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Essai - Kia Ceed, bouillon de technos

La nouvelle Ceed continue sur sa bonne lancée design et y ajoute une touche techno de très bonne facture.

La nouvelle Ceed continue sur sa bonne lancée design et y ajoute une touche techno de très bonne facture. - JB

Kia renouvelle sa compacte Ceed, qui perd au passage son apostrophe mais gagne de nombreux équipements, comme un assistant de conduite très performant et le duo Carplay/Android Auto. Une nouvelle preuve que la marque coréenne monte en puissance ces dernières années.

Et si le destin de Kia rejoignait celui de l'équipe de football de Corée du Sud, son pays d'origine, lors de la Coupe du monde 2018? Le pays du matin calme n'est pas forcément attendu pour exprimer son talent dans ce sport... et pourtant. Dos au mur lors de son dernier match, déjà éliminé de son groupe, le onze coréen s'est tout de même payé le luxe de sortir l'Allemagne, tenante du titre et avec quatre étoiles mondiales sur son maillot. De quoi provoquer l'un des plus gros séismes de ce mondial russe sur la planète football.

Si Kia n'inflige pas encore une telle Bérézina à ses concurrents automobiles germaniques dans l'automobile, la marque coréenne fait de plus en plus figure de challenger sérieux. Dernier exemple en date: la nouvelle génération de Ceed. La compacte veut en effet clairement rivaliser avec la championne de la catégorie, la Volkswagen Golf.

En plus d'avoir un destin croisé avec l'équipe de Corée du Sud, la nouvelle Ceed soutient l'équipe de France.
En plus d'avoir un destin croisé avec l'équipe de Corée du Sud, la nouvelle Ceed soutient l'équipe de France. © JB

Mais pourquoi la Kia Ceed?

Lancée pour la première fois en 2007, la Cee'd se veut alors la plus européenne des voitures de Kia. C'est même la signification de son nom, acronyme de "Communauté Economique Européenne", pour "CEE" (le nom alors porté par l'Union Européenne) et "Design Européen" pour "'D". Kia voulait ainsi afficher sa stratégie de conquête en soulignant qu'elle est conçue et produite en et pour l'Europe. 

D'une compacte banale et sans saveur à ses débuts, la Cee'd gagne en fiabilité, en design et en équipements avec la deuxième génération en 2012. Avec une image redorée, la Cee'd peut ainsi aborder cette troisième génération avec plus d'ambition. Vous l'avez d'ailleurs déjà noté, mais le modèle a perdu au passage son apostrophe, histoire d'apporter plus de clarté, précise Kia. Et de montrer que son nom est clairement installé dans le paysage européen.

Et il est vrai que face à une armée de concurrents, la bataille sera rude. On pense notamment aux Peugeot 308, Renault Mégane, Citroën C4 Cactus, Toyota Auris, Nissan Leaf, Volkswagen Golf et Seat Leon notamment... de sérieux opposants tout juste renouvelés ou en passe de l'être.

Les différentes générations de c'eed, histoire d'apprécier le progrès réalisé. Kia n'avait pas apporté la première phase de la première génération (ici au premier plan la phase II, bien plus réussie, un peu plus élégante).
Les différentes générations de c'eed, histoire d'apprécier le progrès réalisé. Kia n'avait pas apporté la première phase de la première génération (ici au premier plan la phase II, bien plus réussie, un peu plus élégante). © JB

Au volant

Si la Ceed perd son apostrophe, elle gagne en allure pour prendre des airs de berline compacte sexy. Et pour cause, d'après la marque, 31% des acheteurs du segment C citent le design comme premier critère de sélection. Ce taux grimpait à 41% sur la précédente Cee'd. Plus large, plus basse, avec sa ceinture de caisse désormais horizontale, elle offre une image plus dynamique.

Du côté du coffre, avec 395 litres, cette Ceed s'approche des meilleurs élèves de la catégorie, comme la Peugeot 308 (à 420 litres). La version break ("Sportswagon" ou SW) offre elle un coffre de 625 litres. Dans l'offre Kia, qui démarre à 20.990 euros (moteur 1 litre essence 120 ch), il faut ajouter 1000 euros pour passer en SW.

