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L'Argus suspend la cote des voitures d'occasion

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Cette décision vise à éviter un effondrement des prix sur un marché de l'occasion à l'arrêt pendant la crise sanitaire. C'est la première fois que la cote Argus est gelée depuis 1940.

Si le marché de l'occasion semblait mieux résister que celui du neuf au début du confinement, il reste lui aussi paralysé dans ce contexte de crise sanitaire. En conséquence, le groupe Argus vient de décider de geler sa célèbre cote, qui donne des prix de référence pour les ventes de seconde main. 

"Situation exceptionnelle"

Une décision qui traduit bien "la situation exceptionnelle" que traverse le pays: la cote Argus n'avait jamais été suspendue depuis 1940, comme le rappelle dans une interview Olivier Flavier, directeur général du Groupe Argus, qui appartient à Leboncoin depuis octobre 2019.

"Nous avons souhaité apporter notre contribution autant pour les professionnels de l’automobile que pour les particuliers, en confinant notre Cote Argus pour une période de deux mois. C’est un acte fort, inédit depuis 80 ans, et qui nous a semblé nécessaire pour contribuer, à notre niveau, à la relance économique de notre pays."

Olivier Flavier justifie cette décision en évoquant la nécessite de disposer d'un aperçu assez clair sur la valeur de ces biens, alors que les ventes vont sûrement reprendre à partir du 11 mai, date avancée pour le début du déconfinement:

"Le métier de nos experts de la Cote Argus (environ 25 personnes) est de donner la juste valeur des véhicules, en prenant du recul, avec neutralité, et sans agir dans la précipitation. Aujourd’hui nous en sommes à plus de 40 jours de confinement, les ventes vont reprendre en mai, et donc c’est au moment où l’activité reprend que les particuliers et les professionnels vont avoir besoin de regarder la valeur de leurs biens et de leurs stocks."

Cette suspension de la cote "pendant la durée du confinement" aurait pour conséquence principale de "figer une dépréciation des stocks d’environ 180 millions d'euros sur le marché français pour les clients professionnels", poursuit-il. Un calcul qui s'applique sur 400.000 voitures en stock actuellement, ce qui représente une valeur globale d'environ 6 milliards d'euros.

"Les particuliers sont également bénéficiaires de cette mesure puisqu'ils ne peuvent plus depuis mi-mars faire reprendre leur véhicule par un professionnel. La décote reprendra son cours normal lors de la reprise d'activité", indique un communiqué de l'Argus.

Quelle reprise pour le marché de l'occasion?

Avec un scénario de déconfinement qui devrait se préciser dans les prochains jours, difficile pour le moment d'anticiper l'évolution du marché automobile à court terme. Si certains prédisent une ruée sur la voiture, l'Argus anticipe toutefois une certaine période d'attentisme des consommateurs.

Signal favorable pour le secteur, la voiture est vue comme une alternative aux transports en commun, laissant entrevoir un rebond des ventes à court terme, qui viendrait s'ajouter à un rattrapage des commandes qui n'ont pas pu être honorées ces dernières semaines. Reste à savoir comment le réseau, dans le neuf comme l'occasion, et également toute la filière, de la production à l'après-vente, saura se relever et intégrer de nouvelles précautions sanitaires.

"Le fait que les vacances estivales soient probablement cantonnées au territoire français pourra aussi soutenir les achats de voitures d'occasion", souligne également l'Argus. Les craintes sur l'avenir et un pouvoir d'achat réduit pourraient en effet soutenir un marché de l'occasion déjà très important (5,78 millions de voitures vendues sur ce marché contre 2,21 millions sur celui du neuf).

Julien Bonnet