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Essai - Ford Ranger Raptor, ou le pick-up version dinosaure

Le pick-up de Ford s'offre une version Raptor qui ravira les amateurs de conduite offroad. Avec son moteur diesel puissant, des modes de conduite adaptés aux conditions difficiles et des éléments qui renforcent sa résistance aux chocs, ce Ranger de l'extrême est prêt à défier les éléments. Découverte sur les pistes marocaines, non loin de la ville portuaire d'Essaouira.

Raptor: c'est une grande griffe automobile qui n'avait pas encore montré ses dents en Europe. Ce diminutif de vélociraptor, dinosaure popularisé par les films Jurassic Park, s'est en effet construit son image bestiale en Amérique du Nord.

Depuis 2009, ce nom évocateur désigne la version musclée du pick-up de Ford, le F-150, accessoirement le véhicule le plus vendu aux Etats-Unis. Mais en Europe, et en particulier en France, où la Renault Clio fait figure de best-seller national, Ford commercialise un pick-up de taille un peu plus raisonnable, le Ranger. La génération actuelle, lancée en 2012, devient ainsi le premier modèle à recevoir ce badge prestigieux.

Le Ranger Raptor reçoit une grille de calandre inspirée de celle du F-150 Raptor américain.
Le Ranger Raptor reçoit une grille de calandre inspirée de celle du F-150 Raptor américain. © BFM Auto

Mais pourquoi le Ford Ranger Raptor?

En tant que best-seller de la catégorie en Europe (50.000 ventes l'an dernier) et en France, le Ranger méritait bien sa version Raptor. Une manière aussi pour la division Ford Performance d'ajouter un nouveau membre à une famille nombreuse. De l'ultime Ford GT aux modèles en simples finitions ST-Line, en passant par les ST (pour la Fiesta et bientôt la nouvelle Focus), les RS et bien sûr la mythique Mustang, la marque américaine veut satisfaire ceux qui en veulent un peu plus, ou tout simplement beaucoup, sous la pédale de droite.

Sur le Ranger, l'expérience est plus originale mais elle a le mérite de faire venir sur les terres du Vieux continent ce grand nom. Avec une note un peu salée renforcée par un malus maximal (voir LE chiffre), pas sûr que le succès soit au rendez-vous. Mais en attendant, voyons ce que nous réserve l'un des premiers pick-up sport vendu en Europe que nous avons pu essayer sur les pistes marocaines, près d'Essaouira.

L'ovale bleu à l'arrière: on aurait préféré le logo Ford en larges lettres comme sur son grand-frère américain.
L'ovale bleu à l'arrière: on aurait préféré le logo Ford en larges lettres comme sur son grand-frère américain. © JB

Au volant

Dès le premier coup d'oeil, ce Raptor fait forte impression. Le gros joujou de 2,5 tonnes, 5,36 mètres de long fait vraiment figure de "petit" Monster Truck ou de Micro Machine taille XXL.

A l'avant, le traditionnel ovale bleu a laissé place aux lettres Ford, en noir mat, posées au centre d'une calandre monumentale de la même couleur. Par rapport au modèle d'origine, on note ainsi de nombreux détails supplémentaires avec des badges Raptor à l'extérieur comme à l'intérieur et des dimensions un peu plus importantes. Il est ainsi un peu plus large (+1,7 cm) et plus long (+4,4 cm ) et plus haut, en particulier avec une garde au sol relevée de 5,1 cm.

Petit regret toutefois : contrairement au F-150 Raptor qui affiche un "FORD" en larges lettres à l'arrière, ce Ranger Raptor conserve lui l'ovale bleu, ce qui casse un peu l'effet "too much" qui donne tout son charme à ce véhicule hors-norme.

En montant à bord la première fois, la position de conduite donne plutôt l'impression d'être au volant d'un camion. Comme le public se tourne massivement vers les SUV pour dominer la route, avec la généralisation de ce type de carrosserie, le pick-up taille géant est peut-être un segment d'avenir! Mais où cette course à la hauteur va-t-elle s'arrêter?

