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Hidalgo, Delanoë, Tiberi, Chirac... Quel maire a le plus réduit la circulation automobile à Paris?

La vignette Crit'Air, obligatoire en semaine et en journée à Paris depuis ce lundi 16 janvier, marque le début d'une réduction progressive de l'accès des voitures à la capitale.

La vignette Crit'Air, obligatoire en semaine et en journée à Paris depuis ce lundi 16 janvier, marque le début d'une réduction progressive de l'accès des voitures à la capitale. - Yann Caradec - Wikimedia commons

INFOGRAPHIES. La place de la voiture dans la capitale est l'un des enjeux majeurs des prochaines élections municipales. Mais la maire actuelle est-elle vraiment à l'origine de la diminution du trafic automobile à Paris?

Anne Hidalgo est souvent présentée comme "anti-voitures": une étiquette qu'elle assume auprès de son électorat, une posture critiquée par nombre de ses opposants, de Rachida Dati à Marcel Campion. Mais la maire actuelle est-elle vraiment celle qui a le plus réduit la circulation automobile dans la capitale? 

Pas vraiment selon les chiffres de l'Observatoire des déplacements à Paris, basés sur les 820 postes de comptage automatique répartis sur le réseau principal de voirie à Paris intra-muros (environ 215 kilomètres de route). D'après leurs derniers rapports, l'actuelle élue socialiste a diminué le trafic de 19% sur son mandat. Une baisse conséquente donc, mais moins importante que celle réalisée durant le premier mandat de Bertrand Delanoë (21%) entre 2001 et 2008.

Plus globalement, ces données montrent que la diminution du nombre de voitures dans la capitale remonte en fait aux années 1990. Une époque où ce n'était pas la gauche qui était au pouvoir... mais la droite.

Les premières mesures anti-voitures à Paris initiées par la droite?

"C'est Jacques Chirac qui a commencé à modérer le trafic automobile en multipliant les potelets anti-stationnement et en créant des parkings payants" rappelle Frédéric Héran, économiste des transports et urbaniste à l'Université de Lille.

Le mandat de l'ancien président de la République ayant commencé en 1977, de nombreuses données sont absentes. Si on ne peut consulter que les chiffres de la toute fin de son mandat, on a en revanche accès à toutes les données concernant son successeur Jean Tiberi, membre du RPR. 

Ainsi, en prenant en compte la fin du mandat de Jacques Chirac (1992-1994) puis celui de son successeur (1995-2000), on se rend compte que la droite a elle aussi participé à la réduction du trafic dans la capitale: 15% de moins en 8 ans! 

Et sur le périphérique?

Le constat sur le périphérique parisien est similaire, même si les données semblent à première vue moins marquantes. "Il ne faut pas regarder les chiffres d'une année sur l'autre" précise l'universitaire Frédéric Heran, qui privilégie "les périodes longues. Il suffit qu'il y ait eu des travaux sur un pont une année pour déséquilibrer les comparaisons".

En 15 ans, le trafic automobile a ainsi baissé de plus de 15% autour de la capitale. Cette fois-ci, la baisse semble plus forte lorsque la gauche était au pouvoir.

Mais ces clivages politiques importent peu pour l'économiste des transports. Pour lui, cela ne fait aucun doute, même en cas de défaite d'Anne Hidalgo, "on va vers moins de voitures à Paris":

"Quel que soit le maire élu, il sera obligé de continuer cette politique de modération du trafic automobile commencée sous Chirac. Après c'est une question de rythme: certains peuvent la mettre en place plus brutalement que d'autres."

La vitesse moyenne dans et autour de Paris, un autre critère révélateur

Selon Frédéric Héran, la vitesse moyenne dans Paris intra-muros et sur le périphérique illustre cette tendance de fond transpartisane. 

Entre 1992 et 2018, la vitesse moyenne au sein de la capitale est passée de 21 à 14 km/h. Sur le périphérique, on est passé de 46 à 36 km/h. Deux processus déjà largement entamés avant l'arrivée du socialiste Bertrand Delanoë au pouvoir, comme l'illustre le graphique ci-dessous.

Louis Tanca