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Essai - Nouvelle Ford Focus, patchwork intelligent

La nouvelle Focus puise son inspiration design dans différents modèles récents, mais avec un résultat plutôt réussi.

La nouvelle Focus puise son inspiration design dans différents modèles récents, mais avec un résultat plutôt réussi. - Ford

Ford a renouvelé cette année sa compacte, la Focus. Le design s'améliore sur notre version d'essai en version ST-Line, tout comme la technique. Ford associe ici un nouveau moteur 3 cylindres, une boite automatique 8 vitesses, un intérieur moderne et des aides à la conduite. En route pour un essai urbain du modèle phare de la marque américaine en Europe.

La Focus fêtait ses 20 ans en 2018. Comme cadeau d'anniversaire, rien de mieux qu'une nouvelle génération prête à affronter de solides concurrentes parmi les berlines compactes. Malgré le succès incontesté des SUV, ce segment reste en effet particulièrement important en Europe. Face aux Volkswagen Golf, Opel Astra, Peugeot 308 et autres Renault Mégane, cette quatrième génération arrive sans doute à point nommé, avec des équipements modernes à des tarifs qui restent raisonnables.

Mais pourquoi la Ford Focus?

En 1998, la France est championne du monde de football en juillet, et Ford présente la première Focus au Mondial de Paris en octobre. 20 ans plus tard, les Bleus ont de nouveau triomphé et la marque américaine, qui boude désormais le salon parisien, nous propose donc cette nouvelle génération de sa compacte. Si on pourrait croire que pas grand-chose n'a changé, c'est tout le contraire.

Entre temps, Ford a en effet écoulé plus de 16 millions d'exemplaires de sa compacte à travers le monde, dont 7 millions en Europe. La Focus est ainsi passée du statut de trublion à celui de best-seller: fini la prise de risque, il faut désormais assumer son rôle de dauphin du leader incontesté du segment en Europe. Derrière la Golf, elle se dispute en effet la deuxième place avec l'Opel Astra mais distance assez nettement les Renault Mégane et Peugeot 308. Avec une qualité en hausse et des équipements remis au goût du jour, cette Focus IV pourrait ainsi venir grappiller des parts de marché à la championne d'Europe, dont la huitième génération sera une des grandes nouveautés attendues en 2019…

L'inscription Focus prend de l'ampleur à l'arrière, comme par exemple sur les dernières Volkswagen. Une manière d'assumer pleinement un nom devenu "bankable" depuis 1998.
L'inscription Focus prend de l'ampleur à l'arrière, comme par exemple sur les dernières Volkswagen. Une manière d'assumer pleinement un nom devenu "bankable" depuis 1998. © Ford

Au volant

Point essentiel pour tenter de titiller la Golf, Ford a particulièrement travaillé le design de sa nouvelle Focus. Si au premier coup d'œil, elle ne bouscule pas les codes par rapport à la troisième génération, à y regarder de plus près elle lui met en réalité un sacré coup de vieux. C'est encore plus le cas avec notre version ST-Line, à la carrosserie arborant des lignes assez dynamiques et de nouveaux feux Led qui ajoutent tout de suite une dose d'esthétisme moderne. Et en bonus des clignotants défilants. Parfait pour la période de Noël de notre essai.

On peut voir dans ce design extérieur un agrégat d'éléments empruntés à différents modèles récents de Volvo, Hyundai ou Fiat, nous laissant face à un ensemble sans personnalité. Mais, en réalité, on fait plutôt face à un patchwork intelligent, reprenant certes sûrement les bonnes idées des autres, mais avec une certaine cohérence et, surtout, un aspect flatteur pour une compacte généraliste.

L'intérieur d'une Focus ST-Line en boîte manuelle. Notre version automatique dispose du nouveau sélecteur de modes à la place du levier de vitesse.
L'intérieur d'une Focus ST-Line en boîte manuelle. Notre version automatique dispose du nouveau sélecteur de modes à la place du levier de vitesse. © Ford

Une fois à l'intérieur, on retrouve également de l'intelligence puisque ce modèle récupère de nombreuses aides à la conduite (voir "LE" truc en plus). Logiquement, Ford a aussi placé dans sa nouvelle Focus l'aménagement moderne de la Fiesta, avec sa tablette tactile de 8 pouces. Dans notre version équipée de la dernière boîte automatique 8 rapports, on notera aussi la présence du sélecteur de modes que nous avions apprécié sur le dernier Ford Edge. Ici aussi, il contribue à épurer l'habitacle. L'écran tactile réunit de nombreuses fonctions et réduit d'autant le nombre de boutons sur le tableau de bord. On apprécie toutefois de conserver les réglages de climatisation, sièges et volant chauffant avec de vrais boutons physiques.

