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Essai - Quand l'Austin Mini passe à l'électrique

Alors que Mini présentera officiellement en septembre, au salon de Francfort, sa première Mini électrique, une start-up française électrifie des Austin Mini, dans une démarche d'économie circulaire.

La Mini 100% électrique s’annonce comme l’une des principales nouveautés du salon automobile de Francfort (Allemagne), mi-septembre. Mais une autre société compte elle aussi lancer des Mini électriques: Ian Motion. Cette start-up française, fondée en 2016, livrera ses premières Austin Mini converties à l’électrique d’ici la fin de l’année. Une petite dizaine de clients ont déjà passé commande.

Le prototype de la Mini "rétrofitée" que nous avons pu tester
Le prototype de la Mini "rétrofitée" que nous avons pu tester © Pauline Ducamp

Mais pourquoi… l’Austin Mini électrique?

Roland Schaumann, co-fondateur de Ian Motion, et ingénieur motoriste est parti d’un constat simple, en 2016: "De nombreuses voitures partent à la casse ou dorment dans un garage, car leur mécanique est défaillante, alors que leurs carrosserie et leur habitacle sont en bon état. Notre solution: les électrifier. C’est clairement une technologie d’avenir. Dans une approche écologique, cela évite de fabriquer un nouveau véhicule, alors qu'on dispose d'une voiture encore en état de fonctionner".

Roland Schaumann et Laurent Blond, le second confondateur de Ian Motion, vont encore plus loin dans cette démarche. Ils veulent une voiture électrique avec le moins de matériaux polluants possibles. Par exemple, les batteries utilisées ne reposent pas sur la technologie lithium-ion. Elles ne contiennent ni cobalt ni nickel, mais du fer et du phosphate. "Nous avons fait le choix de ne pas mettre de terres rares dans nos batteries", poursuit Roland Schaumann.

Le look d'une Mini ancienne, avec le charme de la motorisation électrique.
Le look d'une Mini ancienne, avec le charme de la motorisation électrique. © AK

Au volant

La première voiture que Ian Motion a choisi de transformer est la Mini, Austin. Ce petit modèle, d’une conception très simple et très légère, se prêtait bien à la transformation. L’esprit même de la Mini colle bien au projet: une petite voiture au comportement de kart pratique en ville. Où les problèmes de pollution sont criants. 

Au volant, c’est un peu retour vers le futur. La Mini ne fait aucun bruit, jaillit au feu vert en laissant bien loin les gros SUV. Mais le volant sans direction assistée, les pédales sans assistance et l’absence de bouton ou presque sur le tableau de bord, nous rappelle que nous sommes bien dans une voiture produite en 1990. Et son look rétro fait toujours mouche, affichant une différence avec les dernières Mini sorties depuis 1994 et le rachat de la marque par BMW.

Celle que nous essayons n’est encore qu’un prototype, mais Ian Motion y a installé son nouveau tableau de bord, très simple d’utilisation. Il indique si la voiture est prête à rouler, avec un symbole "petite route verte", le niveau de charge et la vitesse. Ian Motion promet 150 kilomètres d’autonomie, suffisant quand on sait qu'en moyenne les Européens roulent 38 kilomètres par jour. "Notre Mini affiche 50 chevaux de puissance, soit autant qu’une Smart EQ, mais avec 300 kg de moins, même si les batteries l’ont alourdie de 70 kg", nous explique Roland Schaumann.

La planche de bord modernisée mais avec un aspect très épuré.
La planche de bord modernisée mais avec un aspect très épuré. © AK

‘LE’ truc en plus : l’homologation

La pratique consistant à transformer une voiture thermique en voiture électrique se nomme le rétrofit. Cette activité se développe actuellement particulièrement aux Etats-Unis ou en Allemagne. Et une société comme Ian Motion souhaite donc l’importer en France. Mais jusqu’à présent, l’homologation de la Mini transformée tombait presque sous le coup de l’illégalité. Ce qui va bientôt changer. Les services du ministère des Transports ont en effet décidé de se pencher sur son cas, dans le but de simplifier l’homologation. Les dirigeants de Ian Motion, comme leurs premiers clients, espèrent aussi qu’à terme, les Mini électrifiées (puis d’autres modèles à venir) pourront bénéficier d’aides gouvernementales, au même titre que les voitures électriques neuves ou d'occasion.

Avec Christian, propriétaire d'une ancienne Mini qui s'est décidé à la confier à Ian Motion.
Avec Christian, propriétaire d'une ancienne Mini qui s'est décidé à la confier à Ian Motion. © AK

‘LE’ chiffre: 29.950

C’est en euros le prix de la conversion simple d’une Mini en voiture électrique. Ce prix de base peut doubler, si Ian Motion restaure au passage la petite Anglaise, voire si la start-up livre une voiture clé en mains, qu’elle a elle-même déniché. Une ancienne Mini peut se négocier entre 3000 et 4000 euros. Mais le tarif final risque pour le moment de faire peur à bien des amateurs de cette voiture mythique. Ian Motion espère livrer une vingtaine de voitures cette année. 

Pauline Ducamp, avec Alexis Kynigopoulos