Après avoir observé son dessin et jeter les affaires dans le coffre, direction l'habitacle, plutôt de bonne facture. Les plastiques sont de qualité, l'aménagement bien pensé. Même constat côté connectivité, comme souvent sur les modèles des gammes Hyundai/Kia: deux ports USB, un pour recharger rapidement, un pour la connectivité Android Auto et Carplay (devenus la norme pour tous les véhicules qui se revendiquent comme connectés), un écran tactile de bonne qualité et un volant avec de nombreux raccourcis vers les fonctions principales. L'ensemble séduit.

L'intérieur de la nouvelle Ceed (avec écran 8 pouces, écran 7 pouces de série sinon). L'écran entre les deux compteurs remplace bien un éventuel affichage tête haute qui n'est pas proposé en option.
L'intérieur de la nouvelle Ceed (avec écran 8 pouces, écran 7 pouces de série sinon). L'écran entre les deux compteurs remplace bien un éventuel affichage tête haute qui n'est pas proposé en option. © Kia

Notre première version était équipée du moteur essence T-GDi 1,4 litre de 140 chevaux, associée à la boîte automatique 7 vitesses. La transmission double-embrayage se montre au niveau et permet de profiter d'un mode Sport (voir 'LE' truc en plus), ce qui n'est pas le cas pour la version équipée de la boîte manuelle 6 vitesses.

Le confort est au rendez-vous avec des suspensions revues sur cette génération et une puissance raisonnable mais qui permet tout de même d'en avoir sous la pédale pour une conduite plus dynamique. C'est clairement un choix à privilégier et qui permet en plus de profiter des assistants de conduite les plus performants proposés sur ce modèle (voir 'LE' chiffre).

Kia semble très confiant dans la qualité de cette Ceed, puisqu'il nous a proposé différents ateliers sur circuit. La Ceed n'est clairement pas une GTI, mais l'idée n'était pas ici de battre les records du temps au tour du circuit de kart de Portimao en Algarve (Portugal), mais bien de tester l'agilité et le comportement sain de la compacte. Mission remplie avec en plus du tour à suivre un instructeur à un rythme soutenu, nous avons eu le droit à un stand "évitement suivi de freinage d'urgence sur piste mouillée", bluffant en termes de simulation d'une situation (heureusement) peu fréquente... Les voitures modernes ont fait de réel progrès en termes de distance de freinage et de réaction à des coups de volant in extremis.

La nouvelle Ceed en pleine manoeuvre d'évitement avant un freinage d'urgence sur circuit.
La nouvelle Ceed en pleine manoeuvre d'évitement avant un freinage d'urgence sur circuit. © JB

'LE' truc en plus: Kia, vrai fan de sport

La sonorité du moteur, c'est la bonne surprise sur cette Kia Ceed. En approchant pour la première fois de notre modèle équipé du moteur 1,4 litre essence, on ne s'y attendait pas. Rien de trop bruyant toutefois, vous ne risquez pas de conflit avec vos voisins, mais un son plaisant à l'oreille. Si Kia se prépare aussi à faire son électro-révolution (une version hybride-légère de la Ceed est d'ailleurs prévue pour 2019), la marque coréenne ne renie pas son goût pour le plaisir automobile "à l'ancienne", toujours d'actualité. 

Pour Kia, c'est aussi un moyen de créer une filiation entre cette Ceed et la fabuleuse Stinger lancée l'an denier. Si la comparaison en termes de design pouvait prêter à sourire, cette sonorité fait plus nettement un clin d'oeil à la "GT-R coréenne". Et la marque n'a pas fini de surprendre avec un étonnant "shooting brake", inspiré du joli concept dévoilé l'an dernier, prévu pour la fin d'année. Si Kia met en avant le premier break de chasse proposé par une marque généraliste, on pourra lui objecter avec un brin de chauvinisme que la version SW de la nouvelle 508 peut aussi prétendre à ce qualificatif, dans la catégorie supérieure en termes de taille. A voir lors des essais à venir.