Une fois sur la route, la Focus reste agréable à conduire et plutôt dynamique. La boite automatique 8 rapports se débrouille à merveille pendant les phases de conduite "tranquille". C'est un peu moins le cas en adoptant une conduite un peu plus dynamique, qui peut donner lieu à certains à-coups lorsque qu'il faut rétrograder. Face à des imperfections de la route, on peut également être surpris par des secousses un peu brutales. Certes, notre version est équipée des suspensions sport, plus dures, mais on peut apprécier de pouvoir profiter d'un peu de confort… quand le mode sport n'est pas activé.

Malgré ces petits défauts, on prend tout de même plaisir à chercher à exploiter cet étonnant bloc 3 cylindres 1 litre poussé ici à 125 chevaux. Il offre une puissance suffisante et ronronne de manière appréciable en mode sport, tout en se faisant plus discret en mode Eco et normal.

La Focus est par ailleurs vendue comme particulièrement sobre, avec notamment un stop & start, nous avons été ainsi étonné de découvrir une consommation de 14 litres aux 100 à la fin de notre essai, sans avoir pourtant trop forcé sur la pédale de droite. Sans crier au scandale, plusieurs facteurs peuvent expliquer cette surconsommation. Nous avons testé ce véhicule par une semaine très froide (proche de 0°) en région parisienne sur des trajets domicile-travail, relativement courts en distance et avec des bouchons. Le recours intense au chauffage de l'habitacle, des sièges et du volant ainsi que le désembuage n'arrangeaient pas les choses.

Notre modèle d'essai était aussi au tout début de sa vie et donc à faible kilométrage, or Ford nous a indiqué que la consommation optimale s'atteignait après un rodage de 3000 à 3500 km. Dans les prochains mois, nous testerons certainement une nouvelle fois cette Focus sur un trajet plus routier pour y voir plus clair sur ses niveaux de consommation et sur des conditions de conduite différentes. 

L'affichage tête haute, associé à la conduite autonome de niveau 2, offre un grand confort à bord.
L'affichage tête haute, associé à la conduite autonome de niveau 2, offre un grand confort à bord. © BFM Auto

"LE" truc en plus: l'équipement très complet

Ecran tactile, assistant de conduite de niveau 2 (un régulateur qui adapte sa vitesse en fonction du trafic tout en suivant les lignes de la route), affichage tête haute, recharge à induction en complément des ports USB, compatibilité CarPlay (Apple) et Android Auto... cette nouvelle Focus a fait le plein d'équipements. Et il faut reconnaître qu'il ne lui manque pas grand chose parmi les options les plus populaires du moment. 

L'ergonomie reste d'aussi bon niveau que sur la dernière Fiesta, avec un écran tactile qui offre un bon rapport définition/réponse au toucher. On trouve facilement ses marques et on accède facilement aux différents réglages. La fonction de reconnaissance vocale permet également d'interagir facilement pendant la conduite. C'est toujours pratique pour entrer une nouvelle destination dans le GPS ou appeler un contact de son répertoire sans avoir à triturer l'écran tactile. 

La Focus ST-Line de notre essai. Avec une utilisation en ville et dans les bouchons principalement, la consommation du 3 cylindres a un peu flambé.
La Focus ST-Line de notre essai. Avec une utilisation en ville et dans les bouchons principalement, la consommation du 3 cylindres a un peu flambé. © BFM Auto

"LE" chiffre: 27.100

C'est en euros le tarif de départ de notre version ST-Line avec le moteur 1 litre de 125 chevaux et la boite automatique 8 rapports. Si on ajoute les options (avec par exemple 900 euros pour la très jolie peinture rouge candy métallisée, 850 euros pour les sièges cuir avec réglages électriques, 400 euros pour le système audio, 1350 euros pour le pack extérieur incluant phares Full Led et jantes alliage 18 pouces), la facture finale s'établit à 32.400 euros. Plutôt raisonnable si on compare avec une Peugeot 308 GT-Line avec le moteur 1.2 de 130 chevaux, qui démarre à 28.600 euros.

Notre modèle d'essai: Ford Focus ST-Line 5P 1.0 EcoBoost 125ch BVA8

Julien Bonnet