BFM Business
Auto

Les atouts de Renault pour se relancer

Le constructeur français a annoncé ce vendredi un plan d’économie de 2 milliards d’euros. Si ses difficultés ont paru plus saillantes avec la crise du covid-19, Renault dispose de quelques atouts pour sortir de l’ornière.

"Il faut être lucide, Renault peut disparaître". Cette phrase assénée la semaine dernière par Bruno Le Maire sur Europe 1 avait eu l’effet d’une douche froide. Et l’annonce d’un plan d’économies de deux milliards d’euros ce vendredi, avec une fermeture d’usine actée en France, une première depuis 1992, semble accréditée cette thèse. Derrière ce tableau très noir, le groupe au losange peut cependant se targuer d’un certain nombre d’atouts pour assurer sa survie.

Renault, numéro 1 de l’utilitaire

Ce premier atout pèse lourd, sur la balance comme dans les ventes du constructeur français: le véhicule utilitaire. Et c’est un atout reconnu puisque dans la nouvelle organisation de l’Alliance avec Nissan et Mitsubishi, c’est le constructeur français qui sera leader sur ce type de projet. Renault est depuis plus de 20 ans le numéro 1 européen des ventes de véhicules utilitaires de moins de 3,5 tonnes. Ces modèles représentent 16,4% des ventes l’an dernier pour la marque au losange, soit 624.000 véhicules dans le monde, "un nouveau record", nous explique-t-on chez Renault.

Ce succès s’est bâti notamment sur les services et le nombre de versions proposées, plusieurs centaines rien que pour le Trafic produit sur le site de Sandouville (Seine-Maritime). L’image de Renault auprès des entreprises, des artisans qui utilisent ce genre de véhicules est excellente. A tel point que lors de tests réalisés avec des clients à qui on montre le même modèle -l’un avec le logo l’autre avec le logo Dacia- la version Renault est largement préférée. Renault dispose ici d’une véritable légitimité.

Un véritable savoir-faire technologique sur l’électrique

Pionnier de l’électrique, avec la Zoé lancée en 2012, Renault semblait avoir laissé passer le coche cette année, à tel point qu’en avril, la nouvelle Peugeot e-208 a dépassé la Zoé en termes de ventes. Dans les tuyaux, le groupe compte sortir huit modèles électriques d’ici 2022, grâce à une toute nouvelle plateforme nommée CMF-VE. Implantée dans l’usine de Douai (Nord), qui doit devenir un centre de compétences électriques, cette plateforme servira de bases à une gamme de SUV électriques.

La pépite Dacia

Pionnier dans l’électrique, Renault l’est aussi dans le low-cost. Et si les ventes de Dacia, sa griffe low-cost en Europe, ont peiné cette année (-50% sur les quatre premiers mois), les modèles low-cost représentent un tiers des ventes sur le vieux continent. Quand scrute les ventes en France en soustrayant les achats des entreprises, on constate que parmi les modèles les plus achetés par les Français, c’est la Sandero qui arrive en tête. Renault a surtout un gros coup à jouer en début d’année prochaine: la marque commercialisera la Spring, une petite voiture électrique low-cost annoncée aux environs des 15.000 euros.

Une toute nouvelle technologie hybride

La Spring incarne un savoir-faire de Renault: une ingénierie inventive et innovante. Certes, Renault a annoncé 800 millions d’euros d’économies dans cette branche, dans son plan de relance. Mais son salut viendra bien de là, et de l’une des dernières créations des ingénieurs du Technocentre de Guyancourt (Yvelines). Renault commercialise actuellement ses premiers modèles hybrides sous le nom e-Tech. Une Clio hybride classique et un Captur hybride rechargeable arrivent actuellement en concession.

"Moins chère, très performante, cette technologie fait figure de pépite", nous explique Bernard Jullien, maître de conférences en économie à l’Université de Bordeaux.

Un nouveau directeur R&D, Gilles Le Borgne, venu de PSA 

Ce sens de l’innovation, c’est ce que doit cultiver Gilles Le Borgne. Arrivé en début d’année, le nouveau patron de la R&D du groupe a fait la renommée de PSA. Il a en effet contribué aux modèles à succès de PSA: 3008, 5008. "Depuis son arrivée, les échos des équipes sont très positifs, nous explique une source en interne. Il parle franc, maîtrise l’automobile, les retours sont très positifs".

"Son talent [chez PSA, ndlr], c’est d’avoir sur mettre de la cohésion dans divers services de développements qui ne se parlent pas, voire ne se comprennent pas, expliquait en janvier à La Tribune un cadre de Renault. C’est un problème structurant de nombreux groupes automobiles confrontés à une guerre des services".

Et tous espèrent que le duo fonctionnera avec le nouveau grand patron, Luca de Meo, lui aussi très respecté dans le monde automobile.

Une implantation internationale

S’il souffre en Europe depuis l’an dernier et renonce en partie à ses ambitions chinoises, Renault dispose d’une véritable implantation internationale. "Certes, en Turquie ou en Argentine, la situation était difficile, mais Renault dispose d’une véritable puissance de feu en Russie, dans son travail de restructuration avec Avtovaz, au Brésil, en Inde, nous explique Bernard Jullien. Le succès de Kwid au Brésil ou de Triber en Inde en sont des exemples".

Pauline Ducamp et Pierre Kupferman