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La voiture électrique est-elle vraiment écologique?

Elle est souvent présentée comme ‘LA’ solution à la pollution, et désormais au prix élevé du carburant, mais la voiture électrique est-elle plus vertueuse que ses cousines thermiques ?

Elle est souvent présentée comme ‘LA’ solution à la pollution, et désormais au prix élevé du carburant, mais la voiture électrique est-elle plus vertueuse que ses cousines thermiques ? - TOBIAS SCHWARZ / AFP

Elle est souvent présentée comme ‘LA’ solution à la pollution, et désormais au prix élevé du carburant, mais la voiture électrique est-elle plus vertueuse que ses cousines thermiques?

Elle semble devenue le Saint-Graal aussi bien écologique qu’économique. La voiture électrique permettrait de sortir du tout-pétrole, tout en rendant nos villes plus propres. Une voiture électrique n’émet en effet pas de CO2, ni d’oxyde d’azote, le polluant controversé lors du dieselgate. Et se recharger reviendrait jusqu’à 30% moins cher qu’un plein en station.

Pourtant, certaines études remettent en question cette image idyllique de la voiture électrique, en particulier à cause de sa batterie, et surtout ses composants, concentrent de nombreuses problématiques environnementales.

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E.Gaube © BFM

"L’extraction des matières premières pour fabriquer la batterie, qui représente plus de la moitié du prix et plus de la moitié de l’impact environnemental de la voiture électrique, comme sa fabrication en elle-même sont très consommatrices d’énergie, et émettrices de CO2, explique Bertrand-Olivier Ducreux, spécialiste de la mobilité à l’Ademe. A 0 kilomètre au compteur, la voiture électrique a un impact supérieur en CO2 à une voiture diesel ou essence".

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La production de matières premières en question

La manière dont ces matériaux sont produits, mais aussi les pays où ils sont extraits posent un certain nombre de souci. Le journaliste et réalisateur Guillaume Pitron s’est ainsi beaucoup interrogé dans son ouvrage "La guerre des métaux rares, la face cachée de la transition énergétique et numérique", sur la place des pays producteurs qui ne respectent pas forcément l’environnement.

"Nous sommes dans une transition énergétique et numérique on se dit le pétrole, plein de problèmes environnementaux et géopolitiques, on se dit que si on dépend moins du pétrole, on va pouvoir le remplacer par rien, expliquait en septembre Guillaume Pitron sur BFM Business. Or, il y aura toujours des matières premières, nécessaires à notre mode de vie et les quantités d’extraction deviennent colossales. Quels vont être les coûts environnementaux? Quels sont les pays qui tiennent ses ressources?".

L’extraction du cobalt au Congo ou du graphite en Chine pose ainsi question, car la production entraîne des effets d’acidification de l’atmosphère, comme le montre une étude de l’Ademe.
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Ces deux graphiques montrent cependant que la voiture thermique a souvent dès le début de son usage des conséquences beaucoup plus néfastes. "Un moteur essence émet les mêmes polluants que le diesel, avec autant de particules que le diesel récent sur les petits moteurs à injection directe, poursuit Bertrand-Olivier Ducreux. S’il est suralimenté, on se rend compte qu’il émet aussi des oxydes d’azote".

A l'usage, la voiture électrique retrouve des vertus

Au-delà de la motorisation, électrique ou thermique, qui équipe le véhicule, c'est son utilisation au quotidien qui va également dessiner son vrai bilan. Notamment si l’électricité utilisée est d’origine renouvelable: éolienne ou panneau solaire. A partir de 40.000 kilomètres parcourus, elle devient moins polluante qu’une voiture thermique.

Bien entendu si elle est partagée, les effets sont d’autant plus positifs. Elle déplace en effet plus de personnes avec une dépense énergétique à peu près identique que pour emmener son seul conducteur. Il faut surtout penser la voiture électrique au niveau du recyclage, où elle peut alors apporter des éléments positifs.

"La voiture électrique peut aussi servir à beaucoup d’autres choses, comme le stockage des énergies renouvelables dans un système électrique intelligent, explique Cécile Goubet, secrétaire générale de l’Avere. Des filières permettent aussi de recycler 90% de la batterie, le véhicule électrique ne demande pas d’utiliser de nouvelles ressources".

Pauline Ducamp, avec Emeline Gaube