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Inquiétudes et questions autour de la nouvelle prime à la conversion

Le dispositif de la prime à la conversion se durcit au 1er août. Moins de véhicules seront éligibles à l’achat, les montants des primes vont baisser. Et même pour ceux qui voudraient se dépêcher d'acheter pour profiter de l'ancien dispositif, la situation est un peu floue.

"Cela devrait diviser le nombre de primes par deux". L’estimation donnée par un fin connaisseur du secteur laisse présager un été tendu dans les concessions. Le gouvernement a en effet dévoilé ce mercredi le nouveau dispositif de la prime à la conversion, applicable dès le 1er août. C’est-à-dire demain. Et ce nouveau texte se montre beaucoup moins généreux.

Le budget alloué à la prime a explosé

Au rythme actuel, le budget alloué au dispositif aurait explosé de 300 millions d’euros cette année. Le gouvernement a donc choisi de réduire la voilure, en conservant des niveaux de primes intéressants pour les électriques et les hybrides, mais en excluant du dispositif les diesel, et surtout les diesel d’occasion. Or ces modèles représentaient 48% des immatriculations depuis le début de l’année, des véhicules achetés grâce à la prime. Au total, 68% des véhicules achetés grâce à la prime sont d'occasion.

80% des ménages qui en ont bénéficié sont non-imposables. Il n’est pas dit que ces acheteurs puissent se tourner vers un modèle neuf, dont les prix, même pour les plus petits, démarrent souvent au-delà de 10.000 euros. Beaucoup d’acheteurs potentiels risquent tout simplement de ne plus pouvoir financer leur achat de véhicules.

Des professionnels inquiets

Les professionnels se montrent eux inquiets. Ils ont assuré 43% des ventes globales d’occasion depuis un an, portés notamment par la prime. "Ils en subiront le contre-coup, nous confie un autre spécialiste du secteur. C’est avant tout un achat entre particuliers, mais le véhicule d’occasion est très rémunérateur pour les professionnels. Ils sont moins tenus au niveau des prix qu’au niveau des voitures neuves".

Le changement de braquet est surtout allé très vite, alors que tout le monde envisageait plutôt des discussions d'ici la rentrée. Certains concessionnaires craignent de se retrouver avec des occasions diesel récentes sur les bras, dont la valeur se dépréciera. 

Dans son garage de Marseille (Bouches-du-Rhône), Christian Nourian ne comprend pas la marche arrière du gouvernement sur la prime, qui permettait de sortir du parc de vieux véhicules. 

"Nous serons amenés à faire des reprises nous-mêmes , et sur les voitures anciennes, ce ne sera plus du recyclage, ou de la destruction, elles vont revenir sur le marché de l’occasion. Et pour les normes de pollution, cela sera une contrainte", explique à notre micro ce concessionnaire.

Au Conseil National des Professionnels de l'Automobile (CNPA), on s'étonne de ce changement de dispositif, alors que les zones à faible émission vont progressivement être installés dans toutes les grandes agglomérations, "où les gens vont devoir changer de véhicules, on rabote la prime", nous explique Dorothée Dayraut, directrice des affaires publiques. 

De quelle prime vont bénéficier les acheteurs?

L'inquiétude se retrouve aussi côté acheteur: comment se passera la phase de transition entre le nouveau dispositif et l’ancien? Est-ce qu’un dossier signé avant le 1er août ne tombera pas sous le coup du nouveau dispositif? Que se passera-t-il si un dossier est refusé, qui en assumera les frais? "C’est le flou", nous confie Dorothée Dayraut. 220.000 dossiers de primes ont été validés au 1er semestre.

L’objectif était initialement début 2018 d’assurer 500.000 primes sur tout le quinquennat, un chiffre qui sera probablement atteint cette année, vu le succès du dispositif. Ce matin sur RTL, la ministre des Transports et de la Transition écologique Elisabeth Borne rappelait que l'objectif de primes était passé à 1 million sur tout le quinquennat. 

Pauline Ducamp