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Essai - Pourquoi la nouvelle Renault Zoé a tout pour rester la voiture électrique préférée des Français

Nous avons testé la nouvelle version de la voiture électrique la plus vendue en Europe: la Renault Zoé. Un look modernisé, des performances et une autonomie en progrès, la bonne élève du zéro émission a bien musclé son jeu pour affronter les nombreuses concurrentes annoncées dans la catégorie.

Comme une brillante écolière prête à faire sa rentrée chez "les grands". Avec des nouveaux modèles électriques qui se bousculent aux portillons des concessions automobiles, Renault muscle le jeu de sa citadine zéro émission. La Zoé revient ainsi plus belle et plus performante. Mais pourra-t-elle rester la première de la classe électrique en Europe?

La nouvelle Zoé ne bouscule pas son look mais le modernise, avec en particulier un capot bosselé et une face avant modifiée.
La nouvelle Zoé ne bouscule pas son look mais le modernise, avec en particulier un capot bosselé et une face avant modifiée. © JB

Une pionnière qui a su évoluer

Présentée en 2012, la Zoé permet aujourd'hui à Renault de s'afficher comme un des pionniers de l'électrique, avec une solide expérience industrielle et commerciale acquise en sept ans. "A l'époque" en effet, la concurrence se limite à une poignée de modèles, avec principalement la Leaf de l'allié Nissan et les petites citadines de Peugeot et Citroën, Ion et CZéro (mais ces deux dernières qui sont en réalité des déclinaisons d'un modèle de Mitsubishi). Tesla vient tout juste de présenter sa Model S qui ne foulera le sol européen que deux ans plus tard. En résumé, en 2012, la voiture électrique ne dispose donc pas de l'image reluisante qu'on veut lui donner aujourd'hui, sur fond de durcissement des normes de CO2 et d'une conversion à marche forcée des constructeurs.

Le pari s'avère toutefois gagnant pour Renault: sa Zoé s'est imposée en Europe avec plus de 160.000 exemplaires vendus. Bien aidée par la "hype montante" de l'électrique, la citadine ne s'est d'ailleurs jamais aussi bien vendue que ces derniers temps. Une courbe commerciale en progression constante, alors qu'en général elle s'affaisse après quelques années de commercialisation.

Principale explication, une motorisation électrique qui change la donne, avec un succès qui dépend notamment des incitations fiscales et du développement du réseau de bornes de recharge. Renault a aussi su faire évoluer ce modèle au fil du temps. De l'autonomie de 150 km réels des débuts, de nouvelles batteries et motorisations lui ont permis de proposer jusqu'à 400 km en "autonomie fantasmée" (l'ancienne norme NEDC peu réaliste mais que Renault affichait tout de même dans ses publicités).

Désormais, sur cette nouvelle Zoé, les 400 km sont plus conformes à ce qu'on appelle l'autonomie réelle (avec la nouvelle norme WLTP) grâce à une nouvelle batterie d'un peu plus de 50 kWh, ce qui lui vaut d'ailleurs son nom de code de "ZE50".

Le nouveau regard 100% Led de la nouvelle Zoé
Le nouveau regard 100% Led de la nouvelle Zoé © JB

Design

On passera rapidement sur le design de cette nouvelle Zoé que nous vous avions déjà détaillé en juin dernier, même s'il convient de s'y attarder un minimum. C'est la première fois que Renault change (un peu) son look extérieur pour un résultat plaisant. La "petite Zoé" conserve sa bonne bouille mais se modernise avec notamment pour sa rentrée des classes à la "grande école" de nouvelles baskets du plus bel effet pour faire bonne figure devant ses camarades: de nouvelle jantes alu "diamantée" 16 et 17 pouces.

Zoé a désormais largement l'âge des sorties nocturnes et reçoit aussi pour l'occasion de jolis feux Led de série à l'avant (photo ci-dessus). Elle perd en revanche ses feux de position sur les côtés du bouclier, remplacés par des anti-brouillard. Si les feux arrière ont également été modernisés, dommage de ne pas avoir conservé les petits chevrons ouverts sur l'extérieur qui permettaient de l'identifier en un clin d'oeil.

Les feux arrière de la nouvelle Zoé.
Les feux arrière de la nouvelle Zoé. © JB

Au volant

En entrant à bord, le nouvel intérieur qui s'inspire de la nouvelle Clio fait très bonne impression avec un niveau de qualité perçu qui fait un bond par rapport à la précédente génération. Petite déception en revanche en s'installant dans le siège, certes confortable mais qui n'est pas réglable en hauteur. La position de conduite reste correcte mais on ne peut pas l'ajuster à sa guise. 

