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Essai – Ford Mustang Bullitt, pourquoi elle est encore plus méchante

Pour célébrer le cinquantième anniversaire du film éponyme, Ford sort une série spéciale de la Mustang, la Bullitt.

Pour célébrer le cinquantième anniversaire du film éponyme, Ford sort une série spéciale de la Mustang, la Bullitt. - BFM

Pour le cinquantième anniversaire du film avec Steve McQueen, et une Mustang, Ford sort une série spéciale éponyme, produite seulement en 2018 et 2019.

La Ford Mustang Bullitt pourrait servir de baromètre du taux de bonheur national. Pouces levés à son passage, rugissements de motos, grands sourires, s'installer plusieurs heures à son volant ressemble à une distribution géante de Prozac. Un Prozac musculeux, vert foncé et sans logo. Cette Mustang apparaît bien "mean" (méchante), comme le confie le directeur ingénierie monde et Mustang de Ford, Tom Barnes. Elle se veut surtout un hommage au film auquel elle doit son aura depuis cinquante ans.

L'édition 2018 de la Bullitt, à côté d'une Ford Musatng GT de 1967, aux détails rappelant la Mustang utilisée par Steve McQueen dans Bullitt.
L'édition 2018 de la Bullitt, à côté d'une Ford Musatng GT de 1967, aux détails rappelant la Mustang utilisée par Steve McQueen dans Bullitt. © Ford

Mais pourquoi ... la Ford Mustang Bullitt?

Cette série spéciale revêt presque le costume de la tradition chez Ford. C’est en effet la troisième fois que le constructeur américain propose une Mustang Bullitt, après les éditions 2001 et 2008. Avec toujours les mêmes caractéristiques, c’est-à-dire celles de la voiture du film. La Mustang Bullitt version 3 ne déroge pas à la règle, c’est donc une fastback, soit un coupé. Elle se pare bien entendu d’une robe Dark Highland Green, qui fait ressortir le bosselé du capot, comme celui des ailes arrière. Dans l’habitacle, le pommeau de levier de vitesses prend la forme d’une boule de billard blanche "façon bakélite", comme le décrit Ford.

Devenus des éléments inédits, ces détails n’étaient pourtant à l’époque que des équipements au catalogue de la Mustang. Sauf un: l’absence de cheval sur la calandre. C’est d’ailleurs cette absence qui suscite le plus de regards de passants, souvent interrogateurs. Le logo mustang ne se retrouve plus que sur l’écran central, et sous la forme d’un rétro-éclairage, à l’ouverture des portières, un choix que n’aurait peut-être pas validé Steve McQueen. L’acteur a en effet insisté pour faire disparaître des voitures l’écusson du poney, suite à la brouille avec Ford lors des préparatifs du tournage.

Les logos de Ford et de la Mustang n'apparaissent presque nulle part sur cette série spéciale. Un badge "Bullitt" les remplace.
Les logos de Ford et de la Mustang n'apparaissent presque nulle part sur cette série spéciale. Un badge "Bullitt" les remplace. © Ford

Le statut que doit la Mustang au film Bullitt justifie pour Ford l’arrivée d’une nouvelle série spéciale, cinquante ans pile après la sortie du film aux Etats-Unis le 17 octobre 1968. Le constructeur a aussi mis en avant Sean Kiernan, l’actuel propriétaire de l’une des deux voitures utilisées dans le film. Même si la série spéciale est plus chère [voir ‘LE’ chiffre ci-dessous] et bien entendu limitée en nombre d’exemplaires, Ford se défend d’inciter à la spéculation.

"Nous ne craignons pas que des consommateurs les achètent pour faire monter les prix, précise Tom Barnes, directeur ingénierie véhicules monde et Mustang chez Ford. La Mustang est une voiture spéciale, une voiture cool, conduite dans un super film par un gars cool, Steve McQueen. Il existe une communauté de fans, et elle arrive avec une nouvelle grille pour lui donner une face avant différente, ce vert magnifique, des supriqures vertes sur les sièges, et surtout 10 chevaux supplémentaires, ce qui justifie un prix un peu élevé".

