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Essai - Le match franco-français des voitures autonomes

A ma gauche, le C4 Picasso autonome du groupe PSA, à ma droite l'Espace autonome de Renault.

A ma gauche, le C4 Picasso autonome du groupe PSA, à ma droite l'Espace autonome de Renault. - DR

Essai un peu particulier ce dimanche puisque nous confrontons deux prototypes de voitures autonomes. Ils préfigurent les premiers modèles à disposer de fonction de conduite autonome chez PSA et Renault.

Une fois n'est pas coutume, l'essai de ce dimanche est consacré à des véhicules que vous ne pourrez pas acheter. Non, pas comme l'Audi R8 Spyder, qui est juste hors budget. Mais simplement car ces modèles ne sont pas (encore) commercialisés.

Nous avons pu en effet monter dans les prototypes de véhicule autonome de PSA (Peugeot, Citroën, DS et, depuis peu Opel) et de Renault. Ou des C4 Picasso et Espace avec des capteurs un peu partout et une batterie d'équipements informatiques à l'intérieur. Voici donc notre match franco-français de la voiture du futur.

Dans le C4 Picasso "sans les mains"
Dans le C4 Picasso "sans les mains" © JB

Conduite sans les mains: match nul

Pour les deux véhicules, la conduite autonome se réalise sur voie rapide grâce à une autorisation spéciale requise pour ces tests sur route ouverte. Une fois arrivé sur place, l'appui sur un bouton sur le volant permet d'activer la conduite autonome. Il n'y a plus besoin de s'occuper des pédales ou du volant.

Les ingénieurs de PSA comme de Renault travaillent d’arrache-pied pour que le comportement des voitures autonomes soit le plus naturel possible. On peut déjà le constater sur les deux prototypes, avec des accélérations et décélérations douces, et des changements de file parfaitement gérés.

Même sur des véhicules récents, le régulateur de vitesse adaptatif peut marquer un à-coup lorsqu'un véhicule freine, même loin devant, se bornant à respecter les distances de sécurité. Lors des deux essais, des insertions de véhicules un peu brutales n'ont pas entraîné de sur-réactions des systèmes de conduite. Match nul donc sur ce point précis. 

Aspect "grand public" du prototype: avantage PSA

Dans le C4 Picasso autonome, la double commande pédales-volant permet à n’importe qui de prendre (ou plutôt de lâcher) le volant. Assis sur le siège passager, un superviseur de PSA est présent pour intervenir si besoin.

Nous avons ainsi pu tester réellement l'activation du système sur le siège conducteur, ce qui n'était pas possible sur le prototype de Renault. La marque au losange souhaite également tester les réactions d'un public plus large que ses propres experts et ne devrait pas tarder un deuxième volant à son Espace autonome.

Dans le C4 Picasso autonome, un dispositif original de double commandes pédales et volants.
Dans le C4 Picasso autonome, un dispositif original de double commandes pédales et volants. © JB

Capacité à être réellement autonome: avantage Renault

Le prototype de PSA n’était pas encore équipé de certains capteurs arrière. Résultat, pour le changement de file automatisé, il suffit d'activer le cligotant mais il fallait quand même vérifier au rétroviseur qu'une voiture n'arrivait pas sur la voie choisie...

Dans l'autre camp, le prototype Renault avait lui tous ses capteurs. Une fois le clignotant activé pour signaler la volonté de changer de file, c'est donc la voiture qui s'assurait elle-même que la voie était libre.

A noter que sur les premières versions de série, il ne devrait pas être nécessaire d'enclencher le clignotant pour changer de file. Dans les scénarios envisagés par les deux constructeurs, une fois arrivé sur autoroute, le conducteur pourra activer la conduite autonome, qui se calera sur la vitesse limite ou choisie et effectuera, si besoin, les changements de file. 

Sur le rétroviseur de l'Espace, une petite caméra permet de déterminer si la voie sur le côté est libre.
Sur le rétroviseur de l'Espace, une petite caméra permet de déterminer si la voie sur le côté est libre. © JB

Interface homme-machine: match nul

Des écrans partout, des interfaces encore en test, des fils et de gros boutons rouges encore apparents... ces prototypes restent de vrais chantiers roulants.

Les deux constructeurs en profitent pour tester leur future interface qui informera le conducteur de l'activation du mode autonome et du besoin éventuel de reprendre le volant. 

Au centre du tableau de bord, l'Espace comme le C4 Picasso autonomes disposaient d'une tablette type iPad affichant différentes informations en provenance des nombreux capteurs.

Dans l'Espace (photo) comme dans le C4 Picasso, une tablette a été placé au centre du tableau de bord. Pour l'écran derrière le volant, les deux constructeurs testent les futures interfaces homme-machine.
Dans l'Espace (photo) comme dans le C4 Picasso, une tablette a été placé au centre du tableau de bord. Pour l'écran derrière le volant, les deux constructeurs testent les futures interfaces homme-machine. © JB

Habitabilité: avantage PSA

Les coffres des deux véhicules sont remplis d'équipements informatiques divers, reliés aux différents capteurs et qui capables de réaliser tous les calculs nécessaires pour positionner avec une précision extrême le véhicule et déterminer la trajectoire.

Sur le prototype de Renault, ces équipements débordaient même dans l'habitacle. Résultat: la place centrale de la banquette arrière avait été retirée. Si le C4 Picasso avec ses cinq places gagne donc sur ce point, il faut préciser que tous ces équipements seront miniaturisés et tiendront à terme dans une petite boîte. Il n'y aura donc pas besoin de posséder un imposant monospace pour rouler sans les mains.

Sur le C4 Picasso (photo) comme sur l'Espace, le coffre est un peu encombré par le matériel informatique embarqué pour les tests.
Sur le C4 Picasso (photo) comme sur l'Espace, le coffre est un peu encombré par le matériel informatique embarqué pour les tests. © JB

Résultat final: victoire de PSA mais rendez-vous en 2020

Avec un point positif supplémentaire, PSA et son C4 Picasso l'emporte donc d'un cheveu. Mais c'est finalement en 2020 que l'on connaîtra le vrai vainqueur de ce duel: c'est donc à cette date que l'on saura lequel sera le premier à pouvoir proposer une option autonome performante et abordable. Deux priorités fixés par les deux groupes français qui paraissent en tout cas bien lancés dans cette compétition mondiale. A moins que l'équipementier Valeo ne leur vole la vedette. Il compte en effet bientôt tester son prototype de voiture autonome dans les rues de Paris... A suivre... 

Julien Bonnet