Une fois sur la route, le nouveau moteur R130, pour 130 chevaux, fait preuve de son dynamisme par rapport au R110 qui sera toujours proposé. La motorisation électrique, avec une puissance disponible instantanément, vous permettra d'être parmi les plus rapides pour les départs au feu rouge en ville. Si l'accélération n'est bien sûr pas aussi foudroyante que dans une Tesla, le nouveau moteur permet surtout de gagner en efficacité au-delà de 80 km/h. Pratique pour doubler ou se maintenir à 110 ou 130 km/h sur autoroute, des points sur lesquels la Zoé avait encore un peu de difficultés. Avec ses qualités de conduite dynamique, on aimerait pourvoir régler la dureté du volant, un peu trop souple lorsqu'on accélère le rythme même si cela reste logique pour proposer une conduite plutôt souple sur ce type de modèles, plutôt urbain.

A la poursuite de la nouvelle Zoé... l'intérieur reste un gros point fort de cette génération.
A la poursuite de la nouvelle Zoé... l'intérieur reste un gros point fort de cette génération. © AK

Si Zoé n'a donc désormais plus peur des cours d'EPS, elle peut toutefois modérer sa consommation avec l'introduction d'un mode éco qui bride ses performances mais pas trop. L'autre bonne nouvelle c'est l'introduction d'un "mode B". Proposé au niveau du levier de vitesse en alternative au mode D classique, il booste la récupération d'énergie lors des décélérations, même si cela semble moins poussé que sur la dernière Nissan Leaf et son fameux mode e-pedal qui peut ralentir le véhicule jusqu'à l'arrêt complet en relâchant simplement la pédale de droite.

Zoé reste également très sage. Le silence à bord a été amélioré avec un pare-brise acoustique et une isolation renforcée. On profite ainsi d'autant plus de ce confort lié à la motorisation électrique. Les bruits de roulement et aérodynamiques sont bien neutralisés, un très bon point. 

Du côté des équipements, on reste aussi sur la bonne impression laissée par ceux de la Clio. L'écran tactile au centre offre une bonne définition avec un temps de latence raisonnable lorsqu'on interagit avec, mais qui peut toutefois s'avérer un peu long à la détente si on est habitué à une réactivité de bon smartphone. Encore un peu hésitante, Zoé ne maîtrise pas vraiment le maintien dans la voie, les lignes identifiées ou non n'entraînaient pas vraiment de réaction dans le volant. Etonnant.

"LE" truc en plus: une recharge "un peu" rapide

En option à 1000 euros, la Zoé peut recevoir derrière le logo Renault un port de recharge dit "combo" en courant continu (DC), adapté à la recharge "rapide" à 50 kW. De quoi récupérer 150 km d'autonomie en 30 minutes, ce qui peut être pratique lors d'un long trajet, avec un réseau de bornes plus denses désormais sur autoroute. Si des voitures proposent désormais des recharges à des puissances supérieures à 100 kW, Renault aurait volontairement choisi de se limiter à 50 kW afin de rester dans ses coûts. 

Sans cette option, il faudra se contenter au maximum d'une recharge 22 kW, permettant de récupérer 120 km en 1h. Pour Renault, cela reste largement suffisant pour une utilisation au quotidien. 

En option, un port de charge combo permettant de charger à 50 kW de puissance.
En option, un port de charge combo permettant de charger à 50 kW de puissance. © Renault

LE chiffre: 3

Comme le nombre de formules principales pour disposer d'une Zoé. Première option: opter pour l'achat du véhicule, mais avec la location de batterie. Le discours de Renault à ce sujet est assez clair depuis le début de l'aventure Zoé: en louant cet élément essentiel, l'utilisateur s'épargne des soucis en cas de panne ou de dégradation importante de l'autonomie: vous n'en êtes pas propriétaire donc Renault se doit de vous la changer. Sur notre modèle d'essai de la nouvelle Zoé nous avons pris le scénario suivant: une finition Intens à 28.500 euros (hors bonus de 6000 euros actuellement et sans option comme la prise combo à 1000 euros) et un contrat de location de la batterie permettant de réaliser 10.000 km par an, à 84 euros par mois, soit un budget de 1008 euros par an. Les loyers mensuels vont de 74 euros pour 7500 km par an à 124 euros pour 20.000 km et plus. 

Deuxième possibilité: opter pour l'achat de la batterie. Mais il faut tout de même ajouter 8100 euros au prix d'achat. Sur notre modèle d'essai, cela fait grimper la facture à 36.600 euros, 30.600 euros en déduisant le bonus écologique.

Enfin, et c'est d'après Renault la formule qui séduit le plus les acheteurs sur la première Zoé avec plus de 80% des ventes: la location avec option d'achat. Quitte à louer la batterie, autant en faire de même avec le reste du véhicule avec des offres à partir de 169 euros/mois "sans condition de reprise".

Si nous parlions bien sûr ici d'un achat d'une Zoé neuve, on pourrait bien sûr ajouter une quatrième option: acheter une Zoé d'occasion, avec un marché en plein développement cela peut permettre de rouler électrique sans se ruiner. 

Notre modèle d'essai: Renault Zoé ZE50 avec le moteur R130 en finition Intens

Julien Bonnet, avec Alexis Kynigopoulos