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"La moto, une affaire de femme", après 18 ans chez Air France, elle ouvre un garage

Les femmes sont de plus en plus nombreuses à circuler en deux-roues même si elles ne représentent qu'un quart des motards à sillonner les routes de France. Myriam Amrouni a ouvert un atelier-boutique dédié aux femmes adeptes de motos. Son objectif: accompagner la conquête féminine des deux-roues et changer les mentalités.

"Si l'on est une femme et, qu'on a très envie de faire de la moto, il faut foncer." Myriam Amrouni est la créatrice de Mymy Rider. Son atelier boutique pensé pour les motardes a fêté ses deux ans le 6 septembre dernier. Cette année, l'entrepreneuse partagera son expérience lors d'une conférence du Mondial Women, événement organisé dans le cadre du Salon de l'auto et de la moto à Paris. BFMTV l'a rencontrée dans son garage-concession d'un nouveau genre. Cette innovatrice nous dit pourquoi les femmes peuvent trouver leur place dans cet univers encore très masculin. 

Moto, café, wifi

Les vrombissements des motos résonnent plus qu'à leur tour dans cette rue tranquille du 20e arrondissement, dans le quartier de Ménilmontant. Mymy Rider est le point de ralliement des amoureux des deux-roues et de la mécanique. Malgré les va-et-vient, Myriam Amrouni, de son allure élancée, garde toujours un œil sur sa boutique au concept novateur. Un atelier, des motos, des accessoires dans la thématique, qui s'adressent aux femmes, mais pas que. La clientèle est surtout mixte, ce qui est déjà atypique dans ce monde-là. On peut aussi y boire un café confortablement installé dans un canapé cuir, avec wifi en libre accès.

Avant, la chef d'entreprise a travaillé chez Air France, 18 ans, où elle a exercé plusieurs métiers de la relation client au fret. "Je travaillais dans le monde du voyage. La moto, c'est une autre façon de voyager", confie-t-elle. L'appel des deux-roues a commencé il y a sept ans, avec son mari, qui l'a initiée. Tout de suite, la sensation de liberté l'a conquise; au point de se dire qu'elle voulait en faire son métier. A-t-elle rencontré des difficultés? "C'est surtout à nous de faire notre place dans ce milieu. Je n'ai pas rencontré d'obstacles insurmontables."

Bien sûr, elle doit affronter les stéréotypes et les regards étonnés lorsqu'elle présente son métier. "Les acteurs masculins de la moto sont surpris et curieux du fait que j'ai créé un garage pour les motos. Ils ont envie de savoir, et en même temps, ils se disent: qu'est-ce que ça va donner?" Avec son magasin, la commerçante espère changer les idées reçues. "J'essaie de faire cela autrement, pour qu'on se dise, qu'une femme peut être à moto, féminine, entreprenante, mère de famille et travailler."

Un atelier participatif

Son projet s'inscrit d'ailleurs dans une tendance de fond avec de plus en plus de femmes qui s'y mettent. Myriam Amrouni reconnaît que la mécanique n'est pas sa passion mais qu'il a fallu s'y atteler. "Je me suis formée. Je pense qu'on ne peut pas faire l'un sans l'autre. On ne peut pas vendre des motos, posséder un garage sans connaître la mécanique." La chef d'entreprise propose à ses client(e)s des cours où l'on apprend à entretenir et réparer son deux-roues. Il y a aussi un atelier participatif aidé, où chacun(e) peut venir réparer sa moto, aidé des conseils d'un pro. 

Cette transmission de savoir pourra d'ailleurs être à l'origine de vocations. Depuis que les motardes viennent gonfler les rangs des aficionados des deux-roues, il y a de plus en plus de débouchés professionnels. "Notamment dans le commercial, dans les concessions, dans les postes à responsabilité, et pourquoi pas, la mécanique", estime l'entrepreneuse. L'idole de Myriam Amrouni est comme elle, une pionnière: Anne-France Dautheville. première femme à avoir fait le tour du monde à moto en 1973. "Et à l'époque, ce n'était pas gagné." La motarde-entrepreneuse roule dignement dans son sillage.