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Essai - Porsche Cayenne Coupé: le SUV qui voulait ressembler à la 911

Le Porsche Cayenne Coupé offre une approche plus dynamique du célèbre SUV de la marque allemande.

Le Porsche Cayenne Coupé offre une approche plus dynamique du célèbre SUV de la marque allemande. - JB

Porsche décline désormais son Cayenne en SUV-coupé. A côté d'une version Turbo au V8 de 550 chevaux, la marque allemande propose également ce (très) gros modèle en hybride rechargeable.

C'est peut-être la voiture qui pourrait recevoir le titre de modèle le plus détesté de 2019: le Porsche Cayenne Coupé. Premier problème, bien que coupé, il s'agit toujours d'un SUV de grande taille, polluant, qui vient écraser les autres usagers de la route pour reprendre les principaux chefs d'accusation visant cette catégorie. Deuxième souci, c'est une Porsche, ce qui peut passer aujourd'hui comme l'affichage un peu trop provocateur d'un signe extérieur de richesse.

Malgré cette prétendue impopularité, il fallait nous faire une idée. Pas question ici de trancher sur la question morale d'être pour ou contre les voitures chères ou les SUV. Il s'agit plutôt ici d'observer ensemble ce drôle d'objet, symbole sans doute fou, mais néanmoins fascinant de notre époque.

C'est de profil que l'on remarque le plus les différences avec le Cayenne classique.
C'est de profil que l'on remarque le plus les différences avec le Cayenne classique. © JB

Mais pourquoi le Porsche Cayenne Coupé?

Petit rappel des épisodes précédents: en 2002, Porsche lance son premier SUV, le Cayenne. Si les admirateurs de la sacro-sainte 911 crient au scandale, ce sera rapidement un succès. Rapidement, le Cayenne s'impose comme le best-seller de la marque allemande. Il a depuis cédé cette place de leader des ventes à son petit-frère, le Macan. Le Cayenne, dont la 3e génération est sortie l'an dernier, constitue plus d'un quart des ventes de Porsche, avec 71.000 unités sur 256.000 ventes en 2018.

Pour maintenir ces belles performances commerciales, le grand SUV dispose maintenant d'une déclinaison coupé. De quoi venir chasser sur les terres de concurrents comme le BMW X6 ou le Mercedes GLE Coupé, en cours de renouvellement, et de ses cousins au sein du groupe Volkswagen, comme l'Audi Q8 et le Lamborghini Urus. Porsche s'attend à un mix 50/50 entre carrosserie classique du SUV et coupé. L'effet nouveauté joue déjà avec 60% des commandes enregistrées pour le nouveau-venu depuis son lancement commercial.

Cette version Turbo du Cayenne Coupé dispose d'un V8 bi-turbo 4 litres de 550 chevaux.
Cette version Turbo du Cayenne Coupé dispose d'un V8 bi-turbo 4 litres de 550 chevaux. © JB

Au volant

En approchant pour la première fois du Cayenne Coupé, sa silhouette lui donne une allure moins massive que le modèle d'origine. Il est un peu plus long, à 4,93 mètres, et un peu plus bas, à 1,68 mètre, ce qui renforce son dynamisme. La filiation avec la 911 est ainsi plus prononcée, avec une prise d'air en largeur sur la face avant et une ligne de toit plongeante à l'arrière. Les ailes ont également été élargies pour renforcer l'allure athlétique de l'engin. Aussi gros soit-il, le Cayenne Coupé peut transporter seulement 4 personnes de série, avec la possibilité d'ajouter une assise supplémentaire à l'emplacement de l'accoudoir géant à l'arrière.

A bord, aucun changement notable par rapport à celui très réussi du dernier Cayenne. L'ensemble, composé des deux petits écrans sur les côtés du compte-tours central, d'un écran tactile au centre et d'un nombre limité de boutons mais toujours pratiques sur la console centrale, sans oublier les matériaux nobles, avec du cuir en abondance et de l'alcantara recouvrant l'ensemble du volant, en font une référence de luxe technologique. 

Premier modèle de notre essai: la version Turbo, avec son V8 bi-turbo essence de 4 litres de 550 chevaux, la boîte de vitesse automatique Tiptronic 8 rapports et la transmission intégrale. Dès les premiers kilomètres, pas de doute, le modèle est surpuissant. La réactivité du moteur vous scotche au fond du siège, avec une poussée impressionnante ressentie à l'accélération. Le 0 à 100 km/h est ainsi annoncé à 3,9 secondes, pas mal pour un SUV de 2,2 tonnes.

L'arrière élargi et cet aileron arrière improbable donnent de l'agressivité à ce Cayenne Coupé. La facture a également de quoi rendre agressif, avec un modèle d'essai à 183.183 euros, et près de 33.000 euros d'options.
L'arrière élargi et cet aileron arrière improbable donnent de l'agressivité à ce Cayenne Coupé. La facture a également de quoi rendre agressif, avec un modèle d'essai à 183.183 euros, et près de 33.000 euros d'options. © JB

Sur les routes de montagne de notre essai, les virages s'enchaînent avec une facilité déconcertante, au point de nous faire douter que nous sommes toujours à bord d'un Cayenne! En ville, le gabarit XXL nous rappelle toutefois que nous ne sommes pas dans une petite sportive. Mais le véhicule se révèle tout de même assez agile pour se faufiler avec aisance dans un trafic très dense.