Sous le capot, on retrouve un moteur 2 litres bi-turbo de 213 chevaux et 500 Nm de couple. Ce bloc est associé à une boite automatique 10 vitesses qu'on retrouve sur les Mustang et F-150 Raptor, de solides références. Avec un châssis renforcé, un système d'amortissement et de suspensions prêts à encaisser tous les chocs et des modes de conduite adaptés à toutes les situations (voir LE truc en plus), ce Ranger Raptor est donc prêt à affronter de nombreux obstacles naturels.

Lors de notre essai, nous avons pu franchir sans trop de difficultés d'imposantes dunes de sable, traverser de vastes terrains rocailleux ou rouler à fond sur des plages désertes. Le gros jouet se révèle ainsi très amusant à conduire.

A l'intérieur, on retrouve un aménagement de la planche de bord se rapprochant d'un Ford Edge, avec un écran tactile au centre et un petit écran au centre des compteurs. L'ensemble accuse un peu le poids des années, si on compare avec ce qui se fait désormais depuis les dernières Fiesta et Focus, mais reste tout de même assez moderne et confortable d'utilisation, avec notamment Carplay et Android Auto pour une connectivité poussée avec le smartphone.

Le Ranger Raptor est uniquement proposé en double cabine, ne lui permettant pas d'échapper au malus.
Le Ranger Raptor est uniquement proposé en double cabine, ne lui permettant pas d'échapper au malus. © JB

LE truc en plus: Costaud mais intelligent

Au-delà de sa motorisation puissante, de ses suspensions spécifiques et de ses nombreuses protections, le Ranger Raptor se veut aussi intelligent. Les modes de conduite comme boue-sable, rochers, herbe-graviers-neige permettent ainsi aux débutants de faire face aux obstacles de la nature et d'ajouter des comportements moteurs spécifiques. La réaction à l'accélération est modifiée, sur du sable par exemple: concrètement, même en appuyant fort sur la pédale, la voiture adaptera son effort pour éviter que les roues ne creusent dans le sol meuble, évitant ainsi de se retrouver coincé.

Un dernier mode de conduite, baptisé "Baja", rend hommage aux courses qui se déroulent dans le désert du même nom, avec un rallye-raid célèbre qui se tient depuis 1967 dans le nord ouest du Mexique. En l'activant, on peut profiter d'une puissance maximale pour se déplacer hors des sentiers battus à toute vitesse.

Le Baja mode permet de profiter d'une puissance de voiture de rallye-raid.
Le Baja mode permet de profiter d'une puissance de voiture de rallye-raid. © BFM Auto

Le chiffre : 223

Avec 223 grammes de CO2/km, l'achat d'un Raptor neuf devra s'accompagner du paiement du malus maximal, c'est à dire 10.500 euros. Une somme qui s'ajoute donc au prix du véhicule qui vient chapeauter la gamme Ranger. Le tarif minimum: 56.550 euros, soit plus de 68.000 euros malus inclus.

Certes cette version intègre de nombreuses options mais il faut donc disposer d'un budget conséquent. Et pas question d'échapper au malus comme les Ranger classiques. Ces derniers sont aussi commercialisés en version simple cabine, avec seulement les deux places à l'avant, ou en version 4 places, avec deux strapontins à l'arrière, ce qui permet de s'affranchir de la surtaxe en étant encore considéré comme des utilitaires. Depuis cette année, les pick-up double cabine, seule configuration proposée sur le Raptor, sont en effet aussi soumis au malus écologique, mettant fin à une exception qui avait fait polémique.

Avec un prix plus que doublé par rapport au Ranger de base qui démarre à un peu plus de 28.000 euros et des capacités qui dépassent les attentes de la clientèle européenne, difficile d'imaginer que ce Raptor connaîtra un grand succès. Mais il rentre à coup sûr dans la catégorie de ces versions extrêmes qui permettent de renforcer l'image d'un modèle. De quoi sans doute permettre au Ranger de rester le best-seller des pick-up en France et en Europe encore un certain temps.

L'intérieur n'est pas de dernière génération mais dispose tout de même de fonctions modernes.
L'intérieur n'est pas de dernière génération mais dispose tout de même de fonctions modernes. © BFM Auto
Notre modèle d'essai: Ford Ranger Raptor, couleur "Performance Blue", avec moteur diesel bi-turbo de 213 chevaux
Julien Bonnet, avec Essia Lakhoua