BFM Business
Auto

Jacques Chirac, du défenseur des automobilistes au président des radars

Jacques Chirac, lors de son départ de l'Elysée en 2007.

Jacques Chirac, lors de son départ de l'Elysée en 2007. - PATRICK KOVARIK / AFP

Ironiquement, celui qui se disait contre "la traque des automobilistes" en 1981 restera comme le président qui a recouvert la France de radars de vitesse, un grand chantier lancé au début de son deuxième mandat, en 2002.

Le 1er août 1977, Jacques Chirac est devenu quelques mois plus tôt le premier maire de Paris de l'ère moderne, la fonction venant d'être rétablie cette année-là après avoir été supprimée en 1871. Il fait alors cette déclaration à l'Auto Journal: "J’apprécie plus le pain, le pâté, le saucisson, que les limitations de vitesse"... une autre époque! 

Quatre ans plus tard, en 1981, il se fait même le défenseur des "malheureux automobilistes":

"Lorsque je vois avec quelle fureur, parfois, on traque l'automobiliste, au lieu de traquer les gangsters, en mettant des forces de l'ordre, d'ailleurs de grande qualité qui sont les nôtres, sur les routes ou sur les autoroutes, verbaliser avec un matériel moderne, des radars, et ceci simplement pour empêcher que les gens aillent au-delà de 120 ou 130 km/h. Et bien je dis: on ferait mieux d'utiliser ces forces et ces moyens à renforcer, ce qui est indispensable, la sécurité dans les grandes villes ou dans les campagnes. Et de laisser tranquille ce malheureux automobiliste qui est le support d'une industrie qui par ailleurs va mal et que l'on aurait bien raison d'encourager."

Changement de cap en 2002

Un discours qui tranche avec l'héritage que laissera finalement le Chirac président de la République aux Français. Fraîchement réélu en 2002, il déclare en effet lors de son discours du 14 juillet: 

"Je voudrais marquer ce quinquennat par trois grands chantiers mais qui ne sont pas de pierre. C’est d’abord la lutte contre l’insécurité routière. Je suis absolument horrifié par le fait que les routes françaises sont les plus dangereuses d’Europe."
Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et Gilles de Robien, aux transports, inaugurent le premier radar fixe installé en France sous la présidence de Jacques Chirac.
Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et Gilles de Robien, aux transports, inaugurent le premier radar fixe installé en France sous la présidence de Jacques Chirac. © AFP

Le 27 octobre 2003, le premier radar de "vitesse fixe" est inauguré à la Ville du Bois (Essonne) sur la RN20. La mesure, impopulaire à l'origine, restera finalement comme une des réussites de son quinquennat, comme le souligne un article de la Dépêche du Midi en 2007.

S'il faut bien sûr tenir compte d'autres facteurs comme l'amélioration de la sécurité des véhicules, les chiffres sont en effet flatteurs: entre 2002 et 2003, le nombre de morts sur les routes passe de 7242 à 5731, soit une baisse de plus de 20%. A la fin de son quinquennat en 2007, les 2000 radars prévus sur tout le territoire à la fin de l'année ont clairement changé les comportements des automobilistes et le nombre de morts tombe à 4620.

Un destin à la Chirac pour les 80km/h?

Ces successeurs ont continué son oeuvre sur le plan de la sécurité routière, avec environ 4700 radars de tous types actuellement. L'an dernier, le nombre de morts a atteint le niveau historiquement bas, avec 3248 morts. Une mesure impopulaire devenue une réussite politique, c'est le destin que souhaite le gouvernement actuel pour le passage du réseau national à 80km/h l'an dernier. 

Julien Bonnet