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Fin des voitures essence en 2030: Anne Hidalgo peut-elle réussir son pari?

Après la fin du diesel en 2024, Paris veut bannir les véhicules essence en 2030. L'objectif est fixé par Anne Hidalgo dans le cadre du plan climat et doit permettre de lutter contre la pollution. Mais le projet de Paris sans voiture essence est-il réaliste?

Anne Hidalgo rêve d'un Paris sans gaz d'échappement. L'objectif avait déjà été fixé de mettre fin à la circulation des véhicules diesel d'ici 2024 dans la capitale, désormais la maire de Paris veut faire de même pour les véhicules essence à l'horizon 2030.

Si la maire de la capitale fait ici le pari de prendre dix ans d'avance sur le plan climat de Nicolas Hulot, qui a engagé la France vers la sortie du pétrole en 2040. L'objectif est ambitieux et l'échéance plutôt courte. Paris a moins de 13 ans pour y parvenir et convertir tout le parc automobile parisien à l'électrique.

Mais Anne Hidalgo y croit:

"Nous sommes en capacité de le faire. Tous les constructeurs automobiles se tournent, bon gré mal gré, vers l'électrique ou vers l'hydrogène (...). Si l'on accompagne les changements technologiques en cours par des aides financières pour les particuliers et les professionnels comme nous le faisons à Paris, notre objectif de sortie du diesel et de l'essence est atteignable", certifie la maire dans Le Parisien.

Engagée dans la transition énergétique qui passe par la réduction de la voiture, la maire de Paris a plusieurs fois répété qu'elle préférait "être du bon côté de l'Histoire", alors que la pollution est responsable de la mort prématurée de 48.000 personnes en France chaque année.

"Motiver les constructeurs à produire électrique"

Mais les constructeurs seront-ils prêts? Actuellement, les véhicules électriques ne représentent qu'1% des ventes. La faute notamment à des prix élevés et à une production encore largement tournée vers le moteur thermique.

"L'offre de véhicules électriques aujourd'hui est assez limitée. Par contre, c'est un moyen de motiver les constructeurs à produire et à concevoir des véhicules électriques pour cet horizon 2030", souligne sur BFMTV Anthony Glotin, responsable commercial Aramisauto.com, site d'achat de voitures en ligne. 

En admettant que les constructeurs soient prêts, se pose aussi la question de la capacité d'achat des automobilistes pour passer à l'électrique ou à l'hydrogène.

"Pour l'instant, l'achat de voitures électriques est subventionné par l'Etat qui verse des primes très importantes. Mais ces primes n'ont pas vocation à durer éternellement, surtout si les ventes augmentent", s'interroge Flavien Neuvy, économiste et directeur de l'observatoire Cetelem.

Actuellement, les automobilistes peuvent bénéficier d'une prime de 6000 euros à laquelle s'ajoute 4000 euros (2500 euros en 2018) s'ils envoient leur véhicule diesel à la casse. 

Un réseau de bornes électriques à développer

Le passage à l'électrique suppose aussi la mise en place de nouveaux aménagements pour recharger sa voiture. La mairie de Paris a commencé à déployer les bornes Bélib' (180 points de recharge en 2016) accessibles sur abonnement. Ce dispositif s'ajoute aux bornes Autolib' dont une partie est aussi accessible aux propriétaires de véhicules électriques. Mais le réseau est pour le moment loin du compte et la fin des véhicules thermiques passera aussi par de nouveaux aménagements.

"On sait que ça coûte extrêmement cher, là aussi se pose la question de savoir qui va payer ces infrastructures", ajoute l'économiste Flavien Neuvy. 

La mairie de Paris mise aussi sur l'abandon de la voiture de certains automobilistes.

"Les enquêtes démontrent que seuls 3 habitants de la Métropole du Grand Paris sur 10 utilisent leur voiture pour aller travailler. Et ils disent dans leur immense majorité qu'ils s'en passeraient s'ils pouvaient faire autrement", appuie Anne Hidalgo dans Le Parisien

Le recours aux alternatives 

La transition passera donc par le recours à des alternatives: parkings relais à l'entrée de Paris, solutions de covoiturage, multiplication des pistes cyclables et surtout amélioration des transports en commun. A ce titre, la maire de Paris sera aidée par le chantier géant du Grand Paris Express qui prévoit la construction de 200 km de lignes automatisées et de 68 gares dans la région.

Pour les Jeux Olympiques de 2024, trois nouvelles lignes doivent voir le jour et quatre autres seront prolongées. Mais le projet risque là aussi de faire exploser la facture, le chantier pourrait atteindre 28 milliards d'euros. La ligne 17 du Grand Paris Express qui doit relier Saint-Denis aux aéroports de Roissy et du Bourget serait menacée. 

Carole Blanchard