BFM Business
Auto

La hausse des excès de vitesse inquiète les autorités à l'approche du 11 mai

Alors que les dépassements de moins de 20km/h sont en baisse, les grands excès de vitesse (plus de 50 km/h) affichent une hausse de 16% depuis le début du confinement d'après Europe 1. Les autorités craignent que ce phénomène ne se poursuive après le 11 mai.

Le peu de Français qui se déplacent pendant le confinement sont-ils des fous du volant? C'est l'image que donne en tout cas la communication du ministère de l'Intérieur depuis le 17 mars. Ou le dernier chiffre évoqué par Europe 1, qui parle d'une hausse de 16% des grands excès de vitesse sur la période.

"Du 17 mars (premier jour du confinement) au 26 avril inclus (dernières données disponibles), plus de 11.200 grands excès de vitesse ont été relevés dans l’Hexagone par les policiers, gendarmes et radars automatiques, contre 9.600 sur la même période l'an passé, selon les informations recueillies par Europe 1, soit une hausse de 16,6% de ce type d’infraction", indique la station de radio dans une chronique.

Une France qui fonce avec excès?

Un chiffre très proche de celui mentionné après seulement deux semaines de confinement.

"Même quand on prend certaines catégories d’infraction comme le délit de grand excès de vitesse, il augmente de 16% sur le territoire national. C’est parfois plus en secteur autoroutier", s'alarmait par exemple début avril le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez.

Des publications des forces de l'ordre sur les réseaux sociaux ont également renforcé ce sentiment, avec des records d'excès de vitesse et leurs sanctions mis en avant lors des opérations de contrôle. Mais ces faits divers étaient déjà assez réguliers avant la crise sanitaire.

Une hausse à relativiser

Cependant, l'association de la Ligue de Défense des Conducteurs a remis en perspective cette hausse "spectaculaire". Si on parle bien du délit de grande vitesse, il s'agit d'une récidive sur une excès de plus de 50 km/h commis de nouveau dans les 3 ans, ce qui reste heureusement relativement rare. Le +16% traduirait alors un automobiliste de plus attrapé pendant la période des quinze premiers jours du confinement, quatre au lieu de trois en 2018. Si on parle bien de l'infraction (or récidive donc), la hausse traduirait 18 conducteurs de plus dans les filets de forces de l'ordre pour ce motif. 

Le tout sans aucune information sur le nombre d'opérations de contrôle réalisés, qui pourrait aussi être en hausse sur un an. Ou à l'inverse, avec les radars détruits et potentiellement pas encore tous remplacés, une détection moins fiable de ces actes, ce qui rendrait la hausse des grands excès de vitesse plus inquiétante.

Des petits excès en baisse... mais pas assez

D'autres infractions se révèlent pourtant bien en baisse, souligne Europe 1, qui juge toutefois cette chute insuffisante compte-tenu du trafic très limité actuellement. Sans justifier ces excès, on peut tout de même remarquer qu'il est potentiellement plus "simple" de se retrouver en excès de vitesse sur un périphérique parisien exceptionnellement fluide en journée actuellement qu'en temps normal, où la congestion empêche purement et simplement de dépasser les 70 km/h.

"Les chiffres détaillés par type d’infraction montrent qu’en dépit de la très forte diminution du trafic automobile constatée partout, même le nombre d’excès de vitesse inférieurs à 20 km/h ne diminue que de 45%, passant de 2.030.000 l'an dernier sur cette même période à 1.115.000 depuis le début du confinement", indique Europe 1.

Les automobilistes du confinement seraient donc adeptes du "tout ou rien". Car si ces excès de moins de 20 km/h sont en baisse (alors qu'ils représentaient plus de 70% des contrôles automatisés sur les routes limitées à plus de 50 km/h en 2018), ceux compris entre 40 et 50 km/h, dernière étape avant le "grand excès", s'affichent en hausse de 16,3%, avec "10.700 infractions relevées contre 9.200 à la même période en 2019", d'après les chiffres obtenus par Europe 1.

En retravaillant ces chiffres, on peut constater que les excès de plus de 40 km/h (grands excès compris) sont passés de 0,8% des infractions liées à la vitesse constatées en 2019 sur cette période, à 1,8% depuis le début du confinement. 

Un phénomène très dangereux après le confinement

S'il faut donc relativiser ce chiffre, ces excès de vitesse restent bien sûr dangereux pour l'automobiliste responsable et pour les autres usagers de la route. Mais cela pourrait être bien pire à partir du 11 mai.

Les autorités craignent en effet qu'avec la possibilité de se déplacer sans attestation, de nombreux Français reprennent la route. 

"Beaucoup de gens vont reprendre le chemin du travail et on aura de facto une cohabitation difficile entre ceux qui devront reprendre leurs automatismes et qui croiseront ces irresponsables", explique à Europe 1, Laurent Collorig, colonel de gendarmerie et chef l'UCLIR (Unité de coordination de la lutte contre l’insécurité routière).
Julien Bonnet