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Le contrôle technique pollution se durcit pour les voitures diesel

Normes durcies, nouveaux appareils de mesure, le contrôle technique devient plus sévère ce 1er juillet pour les véhicules diesel.

Le contrôle technique des véhicules diesel se durcit ce 1er juillet. Normes plus sévères, nouveaux appareils de mesures de l’opacité des fumées, le but est de détecter les véhicules diesel mal entretenus ou trafiqués. 60% du parc de véhicules diesel est concerné par ce nouveau processus de test.

  • Ce qui change au passage du contrôle technique

A partir de ce 1er juillet, les contrôleurs techniques appliquent un nouveau protocole de test à l’aide d’un nouvel opacimètre. Installé à la sortie du pot d’échappement, ce dernier émet et reçoit de la lumière. Si elle est trop dispersée, c’est que le véhicule émet beaucoup de particules.

La manière dont est effectué le test a surtout évolué, afin de coller plus à la réalité d’un véhicule en conditions réelles de conduite. L’opacimètre indique ainsi clairement quand doivent être réalisées les accélérations du véhicule lors du test. Ces accélérations sont plus franches, et plus nombreuses qu’avant. Elles se réalisent surtout sur un moteur chaud. Si le contrôleur technique ne réalise pas dans les règles son contrôle, l’opacimètre ne considérera pas la mesure comme valide. Le test ne durera que quelques minutes supplémentaires.

L’opacimètre a identifié précisément le véhicule, et sa motorisation, via le numéro de plaque d’immatriculation. Le résultat des mesures sera ainsi comparé avec ceux que le véhicule a dû respecter pour être homologué. C’est ce qu’on appelle la "valeur plaquée". Un coefficient de diffraction permettra cependant de prendre en compte la notion de vieillissement du véhicule. Néanmoins, comparer à la valeur plaquée durcit considérablement les conditions pour valider le contrôle technique.

"A partir de 2019 et pour la première fois, le rapport d'examen du contrôle technique mesurera précisément la transparence du nuage de fumées, expliquait en octobre 2018 à Challenges Jérémy Van Weymeersch, directeur technique et qualité chez le réseau de centres de contrôle technique Autosur. La méthode actuelle de contrôle a été rendue obsolète par la sophistication des systèmes de dépollution des moteurs".

On mesurait en effet déjà l’opacité des fumées depuis 1996, mais de manière beaucoup moins précises et avec des seuils de résultat à ne pas dépasser beaucoup plus élevés.

  • Qui risque d’être recalé?

Le but de ce nouveau contrôle technique: sortir les véhicules les plus polluants de la circulation. Et ce n’est pas forcément une question d’âge.

"On analyse l’opacité des fumées, mais on regarde aussi comment sont émises les émissions polluantes. On va surtout regarder si le véhicule a été correctement entretenu, et surtout s’il n’a pas été trafiqué, résume Bernard Bourrier, président d’AutoVision, vice-président du Conseil National des Professionnels de l’Automobile (CNPA) en charge du contrôle technique sur France Info. Certaines personnes ont par exemple retiré le filtre à particules, or c’est interdit par la loi. Avec l’ancienne réglementation, on n’était pas capable de le mesurer. Mais avec la nouvelle loi, ce sera possible".

Les diesel les plus concernés par ce nouveau format du contrôle technique ont en fait entre 4 et 13 ans, ils ont été homologués sous les normes Euro 4, 5 et 6. Les diesel plus anciens passeront le même contrôle, mais ils n’ont pas de valeur plaquée à laquelle comparer leurs résultats au contrôle. Or, les valeurs plaquées des véhicules Euro 4, 5,6 étaient très basses, car réalisées dans des conditions optimales sur bancs, loin de la conduite en conditions réelles. Certains propriétaires de diesel récents pourraient donc avoir des surprises.

Autre souci possible: un diesel bien entretenu, mais pas utilisé à bon escient, qui risque de s’encrasser. "Un diesel est fait pour rouler régulièrement, pour faire 20 ou 30.000 kilomètres par an. Le souci c’est un véhicule qui va faire 2 à 3000 kilomètres par an, un diesel n’est pas fait pour cela", poursuit Bernard Bourrier.

Un taux de contre-visite de 16 à 20% avait été un premier temps évoqué, contre 0,87%. Mais les résultats semblent moins catastrophiques, suite à différentes phases de tests depuis plusieurs mois.

"La tolérance est beaucoup plus fine, mais les modèles diesel les plus récents passent haut la main, quand on compare leurs résultats à la norme la plus sévère, nous expliquait il y a quelques semaines Fabrice Godefroy, porte-parole de l’association Les Diésélistes de France. Si le propriétaire a enlevé le filtre à particules, cela se voit tout de suite. Idem pour un système de dépollution encrassé. Si ces véhicules ne réussissent pas ce contrôle technique, c’est qu’ils ont vraiment un problème".
  • Est-ce que le contrôle technique coûtera plus cher?

Non, promettent les professionnels. Les prix ont déjà augmenté de plus de 12% l’an dernier, lors de la mise en place de la nouvelle réglementation le 20 mai 2018. Ce nouveau test pollution ne durera que quelques minutes supplémentaires, et les investissements en formation comme en matériel ont déjà été effectués l’année dernière. Le nouveau contrôle pollution devait en effet initialement entrer en vigueur le 1er janvier.

Attention cependant en cas de contre-visite! Les réparations risquent de coûter plus cher, car elles peuvent toucher des éléments très technologiques et onéreux, comme les injecteurs ou une vanne EGR à remplacer. Chaque pièce coûte en effet entre 350 et 450 euros, hors main d’œuvre. Certains professionnels estiment cependant qu'il faudrait aller plus loin, avec une étude 5 gaz pour en savoir plus sur les émissions de polluants des moteurs diesel. 

Pauline Ducamp