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Les gilets jaunes demandent le retrait du nouveau contrôle technique

Dans une tribune publiée ce dimanche, des porte-paroles des gilets jaunes demandent l'annulation de la nouvelle réglementation du contrôle technique.

Dans une tribune publiée ce dimanche, des porte-paroles des gilets jaunes demandent l'annulation de la nouvelle réglementation du contrôle technique. - MYCHELE DANIAU / AFP

Le contrôle technique avait été durci le 20 mai. Ce dimanche, l’annulation de cette nouvelle législation a été demandée par les gilets jaunes.

Le contrôle technique dans le viseur des gilets jaunes. Parmi les revendications des manifestants émises ce week-end, l’une concerne la nouvelle réglementation du contrôle technique, entrée en vigueur le 20 mai.

"De manière immédiate et sans condition, nous demandons le gel de la hausse des taxes sur les carburants et l'annulation de l'alourdissement du contrôle technique automobile", peut-on lire dans l’appel de 10 porte-paroles des "gilets jaunes libres" dans le Journal du Dimanche le 2 décembre.

Un contrôle technique plus cher

Ce nouveau contrôle technique se caractérise par un examen plus long, avec plus de points de contrôle du véhicule, et surtout la mise en place de la "défaillance critique". Cette défaillance envoie directement le véhicule en contre-visite, car elle porte sur des éléments cruciaux de sécurité (par exemple l’absence de plancher, ou d’un feu stop). Une contre-visite entraîne des réparations, pour pouvoir repasser le contrôle technique et le valider, donc des frais de réparations.

Comme l'examen est plus long, la facture du nouveau contrôle technique se montre plus élevée qu’auparavant (le prix est à la discrétion des centres), entre 50 et 75 euros en moyenne, selon des chiffres compilés par les professionnels. Le Conseil National des Professionnels de l'Automobile (CNPA) note une hausse moyenne de 10 à 15% des prix en France.

Et le contrôle technique va encore évoluer. Après l’adaptation en mai de cette directive européenne, il se durcira en effet au 1er janvier sur le volet pollution, via une nouvelle réglementation française cette fois. L’objectif de ces deux nouvelles formules du contrôle est de mettre à la casse les véhicules peu entretenus, donc dangereux. 

"Les raisons de la colère des gilets jaunes viennent d’une série de mesures qui ont pu paraître anodines quand on vit en ville: la limitation à 80km/h, la hausse du prix du carburant et du contrôle technique, l’augmentation des flashs, ça touche des gens dépendant à la voiture", rappelait ce dimanche sur France Culture Xavier Crettiez, professeur des Universités à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye.

Une hausse modérée des contre-visites

"Le nombre de contre-visites n'a pas explosé, nous confiait cependant mi-octobre Bernard Bourrier, président d'AutoVision et du métier 'Contrôle technique' au CNPA. Il n'y a pas de risques pour un véhicule correctement entretenu". Selon les derniers chiffres publiés ce lundi, "le taux moyen national de contre-visite est de 20,59% pour les véhicules particuliers en octobre 2018 quand il était de 18,41% en janvier 2018 sous l’ancienne réglementation", souligne le CNPA dans un communiqué.

Le nombre de contre-visites pour défaillance critique ne représente lui que 1,5% des contre-visites, portant principalement sur les pneumatiques, les feux stop et le frein de stationnement. "Elles peuvent donc être réparées rapidement et à un coût raisonnable", notent les professionnels, qui ont par ailleurs investi en formation de leurs équipes pour mettre en place ce nouveau contrôle technique. 

De nouvelles annonces du Premier ministre cette semaine

Parmi les annonces du Premier ministre cette semaine, l'une concernera-t-elle le contrôle technique? Edouard Philippe doit en effet dévoiler de nouvelles mesures pour calmer la colère. Il recevra ainsi ce mardi une délégation de porte-paroles des gilets jaunes. Ce lundi, ce sont les représentants des principaux partis que reçoit l’exécutif, avant des débats mercredi à l’Assemblée Nationale, et jeudi au Sénat. Se pose cependant ici une question de droit, si l'on parle de la réforme du 20 mai, comme l'évoque l'appel des gilets jaunes. Le gouvernement peut-il annuler la transposition en droit français d'une directive européenne, comme dans le cas du contrôle technique? "Il n’y a donc pas de retour en arrière possible au niveau français sur cette réglementation", précise de son côté le CNPA.

Pauline Ducamp