bruit, et il dépend d’un amendement de la loi d’orientation des mobilités qui revient à l’automne à l’Assemblée Nationale. Le Conseil d’Etat devra ensuite être prendre un décret, pour encadrer les niveaux sonores à ne pas dépasser. "Il serait plus simple de fixer un seuil absolu, à ne pas dépasser, pour une verbalisation automatique", avance Fanny Mietlicki.

"Ce qui est très difficilement supportables, ce sont les allers-retours et les runs qui sont conduits par des motards, confiait à RMC Claude, un habitant de Saint-Forget. J'ai peur que si on se limite à un radar pédagogique, ce soit un coup d'épée dans l'eau. Il faut accompagner tout ça de sanctions, c'est indispensable".

Pauline Ducamp