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Les Français roulent trop vite et téléphonent trop sur autoroute

Les automobilistes respectent de moins en moins le code de la route sur autoroute, indique une étude du réseau Sanef publiée ce jeudi. De plus en plus de conducteurs utilisent leur téléphone au volant, notamment des chauffeurs de poids lourds.

Des automobilistes qui conduisent toujours plus vite, toujours plus près de la voiture qui précède et, de plus en plus souvent, téléphone en main, voilà ce qui ressort de la 8e édition* de l’Observatoire Sanef des comportements, publiée ce jeudi.

43% des automobilistes au-dessus de la vitesse autorisée

"Ce baromètre est le plus mauvais depuis 2012, en ce qui concerne la vitesse", nous explique Pascal Contremoulins, responsable de la sécurité routière à la Sanef.

43% des automobilistes roulent ainsi au-dessus de la vitesse autorisée, entre 130 et 150km/h (les poids lourds ont été exclus de ces mesures). 4% dépassent même les 150km/h, contre 3% l’année précédente. La vitesse moyenne a elle augmenté, à 129km/h, soit pratiquement la limité légale autorisée.

"Pendant les mois précédents, les forces de l’ordre étaient peut-être occupées ailleurs, ce qui a pu créer un sentiment d’impunité, poursuit Pascal Contremoulins. Or, quand la vitesse est trop élevée, un conducteur n’aura pas les moyens de réagir si un problème survient devant lui, car le phénomène est masqué par la voiture précédente. Un accident sur 5 sur autoroute est un sur-accident, c’est-à-dire qu’il implique plus de deux voitures".

6% des automobilistes ont leur téléphone en main sur autoroute

Mais le comportement qui inquiète particulièrement, c’est l’usage du téléphone au volant. 6% des automobilistes le tiennent en main, quand ils conduisent sur autoroute, contre seulement 4% en 2015. Ce phénomène est particulièrement inquiétant chez les chauffeurs de poids-lourds: 15% ont été vus, téléphone en main.

"15% des accidents mortels sur autoroute sont dus à l’inattention, rappelle Pascal Contremoulins. 20% des poids lourds font des écarts sur la bande d’arrêt d’urgence, soit 1 écart chaque minute. Et s’il est acquis que l’alcool au volant est dangereux, les automobilistes n’ont pas encore pris conscience du danger du téléphone au volant".

Une étude américaine avait montré en 2016 qu’envoyer un sms en conduisant multipliait par 23 le risque d’accident. Le passage au smartphone a démultiplié l’usage du téléphone. La gendarmerie nous avait indiqué en juin qu’elle verbalisait 800 infractions chaque jour en France mettant en cause le téléphone.

Un sentiment de sécurité trompeur

Plus globalement, le baromètre Sanef montre un relâchement des automobilistes sur autoroute.

"On se sent en sécurité sur le réseau autoroutier, ce qui se traduit paradoxalement par des comportements qui ne sont pas forcément les bons, résume Pascal Contremoulins. Les automobiles ont beaucoup participé à la sécurité routière, elles sont très confortables. Les infrastructures autoroutières sont de qualité, mais ce sentiment de sécurité mène en réalité à l’insécurité".

La mortalité sur autoroute reste l’une des plus basses, avec 157 tués sur les 9000 kilomètres d’autoroutes concédées l’an dernier. Au total, 3488 personnes ont perdu la vie sur les routes françaises en 2018.

* L'étude a été réalisée fin mars, pendant une semaine 24 heures sur 24, sur la même portion d'autoroute que les années précédentes. Le comportement des conducteurs des 140.000 véhicules a été étudié.
Pauline Ducamp