BFM Business
Auto

Les Français boudent les voitures neuves

Image d'illustration - Une Renault Clio neuve en exposition dans un salon.

Image d'illustration - Une Renault Clio neuve en exposition dans un salon. - Kenzo TRIBOUILLARD / AFP

Sur les deux premiers mois de l’année, les ventes de voitures neuves aux ménages ont reculé de 20%. Occasions récentes moins chères, incertitudes liées au malus, aux futures réglementations en ville... les Français boudent le neuf.

Les chiffres de 2019 se confirment depuis janvier: les particuliers boudent les voitures neuves. Selon des chiffres compilés par le cabinet Autoways, en février, les ventes de voitures neuves aux ménages ont baissé de 15,5%. En janvier, la chute était encore plus forte: -24,4%.

"C’est une tendance structurante, les Français achètent de moins en moins de voitures neuves", résume Flavien Neuvy, président de l’Observatoire Cetelem de l’Automobile.

Des prix trop élevés en concession

Les prix de plus en plus élevés des voitures neuves créent clairement un fossé entre ceux qui peuvent s’offrir un véhicule avec zéro kilomètre au compteur et ceux qui ne peuvent pas. Plus largement, le coût de l’automobile au quotidien faisait clairement partie des facteurs de déclenchement de la crise des gilets jaunes.

"Les exigences environnementales sont de plus en plus fortes sur les constructeurs, ce qui demandent des technologies de plus en plus coûteuses, poursuit Flavien Neuvy. Les prix augmentent en conséquence, ce qui détournent les acheteurs du neuf et les poussent vers l’occasion. C’est une politique qui se montre au final contre-productive".

Pour expliquer la désertion des concessions, les constructeurs mettent eux clairement en avant l’incertitude des consommateurs, face notamment au malus. Le barème s’est fortement durci en janvier, il a une nouvelle fois changé le 1er mars. Or certains modèles très populaires comme le Dacia Duster sont fortement pénalisés, avec un surcoût important par rapport à leur prix de vente.

L'occasion a le vent en poupe

Les ménages se tournent donc vers l’occasion… où ils trouvent de bonnes affaires. Depuis le début de l’année, selon des chiffres d’AutoScout24, les ventes de véhicules d’occasion ont bondi de 10%. Le boom des locations longue durée depuis plusieurs années ramène actuellement sur le marché des véhicules achetés en LOA ou LLD il y a 3 ans. Ces voitures récentes sont bien moins chères que leur équivalente neuve. Ces LLD viennent notamment d'entreprises qui proposent désormais des voitures de fonction à leurs cadres dirigeants, mais aussi aux cadres commerciaux, au management. Ces derniers n'achètent donc plus non plus de voitures neuves. Ces occasions récentes ont une autre origine.

"Quand le marché se fait plus hésitant, les constructeurs le maintiennent avec des véhicules de démonstration, nous explique Eric Champarnaud, fondateur d’Autoways. Cela permet aux concessionnaires d’avoir leur prime de performance, aux usines de fonctionner avec un taux d’utilisation suffisant. Or, ces voitures sont revendues quelques mois plus tard. Ce qui accélèrent les ventes d’occasions récentes".

Les vieilles voitures d'occasion se vendent bien

A l’autre bout du spectre, selon les chiffres d’Autoways, les ventes de véhicules d’occasion de plus de dix, voire plus de quinze ans ont bondi. Le marché de l’occasion des voitures de plus 15 ans et plus a grimpé de 19% depuis janvier, avec 209.000 voitures vendues. Or le mois dernier, 167.784 voitures neuves ont été vendues en France quand 103.000 véhicules d’occasion de plus de quinze ans se sont vendues. Ce qui rejoint le premier souci du marché du neuf: les Français n'ont souvent pas les moyens financiers pour acheter une voiture dont ils ont pourtant besoin.

A ces tendances de fond vient se greffer une actualité plus immédiate: l’épidémie de coronavirus. Elle ne pénalise pour le moment que partiellement la production automobile, mais si elle perdure, elle pourrait engendrer des retards d’achats. En pesant sur le moral des ménages, l’épidémie risque de décaler des achats de véhicules aux prochains mois.

Pauline Ducamp