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L’Allemagne progresse sur le marché de l’électrique

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Selon une étude du cabinet JATO, l’Allemagne consolide au premier semestre sa 2e place européenne, sur le marché européen de l’électrique. Avec des volumes encore très faibles.

Mini Cooper SE, Peugeot e-208, Opel Corsa électrique, Honda e, Porsche Taycan. Le second semestre 2019 sera riche en nouveaux véhicules zéro émission, avant une nouvelle déferlante en 2020, où arrivera notamment l’ID3, la première voiture électrique nouvelle génération chez Volkswagen. C’est bien l’une des tendances des prochains mois: l’Allemagne prend de plus en plus de poids dans ce marché.

Deuxième marché européen, juste derrière la Norvège 

Après avoir annoncé des millions, voire des milliards d’euros d’investissements ces dernières années, les constructeurs commercialisent enfin leurs nouveaux modèles. Depuis janvier, Audi propose ainsi un SUV familial, l’e-tron, tout comme Mercedes, qui à côté de l’EQC, devrait dévoiler une berline électrique au salon automobile de Francfort début septembre. S’il a émis des doutes ces dernières semaines sur l’avenir de la voiture électrique, le directeur du développement du Groupe BMW Klaus Fröhlich ne peut que se réjouir. La MINI électrique de série a déjà été commandée par 45.000 clients, qui ne l’ont pourtant jamais vue (la marque anglaise est la propriété de BMW), rapporte le site spécialisé Electrek.

Une part importante de ces nouveaux modèles sera made in Germany. Selon un rapport de l’ONG Transport&Environment, daté de juillet, l’Allemagne sera demain le 2e producteur européen de voitures électriques, avec 19 voitures électriques produites par an pour 1000 habitants. La Slovaquie se place juste devant avec 25 voitures pour 1000 habitants, dont on suppose que beaucoup seront de marque allemande. Les Allemands achètent eux de plus en plus de voitures électriques.

Depuis 2018, la patrie de Mercedes et consorts est en effet devenue le 2e marché européen de la voiture zéro émission, plus très loin derrière le numéro 1 norvégien. Et surtout, devant la France. Une tendance confirmée au 1er semestre 2019.

Selon des chiffres publiés par le cabinet JATO, 36.255 voitures électriques neuves ont été immatriculées entre janvier et juin en Norvège, contre 32.990 voitures en Allemagne. En France, ils sont 24.290 à avoir craqué pour une voiture zéro émission. En six mois, les Allemands ont pratiquement acheté autant de voitures électrifiées (presque 33.000 électriques, plus 16.280 hybrides rechargeables) que sur toute l’année 2017 (un peu plus de 58.200 alors vendues). L’hybride rechargeable est depuis 2 ans l’un des moteurs de l’électrification en Allemagne.

Un parc électrique encore infime

Plusieurs facteurs expliquent cette montée de l’industrie allemande dans la voiture électrique. La réglementation a tout d’abord imposé ce passage des V8, et six-cylindres au moteur électrique. Dès l’an prochain, les normes européennes concernant le CO2 deviendront très restrictives, obligeant tous les constructeurs à proposer des véhicules électriques pour les respecter. Et éviter les fortes amendes. A côté des modèles, les constructeurs ont également cherché à développer tout un écosystème, avec leur propre réseau de recharge rapide, Ionity.

Les pouvoirs publics ont aussi compris qu’il fallait tourner la page du dieselgate. Jusqu’en 2017, les acheteurs allemands de voitures électriques ne disposaient pas d’aide. Depuis, le pays fait partie des 12 Etats membres sur 28 qui distribuent des bonus à l’achat. Plus largement comme sur le reste du marché, "une bonne partie des immatriculations a été tirée aussi par l’arrivée de nouveaux modèles, comme les Hyundai Kona, Audi e-tron, Jaguar i-Pace, ou encore Kia Niro. Tous des SUV", peut-on lire dans l’étude du cabinet JATO.

Cette offre rencontre également une réalité concrète: de plus en plus de villes allemandes interdisent les modèles diesel de leur centre-ville, suite à des actions judiciaires. "Si c'est le seul moyen de circuler dans les villes, les ventes finiront par décoller. On va arriver à un point de rupture", précise aux Echos Gaëtan Toulemonde, analyste chez Deutsche Bank. L’électrique reste cependant une infime partie du parc automobile allemand, qui compte 47 millions de véhicules immatriculés, rapporte le magazine spécialisé Clean Energy Wire. En 2018, 83.000 voitures 100% électriques étaient immatriculées outre-Rhin.

Pauline Ducamp