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La circulation différenciée, une mesure inégalitaire?

La Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre d'Ile-de-France est celui où le plus de véhicules sont concernés par l'interdiction de circuler dans le cadre de la circulation différenciée. Ailleurs en Ile-de-France, des élus dénoncent aussi l'inégalité des Franciliens vis-à-vis de l'accès aux alternatives à la voiture.

Sur les routes ce mercredi, 60% des véhicules immatriculés en Ile-de-France ont théoriquement interdiction de rouler. En cause, la mise en place de la circulation différenciée à Paris et dans le périmètre de l'A86, dans le cadre d'un épisode de pollution à l'ozone. Seuls les véhicules classés Crit'Air 0 à 2 sont autorisés à circuler. Et pour la première fois, les Crit'Air 3 sont interdits.

La Seine-Saint-Denis, département le plus impacté

A l'échelle du territoire francilien, tous les départements ne sont pas égaux face à cette interdiction. Ainsi, avec 70% de véhicules immatriculés interdits de circuler, la Seine-Saint-Denis est le département d'Ile-de-France le plus concerné par ces interdictions.

Le département le plus pauvre d'Ile-de-France, avec beaucoup d'habitants aux revenus modestes, on compte une majorité de véhicules anciens. Sur les 970.494 véhicules immatriculés dans le 93, seuls 280.000 sont éligibles aux vignettes Crit'Air 0 à 2. A titre de comparaison, dans les Hauts-de-Seine, 48% des véhicules sont concernés par l'interdiction. 

Même en rapportant ce chiffre à la population, la Seine-Saint-Denis reste l'un des départements les plus impactés. Avec 681.000 véhicules interdits, pour 1,654 million d'habitants, 41% des habitants sont touchés par cette mesure. Seule la Seine-et-Marne, avec 647.500 voitures interdites pour 1,422 millions d'habitants, atteint 45% de résidents qui n'ont théoriquement pas le droit de circuler. 

Quel impact de la circulation différenciée dans votre département? L'infographie ci-dessous représente le parc automobile francilien, s'il était composé de 1000 voitures. Sélectionnez votre département et constatez l'impact de la circulation différenciée.

"La grande banlieue pénalisée"

En Seine-et-Marne, le président du département Patrick Septiers dénonce une autre "injustice". Dans un territoire très étendu, les alternatives à la voiture ne sont pas forcément évidentes. 

"Par rapport aux Parisiens qui eux ne vont pas être impactés parce qu'ils ont les transports en commun, une fois encore c'est la grande banlieue qui est pénalisée (...). La seule solution, c'est de ne pas aller travailler", déplore-t-il sur BFM Paris. 

Les défenseurs de la circulation différenciée mettent eux en avant "l'enjeu de santé publique" de cette "mesure d'urgence".

"Ce sont les Parisiens qui subissent le plus les pics de pollution. 90% des Parisiens vivent dans des zones très polluées. J'ai envie de prôner la solidarité, c'est une mesure d'urgence sur quelques jours", plaide Fatoumata Koné, vice-présidente du groupe écologiste au Conseil de Paris.

Les écologistes, reconnaissent toutefois le manque d'anticipation qui empêche les Franciliens de s'organiser en amont. "Malheureusement, on prend toujours ces mesures à la dernière minute et on aurait pu anticiper tout ça", insiste l'élue parisienne, appelant aussi à prendre des mesures sur le long terme et à développer les transports en commun sur tout le territoire. 

Retrouvez dans notre infographie ci-dessous le détail par vignette Crit'Air du nombre de véhicules dans chaque département, et les possibles interdictions. L'infographie ci-dessous représente le parc automobile francilien, s'il était composé de 1000 voitures. Sélectionnez votre département et découvrez la part de véhicules équipés pour chaque vignette Crit'Air.

Source des données: AAA Data pour BFMTV
Carole Blanchard