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Voitures du futur

Google veut enlever le volant des voitures, les autorités américaines hésitent

Entre tests sur route en conditions réelles et travail d'influence auprès des régulateurs, Google essaie d'imposer sa vision de la voiture au XXIème siècle: une voiture autonome, avec uniquement des passagers, sans volant, ni pédale.

Entre tests sur route en conditions réelles et travail d'influence auprès des régulateurs, Google essaie d'imposer sa vision de la voiture au XXIème siècle: une voiture autonome, avec uniquement des passagers, sans volant, ni pédale. - Google

L’agence fédérale américaine de la sécurité routière tient ce 27 avril une réunion publique sur le véhicule autonome. L’une des questions centrales pour la définition de ce type de véhicule, c’est ce qu’on met dedans. Google fait du lobbying pour supprimer pédales et volant, l’Etat californien s’y oppose, la NHTSA joue les arbitres.

Une voiture autonome aura-t-elle demain un volant? C’est une des questions qui sera certainement abordée ce 27 avril à l’université de Stanford (Californie). La National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA, l’agence nationale américaine de sécurité routière) y tient une réunion publique d’informations sur la voiture autonome, des spécifications de ce nouveau type de véhicules à la réglementation à mettre en place pour les homologuer et surtout les autoriser à rouler. Cette réunion fait partie des travaux de réflexions de l’agence, à côté de ses échanges avec les constructeurs et les grands de la Silicon Valley comme Google.

Lobbying technique

Depuis plusieurs années, Google se montre en effet le plus actif dans la promotion des voitures autonomes, via sa flotte de Google car. Mais le Californien fait surtout un lobbying très organisé, comme le souligne Reuters dans une enquête parue le 26 avril. Ce lobbying passe notamment sur la définition technique de la voiture autonome. L’automobile n’a en effet pas évolué ou presque depuis son invention au début du XXème siècle: elle a toujours quatre roues, un volant, deux ou trois pédales. Pour Google, quand elle sera autonome, plus besoin de tout ça. Et l’administration américaine construit des modèles sur ces hypothèses, à partir des questions techniques précises et réflexions de Google.

"Un véhicule hautement autonome avec un design avancé n’aura pas de volant, pas de pédale de frein, pas de levier de vitesse, ainsi les passagers humains ne pourront pas conduire, imagine dans un document (qui accompagnent les présentations de la NHTSA le 27 avril) l’agence fédérale en charge des standards de sécurité des véhicules motorisés (FMVSS). Il y aura un bouton panique qui peut être enclenché en cas d’urgence. La voiture n’aura pas non plus de rétroviseurs, ni de caméra de recul". La reconnaissance fin janvier de l’intelligence artificielle de la Google Car comme un conducteur à part entière montre que la NHTSA souscrit à une partie des développements poussés par Google. Mais tout le monde n’est pas d’accord pour supprimer le volant.

Opposition de la Californie

La Californie travaille ainsi sur une législation très contraignante pour encadrer les tests de voitures autonomes. Et l’état (qui abrite pourtant la Silicon Valley) n’est pas prêt à faire évoluer rapidement la réglementation sur la définition de ce qu’est une automobile. La Californie veut notamment délivrer des permis de trois ans de réaliser des tests et étudier elle-même les données des véhicules pour s'assurer de leur sécurité.

Cette divergence entre états californien et fédéral sera aussi au centre des discussions ce 27 avril. La NHTSA doit rendre publique plusieurs positions réglementaires sur l’homologation des voitures autonomes et les pré-requis techniques d’ici cet été. En attendant, la guerre des volants et des pédales est plus que jamais ouverte.

P. Ducamp