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La France a perdu près de 30.000 stations-service depuis 1980

Le nombre de stations-service est passé de 41 500 en 1980 à 11 147 en 2017

Le nombre de stations-service est passé de 41 500 en 1980 à 11 147 en 2017 - REMY GABALDA / AFP

La France comptait 41.500 stations-service en 1980. En 2017, elles n'étaient plus que 11.147. Pour subsister, certaines sont contraintes de se réinventer en proposant notamment des services plus variés, comme du toilettage pour chiens.

Réduites à des automates ou proposant au contraire toujours plus de services, les stations-service sont contraintes de se réinventer pour enrayer un déclin qui rend les pompes à essence toujours plus rares à Paris comme dans les campagnes. En 1980, la France comptait 41.500 stations-service. L'an dernier, elles étaient exactement 11.147, soit 47 de moins qu'en 2016, selon les chiffres de l'Union française des industries pétrolières (UFIP).

Les victimes sont les plus petites stations, souvent en milieu rural. Les pompes se sont généralisées auprès des supermarchés: plus de 60% des volumes de carburant sont aujourd'hui écoulés par la grande distribution. "La rentabilité d'une station-service est liée à son débit" et celles qui ont fermé "étaient pour l'essentiel des stations de faible volume", explique Frédéric Plan, délégué général de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C).

La réglementation de plus en plus drastique et des aménagements urbains ont entraîné un important déclin des stations-service en ville, notamment à Paris. Une tendance qui risque de s'accélérer: d'ici 2020, les pompes ne pourront plus être situées à moins de treize mètres d'un immeuble d'habitation.

Le ministère de la Transition écologique et solidaire estime toutefois que le maillage reste pour l'instant suffisant "pour la majorité des citoyens". L'Etat se dit "attentif à la situation du réseau" et juge que "90% des particuliers doivent avoir un temps d'accès inférieur à 25 minutes", dans un document de travail datant du mois de juillet.

Une station-service municipale

"Même 25 minutes c'est énorme", rétorque Francis Pousse du Conseil national des professions de l'automobile (CNPA) et propriétaire-exploitant d'une station Esso près du Mans (Sarthe, ouest). "Dans les départements particulièrement ruraux, ça pose des soucis. La meilleure preuve est que beaucoup de communes cherchent à monter leur propre station municipale", observe-t-il.

C'est la solution choisie par le maire de Coussac Bonneval, un bourg de Haute-Vienne entre Limoges et Brive-la-Gaillarde qui avait perdu sa station-service il y a quelques années. "À la suite de la disparition de ce service, on a décidé de prendre le taureau par les cornes et d'en installer une", raconte Philippe Sudrat. 

La nouvelle station, gérée par la mairie et totalement automatisée afin de réduire les frais, a rencontré le succès dès son installation il y a un an et demi. Elle écoule 55 000 litres de carburant par mois, permettant même de dégager un petit bénéfice pour la commune. L'installation a profité aux habitants "qui veulent faire leur course dans le bourg, notamment les personnes âgées", se félicite le maire.

Proposer des services variés

Pour nombre de stations en dehors des supermarchés, la survie est au contraire passée par l'offre de services de plus en plus variés. La diversification a commencé il y a quelques décennies par le lavage des voitures et s'est depuis déployée tous azimuts: épicerie, presse, café, dépôt de colis... Une station Total dans Paris abrite même désormais... une station de lavage pour chiens. 

D'autres défis s'annoncent à l'horizon avec d'abord la convergence entre la fiscalité du diesel et de l'essence. Le gazole représente encore 80% des volumes vendus en France mais sa part devrait décliner, obligeant les stations-service à s'adapter. Au-delà, "on sera à l'horizon de 10 ans des distributeurs de multi-énergies. Je crois beaucoup par exemple dans l'hydrogène", indique Francis Pousse.

Nombre d'exploitants indépendants, qui ont déjà dépensé beaucoup d'argent pour mettre leurs installations aux normes, se montrent cependant attentistes. "On leur parle beaucoup de carburants alternatifs, GNV (gaz naturel pour véhicules), bornes électriques... comme le marché n'est pas là et que leur capacité d'investissement est évidemment limitée, ça ne les encourage pas à investir pour poursuivre l'activité", s'inquiète Frédéric Plan.

P.Dum avec AFP