D'un prix de départ de 149.217 euros pour cette version Turbo, Porsche n'a pas lésiné sur les options puisque la note finale ressort à... 183.183 euros. Le système son remporte la palme de l'équipement le plus onéreux, 4626 euros, mais de nombreuses options viennent améliorer le comportement du véhicule: le contrôle dynamique du châssis ("PDCC" à 3300 euros), les roues arrière directrices (2064 euros) ou encore la répartition variable du couple ("PTV Plus", à 1500 euros). Le vitrage insonorisant, qui participe au grand confort à bord, est de son côté facturé 1740 euros.

De quoi ne pas trop entendre les cris de colère des écologistes sur notre passage... avec 261 g/km de CO2, le Cayenne Turbo Coupé explose le plafond français du malus, à partir de 191 g/km il faut s'acquitter de la surtaxe maximale... de 10.500 euros (et 12.500 euros l'an prochain).

Heureusement, notre deuxième modèle d'essai corrige le tir: un chevalier blanc nommé Cayenne e-hybrid coupé. Cette version hybride rechargeable associe en effet un V6 turbo de 3 litres à un moteur électrique relié à une batterie de 14 kWh pour offrir 50 km d'autonomie zéro émission.

Nous retrouvons (un peu) la raison avec la version e-hybrid, équipé "seulement" d'un V6 3 litres de 462 chevaux et d'un moteur électrique.
Nous retrouvons (un peu) la raison avec la version e-hybrid, équipé "seulement" d'un V6 3 litres de 462 chevaux et d'un moteur électrique. © JB

En termes de performances, on est bien un cran en-dessous du Cayenne Turbo mais on ne manque toujours pas de puissance. Un système de Led dans le bas du compte-tours permet de savoir à quel point on puise dans les batteries ou à l'inverse, si elles se rechargent en décélérant. Plusieurs modes permettent ainsi de profiter au choix des deux motorisations qui agissent de concert ou de maintenir un niveau de batterie donnée en ne recourant qu'avec parcimonie en électrique. En ville, le mode 100% électrique se montre très agréable. Il peut en effet fonctionner jusqu'à 130 km/h en appliquant un appui modéré sur la pédale (le pied un peu lourd réveillera instantanément le V6), ou un mode 100% thermique qui se chargera au passage de recharger les batteries.

Plus civilisé que le brutal Turbo, cet e-hybrid est aussi un peu moins perché en termes de prix. Comptez un prix de départ tout juste sous les 100.000 euros et un malus de... 0 euros (voir LE chiffre ci-dessous). La facture finale ressort toutefois encore bien loin de ce tarif de base, avec plus de 43.000 euros d'options.

Comme sur la Panamera, cette version e-hybrid se distingue par des éléments en vert, comme les étriers de freins ou les badges.
Comme sur la Panamera, cette version e-hybrid se distingue par des éléments en vert, comme les étriers de freins ou les badges. © JB

"LE" truc en plus: le premier SUV à aileron

Pour se la jouer "Cayenne sportif", le coupé profite de sa ligne de toit plus plongeante pour disposer d'un becquet, sur le haut du toit, et, juste au-dessus du coffre, d'un aileron arrière adaptatif, une première sur un SUV. Comme sur les modèles sportifs de la marque, il se déploie automatiquement à haute vitesse, pour offrir un meilleur appui aérodynamique. Son ouverture se commande aussi manuellement son ouverture depuis l'écran tactile à bord. En termes de style, ce n'est pas forcément une réussite, mais nul doute que les clients souhaitant impressionner la galerie ne seront pas déçus par cet appendice inédit.

Le "bon côté" du Cayenne e-Hybrid coupé, celui avec la prise de recharge électrique.
Le "bon côté" du Cayenne e-Hybrid coupé, celui avec la prise de recharge électrique. © JB

Le chiffre: 0

Comme le montant du malus que payera un acheteur de Cayenne Coupé dans sa version e-hybrid. Ce dernier affiche en effet un score d'émission de 75 g/km de CO2, bien en-dessous du seuil de déclenchement du malus, à 117 g/km cette année (et 110 g/km l'an prochain). 

Le mode 100% électrique, certes limité à 50 km d'autonomie, permet en effet à cette version du Cayenne Coupé de passer entre les mailles du filet écologique français. On a pourtant de quoi s'étonner face à un véhicule qui n'est pas non plus un modèle de délicatesse environnementale... le moteur électrique restant associé à un V6 turbo de 3 litres, pour une puissance annoncée à 462 chevaux.

Sur notre essai, notre consommation est ressortie à 21,8 litres aux 100 km, contre 30 avec la version Turbo. Toujours aussi gargantuesque mais logique quand on prend en compte les plus de 2 tonnes de l'engin, le parcours de petites routes de montagne de notre essai, notre conduite sportive et une telle puissance sous le capot. Reste le côté ludique de recharger les batteries en descente en particulier, ce qui nous a permis de profiter du mode 100% électrique en arrivant en zones urbaines.

Nos modèles d'essai:
Porsche Cayenne Turbo Coupé, à partir de 149.217 euros (183.183 euros avec options)
Porsche Cayenne E-Hybrid Coupé, à partir de 98.097 euros (143.739 euros avec options)
Julien Bonnet