En bonus, la boite automatique DCT7 de la nouvelle Ceed profite d'un bouton "sport". Elle ne transforme toujours pas la Ceed en GTI, mais booste un peu l'accélération et durcit la direction. Mais pour ceux qui voudraient une Ceed la plus "sportive" possible, autant miser sur la boite manuelle 6 vitesses, cette dernière offrant un agrément de conduite finalement plus prononcé que l'automatique en mode sport.

Un pot unique à l'arrière, qui cache bien le jeu de cette Ceed
Un pot unique à l'arrière, qui cache bien le jeu de cette Ceed © Kia

'LE' chiffre: 2

Comme le niveau de conduite autonome de cette nouvelle Ceed, particulièrement mis en avant par Kia. En activant le suivi des lignes de la route (qui fonctionne bien, précision importante car ce n'est pas toujours le cas) et le régulateur de vitesse adaptatif, la compacte assurera l'essentiel niveau trajectoire et rythme du trajet, un vrai plus sur les longs trajets d'autoroutes ou sur les périphériques bien encombrés des grandes villes.

Pour ce dernier aspect plus urbain, le système dispose en effet d'une fonction 'Stop&Go'. Traduction: si l'arrêt est inférieur à 3 secondes, la voiture repart d'elle même. Confortable, mais aussi sécurisant, pour éviter une voiture folle qui se lancerait toute seule après un plus ou moins long moment d'immobilisation. Il suffit d'appuyer à peine sur la pédale ou d'enfoncer un bouton sur le volant pour faire repartir sa Ceed. Une sorte de coup d'éperon sur un cheval bien dressé.

L'ambiguïté reste alors de parler de conduite autonome de niveau 2, ce qui n'est pas faux en soit. Sauf que personne ne vendrait sa Peugeot 206 en précisant qu'il s'agit d'une voiture autonome de niveau 0. Une astuce marketing, joueur sur l'échelle des niveaux d'autonomie, qui cache une réalité pourtant pas si honteuse: la Ceed maîtrise bien le suivi des lignes et peut adapter sa vitesse à celle du véhicule de devant, mais difficile de parler de "voiture autonome". Il va pourtant falloir s'habituer à ces errements marketing en terres technologiques : Carlos Ghosn a par exemple annoncé que la prochaine Clio, attendue pour l'an prochain, sera autonome... sans préciser qu'il s'agira de niveau 2. Autant d'assistances d'aides à la conduite qui se généralisent sur de plus en plus de modèles.

Si la Ceed se positionne dans un segment un cran supérieur, il sera intéressant de voir à quel prix Renault vendra sa "Clio autonome". A ce niveau, le coréen fait assez fort sur le plan du tarif de départ pour une Ceed "très assistée". Il faut partir sur la version équipée du moteur 1.4 de notre essai associé à la boîte DCT7 en "Edition #1", déjà assez richement dotée, et y ajouter le pack "systèmes avancés d'aides à la conduite" à 1000 euros pour un total de 26.590 euros. Une offre compétitive sachant que sur la précédente génération la finition haute représentait environ 70% des ventes de Kia en France.

L'écran qui s'affiche entre les deux compteurs en mode "assisté". L'utilisateur peut toujours régler la vitesse souhaitée et ajuster la distance avec le véhicule de devant.
L'écran qui s'affiche entre les deux compteurs en mode "assisté". L'utilisateur peut toujours régler la vitesse souhaitée et ajuster la distance avec le véhicule de devant. © Kia

Nos version d'essais: Kia Ceed Edition #1 avec la 1.4 essence T-GDi en boite automatique DCT7 et le pack systèmes avancés d'aides à la conduite (environ 27.000 euros avec options) et la même motorisation en boite manuelle BVM6 (26.000 euros avec options)

Julien Bonnet