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"Je me suis fait casser la gueule": élan de soutien après l'agression d'un cycliste

Les associations de cyclistes se mobilisent pour dénoncer les violences routières, après l'agression de l'un d'eux par un conducteur de scooter qui roulait sur une piste cyclable à Châtillon, dans les Hauts-de-Seine. Le cycliste a aussi reçu le soutien des motards, qui appellent à ne pas "stigmatiser" usagers des deux-roues motorisés.

"Je me suis fait casser la gueule". Sur Twitter, Brice Perrin, président de l'association Vélo Piéton Châtillon et journaliste automobile a raconté l'agression dont il a été victime lundi soir. La scène s'est déroulée à Châtillon, dans les Hauts-de-Seine, sur une piste cyclable. Alors qu'il circulait à vélo, un scooter manque de le renverser.

"J'ai crié sur un scoot qui arrivait du trottoir et me coupait la route sur la piste cyclable. Grosse frayeur. Je me suis fait casser la gueule (...). C'est une dame, en scooter, qui a failli me percuter. Quand j'ai gueulé pour lui signaler ma présence, elle a fini par appeler son compagnon (je suppose), qui était sur un autre scooter, en lui disant 'vas-y casse lui la gueule'. Ce qu'il a fait", raconte Brice Perrin. 

Le cycliste est roué de coups et c'est l'intervention de témoins qui selon lui met fin à l'agression. Choqué et blessé, Brice Perrin est pris en charge par les pompiers et conduit à l'hôpital. Il souffre d'hématomes, éraflures et douleurs notamment à l'arrière du crâne.

En soutien à Brice Perrin, les membres de son association se sont rassemblés sur les lieux de l'agression. Pour les adeptes de la bicyclette, cette agression est loin d'être un cas isolé. Sur les réseaux sociaux où des communautés de cyclistes sont très actives, des cyclistes publient régulièrement des vidéos montrant des altercations allant jusqu'à des violences lorsqu'ils dénoncent le comportement d'autres usagers de la route.

"Ça commence à bien faire"

Parmi les points de tension, la circulation des deux-roues motorisés sur les pistes cyclables ou leur présence dans les sas vélo aux feux rouges

"A moins de se taire face à ces comportements, on subit une violence quotidienne. On dit stop à ces violences routières, ça commence à bien faire. Même lorsqu'il y a dépôt de plainte derrière, ça a assez peu d'effets", déplore Franck-Olivier Torro, du collectif Ras Le Scoot. "Moi aussi je me suis fait casser la gueule, plusieurs fois", ajoute-t-il. 

Pour ce militant associatif, outre les problèmes de comportement, l'espace public n'est pas réparti équitablement. 

"Le problème qu'on a, c'est qu'en France la voirie a longtemps été dédiée uniquement aux usagers motorisés. Faire marche arrière c'est compliqué et difficile à accepter", estime-t-il.

Avec son collectif, il plaide pour un rééquilibrage de l'espace public, à l'heure où des villes comme Paris souhaitent favoriser le vélo.

"C'est un problème d'agresseur, pas de scootériste"

Du côté des deux-roues motorisés, la Fédération française des motards en colère (FFMC) appelle à ne pas "généraliser" le comportement des usagers. La FFMC a d'ailleurs adressé son soutien à Brice Perrin, qui a salué un message "sincère" et "précieux". "Il a notre soutien total", tranche Didier Renoux, chargé de communication à la FFMC. Pour lui son agression va au-delà d'une simple opposition entre cyclistes et usagers des deux-roues.

"C'est un problème d'agresseur, pas de scootériste, pas d'automobiliste. Ce n'est pas parce que c'est quelqu'un de motorisé que c'est un nuisible. Il y a des abrutis sur la route. Ce genre d'agression, c'est le comportement d'un cerveau malade", insiste-t-il. 

La cohabitation sur la route doit passer pour lui par l'apprentissage et la formation. "Si on n'explique pas à un automobiliste qu'il va rencontrer d'autres usagers, vélos, scooters etc, avec d'autres comportements qu'il ne comprend peut-être pas, ça ne peut pas marcher. Ce n'est pas juste une question de respect des règles, on parle d'humain et de respect de l'autre", ajoute-t-il. 

Brice Perrin a lui décidé de porter plainte et appelle à une meilleure réponse des autorités, dénonçant une "impunité entretenue depuis des années". Après son agression, il se résigne à changer certaines de ses habitudes, abandonnant certains axes pour éviter les conflits. Mais arrêter de se déplacer à vélo? "Ça non. Jamais", jure-t-il.

Carole Blanchard