Depuis trois ans, la Mustang s’affiche comme "le coupé sportif le plus vendu dans le monde", un effet de la décision de Ford de la commercialiser directement dans ses concessions dans 146 pays. Or, aux Etats-Unis au printemps, les ventes reculaient de presque 9%. Une telle série spéciale permet alors d’entretenir l’image et l’intérêt autour de la Mustang.

Le directeur ingénierie véhicules monde et Mustang chez Ford, Tom Barnes, en plein examen du V8 5 litres de la Mustang.
Le directeur ingénierie véhicules monde et Mustang chez Ford, Tom Barnes, en plein examen du V8 5 litres de la Mustang. © BFM

Au volant

Si les sourires apparaissent à sa vue, on a également la banane derrière le volant. Le V8 5.0 litres rugit toujours aussi agréablement au démarrage, et à chaque rétrogradage de la boîte manuelle 6 rapports. Si elle affiche 10 chevaux de plus (460, au lieu de 450 chevaux), la Mustang Bullitt reste avant la dernière version de la ponycar. Soit une Américaine à la tenue de route européenne [voir ‘LE’ truc en plus ci-dessous].

En ville, son grand gabarit ne joue pas toujours en sa faveur. Mais même à bas régime, la musicalité du V8 s’avère réjouissante. La Mustang s’exprime réellement sur route. Si elle peut parfois surprendre, sa tenue de route grandement améliorée lui permet de coller aux trajectoires dans les virages. Elle en ressort avec efficacité, même si on regrette la boîte automatique de notre essai de la version classique, encore plus efficace. La boite mécanique dispose pourtant d'un système "Rev Matching", "qui permet un double débrayage motorisé, et optimise les changements de rapports". Conclusion: sur une boîte auto, il n’y aurait pas de pommeau de levier de vitesse en boule de billard. Cela n’aurait pas fait assez Bullitt.

La face avant mythique des Mustang Bullitt.
La face avant mythique des Mustang Bullitt. © Ford

"LE" truc en plus: la tenue de route

C’était souvent le reproche fait aux Américaines : leur tenue de route uniquement appropriée aux lignes droites. Ford a entendu cette critique, et la Mustang peut presque désormais se targuer d’un comportement d’allemande. Le rugissement du V8 en plus. Malgré un poids minimum dépassant les 1.800 kilos, pour 4,78 mètres de long, ce grand gabarit s’avère maniable, et plus précis. Elle colle beaucoup mieux à la route dans les courbes, même si l’entrée dans certains virages serrés s’avère plus hasardeuse. Ce qui faisait son charme avant, et le fait encore aujourd’hui au final.

"LE" chiffre: 7.000 euros

C’est en euros la différence de prix entre une Mustang fastback GT classique, et la version Bullitt. L’absence de logo à l’avant, et l’ADN de voiture de collection pour les fans, peuvent à la rigueur justifier un tel tarif, vu le look du coupé. Mais en dehors d’un petit surplus de puissance en plus, cette Mustang n’est en rien différente à l’excellente Mustang GT au catalogue. Si vous n’êtes pas fan de Steve McQueen, la version classique est peut-être plus judicieuse. Cette année de toutes façons, impossible de commander cette série spéciale. Tous les exemplaires alloués au marché français, 90 au total, ont tous été vendus.

La Mustang Bullitt ait aussi proposée en noir. Pas sûr que Steve McQueen ait apprécié.
La Mustang Bullitt ait aussi proposée en noir. Pas sûr que Steve McQueen ait apprécié. © BFM
Notre modèle à l’essai: Ford Mustang Bullitt dotée du V8 5.0 de 460 chevaux, avec une boite manuelle 6 rapports, au tarif de 54.900 euros
Pauline Ducamp